La cérémonie d’investiture du nouveau Président de la Transition, Assimi Goïta, hier lundi 7 juin, au CICB a mobilisé un beau monde. Hommes politiques, leaders de la société civile, et responsables signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale étaient tous au rendez-vous. Nous leur avons tendu le micro.
« Ce que je retiens, c’est l’espoir. Nous vivons dans l’espoir et nous avons des chances d’accéder à travers la volonté des hommes, mais par la volonté de Dieu, d’abord, à ce Mali que nous cherchons désespérément à avoir, c’est-à-dire un Mali d’unité, de travailleurs, de vérité, pas de mensonges, pas de rumeur, pas de désorganisation, pas de querelles inutiles ; un Mali uni autour de l’essentiel. L’occident se rappelle que la force qu’elle a aujourd’hui, il l’a eue de ses armées, de ses militaires. La réputation, la grandeur, la valeur, ce sont des militaires, les hommes de tenue qui leur ont donné résultat et ce n’est pas venu d’ailleurs. Nous aussi, nous avons connu des royaumes et des empires, donc la référence à ces grandeurs, à ces valeurs, qui nous rendent fiers aujourd’hui. Qui nous permettront de nous projeter dans l’avenir. Aucun peuple ne peut être en Afrique ni ailleurs aussi glorieux que le peuple malien dans son unité. Aucun peuple, et nous sommes fiers d’être Maliens ».
MODIBO KADJOKE, PRESIDENT DE L’APM-MALIKO : « Nous voulons que ça soit, cette fois-ci, un bon départ »
« Ce qu’on peut retenir, c’est un nouveau départ. Un nouveau départ, nous voulons que ce soit, cette fois-ci, un bon départ. Un gouvernement qui va être le plus inclusif possible. Un gouvernement qui va faire aussi face aux tâches essentielles. Il y a beaucoup de choses à faire, on ne peut pas tout faire. Je pense qu’il faut faire la part des choses, revoir le programme et s’attaquer aux choses les plus importantes. Il faut organiser l’élection présidentielle dans le délai, il faut certainement organiser les législatives dans le délai. Il faut s’attaquer aux réformes et nous sommes à 60 ans d’indépendance avec beaucoup d’instabilités institutionnelles, beaucoup d’instabilités politiques, beaucoup de coups d’Etats. Il faut que ce coup soit le dernier.
Nous devons travailler pour que ce qui est à la base de ces soubresauts puisse disparaître définitivement. Cela nous demande de nous ressembler, donc, je pense que le premier ministre et le président de la transition vont faire en sorte que tous les Maliens soient impliqués dans la gestion de l’Etat pour qu’on puisse traiter les questions que j’ai évoquées tantôt sans oublier le problème de l’insécurité. Il faut réellement qu’on traite le problème de l’insécurité dans notre pays et qu’on se mette sur la voie du développement pour de bon, sans coup d’État, ni instabilités politiques, avec des élections crédibles ».
OUSMANE BENFANA TRAORE, PRESIDENT DU PCR : « On ne peut pas tenir les délais de la transition »
Je suis libéral, je suis pragmatique. C’est impossible de respecter le délai de la transition! Maintenant, qu’est-ce qu’il faut faire ? C’est là où il faut plutôt analyser. Rester parfois dans le positionnement crée souvent des problèmes. Si vous continuez à dire oui, on va faire dans huit (8) mois, sept (7) mois, on se piège parce que tout le monde sait qu’à l’état d’avancement de la réforme de nos textes, les défis énormes de la sécurité.
Quand nous regardons, aujourd’hui, ils sont en train de rentrer dans ce qu’ils appellent encore un »redécoupage du territoire’’. Quand on voit tout çà, associé au problème de syndicat, l’école, le problème de santé et tout ce qu’on a comme difficultés avec également l’état de la Transition. On vient de faire une crise dans la Transition. Vous êtes convaincus qu’on peut encore tenir le même délai ?
Pour moi, il faut être logique avec soi-même, on ne peut pas tenir les délais. Et ça, on doit le dire tôt. On doit commencer plutôt à s’organiser pour que bien sûr il y ait un autre délai. D’ici encore peut-être neuf (9) mois ajoutés au reste. On peut faire ça. On peut préparer les élections, les organiser. Tous les partenaires quittent le pays, on va être confronté à des difficultés financières parce que la Banque Mondiale est un label c’est comme une signature, tous les Maliens ne le savent pas. Ce n’est pas forcément lié au fonds que tu donnes. C’est dû au fait que leurs présences attirent d’autres. On dira oui, le pays est stable ainsi de suite.
Vous proposez qu’on ajoute du temps à la transition ?
Ecoutez, c’est là où je vais en venir. Au Mali, on n’aime pas souvent la vérité. Au Mali, une fois qu’un groupe n’est pas au pouvoir, ce groupe s’organise pour attaquer celui qui est aux affaires. C’est très malien. Quand vous voyez des contestations permanentes, ça se trouve qu’un groupe qui a participé se retire pour ensuite se réorganiser et attaquer.
Aujourd’hui, si on met une base, une vraie base politique solide avec énormément d’acteurs politiques, ceux-ci peuvent jouer le jeu avec le M5. Il n’y a rien, il n’y a pas de mal en çà. Mais qu’on ouvre la base politique. D’ailleurs les soldats-là sont les soldats des Maliens, ce ne sont pas des soldats d’un camp. Une armée est une armée nationale. L’armée même gagne en crédit, si elle se met au-dessus, si elle comprend qu’il faut plutôt faire en sorte que l’union, l’unité de la classe politique à partir de ce moment peut porter la riposte, peut parler, peut dire voilà nous souhaitons qu’il y ait une prorogation. Mais s’il n’y a pas l’union là, d’autres aussi se retirent et commencent à tirer à hue et à dia.
Dans trois mois ou quatre mois, si la base n’est pas forte, ils vont déstabiliser encore ce même gouvernement-là. Et on revient encore vers une crise. Il faut élargir la base et d’ailleurs, on a un exemple : le Président Diouncounda quand il a amené Diango, il a élargi la base, beaucoup de personnes ne se rappellent pas, c’est ce qui a fait qu’il est resté tranquille, sinon il n’allait pas résister. Il y a eu le premier chahut avec Cheick Modibo. Donc, il faut élargir la base politique de la Transition ; EPM, ARP et ADEMA, ASMA, le M5-RFP bien sûr. On peut leur confier un certain nombre de ministères. Quand la base est élargie, la Transition se stabilise en ce moment, la classe politique prend la parole, peut donner l’onction, peut accompagner et ça va aller. »
Propos recueillis par Ousmane Morba
Source : L’Observatoire