Lundi 30 juillet 2018, les Zimbabwéens étaient aux urnes pour élire un nouveau président et tourner définitivement la page de l’ère Mugabe. Un scrutin de taille et une exception dans l’histoire de cette nation qui rêvait pendant 37 ans d’une telle élection démocratique.
Le lundi 30 juillet 2018 a constitué pour le Zimbabwe une date exceptionnelle. Elle est marquée par un phénomène qui fait penser aux heures des indépendances dans maints pays africains. En effet, on a l’impression que la population zimbabwéenne vient d’acquérir son indépendance ce lundi. Il s’agit bien d’une indépendance, mais d’une « seconde indépendance ». Après 37 ans de règne sans partage, nous savons qu’un coup d’État militaire a renversé en novembre 2017 le président Robert Mugabe. Ce coup d’État a fait souffler un vent nouveau au Zimbabwe, celui de la démocratie. Dès lors, c’est Emmerson Mnangagwa qui gouverne le navire. Le renversement de ces 37 ans de dictature a énormément émerveillé la population. Cela a beaucoup contribué à la mobilisation lors de cette élection où le taux de réussite a environné les 75%. Une première dans l’histoire de ce pays. Chacun veut voir régner un jour nouveau où des solutions appropriées seront apportées afin de résoudre le taux de chômage qui avoisine les 90%.
Si cette élection a émerveillé la population, il faudrait noter également qu’elle reste animée par une crainte. Cette crainte se justifie par le bras de fer qui est en phase de s’installer entre le président de la transition et l’opposant Nelson Chamisa. En effet, si les premières tendances montraient Emmerson Mnangagwa comme le plus grand favori, alors présentement, celles-ci ont changé et un second tour serait nécessaire afin de départager les deux favoris : Emmerson Mnangagwa et Nelson Chamisa. Ce dernier, depuis hier matin, proclame une « victoire éclatante ».
Rappelons que le président de la transition est un proche du président déchu, Robert Mugabe, pour être d’ailleurs du même parti que lui, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF). Quant à Nelson Chamisa, il fait partie du principal parti d’opposition, Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Tous ces deux ont les mêmes visions du développement du Zimbabwe. Ils entendent tous, une fois au pouvoir, réformer de fond en comble le pays. Cette volonté de changement les anime tous. Cette situation est loin d’être sans crainte, si nous savons qu’il est rare de voir des élections en Afrique se passer sans des échauffourées.
Notons quand même que, pour le moment, tout le processus s’est passé dans la plus grande tranquillité, dans la transparence. Pour une première, la campagne électorale a pu se tenir sans violence, l’opposition a eu droit à des meetings de campagne. L’espoir est grand, mais cela n’écarte pas des esprits quelques craintes quant à l’issue du scrutin.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays