De la nuit du lundi au mardi, les coins et recoins de la ville ont été placés sous haute surveillance des forces de l’ordre et des éléments suréquipés de la force anti terroriste. On aurait cru à une attaque terroriste imminente. Pourtant, il n’en était rien. Il s’agissait des préparatifs pour la prestation de serment d’IBK II.
De mémoire de Maliens, rarement une prestation de serment aura été aussi sécurisée et filtrée. L’on évoquera à souhait la menace terroriste qui plane sur le pays. Mais, un meeting sur la place du cinquantenaire n’est pas plus sécurisé que l’enceinte du Palais de la Culture. Et pourtant.
La forte mobilisation des forces de l’ordre et des forces anti terroristes à travers la ville la veille et le jour de la prestation de serment d’IBK II était symptomatique de la panique et même de la peur de la part du régime ? Reconnu victorieux par la Cour Constitutionnelle, félicité par des Chefs d’État étrangers, élections jugées « crédibles » par les observateurs internationaux, qu’est-ce qui pouvait bien faire courir le régime au point de déployer une force qui serait capable de libérer des villes entières où les élections n’ont pas pu se tenir à cause des menaces et attaques terroristes. La sécurisation d’une prestation de serment est-elle plus importante que le vote des citoyens des villes sous le joug des terroristes ? Faut croire que oui. Mais de quoi avait réellement peur le régime ? On ne le saurait le dire. Puisqu’il a les renseignements généraux avec lui et la sécurité d’État capable à tout moment d’opérer même sans mandat. Paul Ismaël Borro et son codétenu ne nous le démentiront pas.
Cérémonie filtrée
La prestation de serment est d’abord adressée aux populations maliennes et au monde entier. La salle Bazoumana ne pouvant contenir tout ce beau monde, la presse est le canal d’excellence pour atteindre tout le monde. Mais, les mesquineries des communicateurs pardon communicants de Koulouba ont fait que nombre de médias n’ont pas eu de badges pour couvrir une cérémonie institutionnelle d’une telle envergure. Au même moment, des copains, partisans et camarades animateurs de page Facebook à la solde du prince bénéficiait des accréditations « presse » au détriment de la presse elle-même. C’est aussi ça le début d’un quinquennat qui se veut la continuité d’un autre qui s’achève. Rien de nouveau sous les cieux. Des médias « blacklistés » tout simplement parce qu’ils ne chantent pas les louanges d’IBK et de sa cour. Rien que ça.
Au moment où la presse était indésirable, les « rats de palais » les partisans zélés, drapés dans de gros boubous amidonnés s’adonnaient à un défilé de « m’as-tu-vu ». C’était qui porterait le plus gros boubou.
Si IBK II a tenu de nombreuses promesses lors de son discours d’investiture tendant à faire croire à un changement de gouvernance, les attitudes (déploiement injustifié des contingents entiers) et les comportements (le mépris des professionnels de la presse au profit des copains et coquins) sont contraires aux mots. Comme le dit si bien un adage, il faut plus se fier aux actes d’un Homme qu’à ses paroles mielleuses. L’on sait désormais à quoi s’en tenir.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT