Le guide spirituel de l’Association Ançardine, Chérif Ousmane Madani Haïdara et le Président du Mouvement pour l’Union des Maliens pourraient être des alliés du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta pour la présidentielle du 29 juillet 2018.
C’est du moins une hypothèse mise en avant par l’universitaire français, Joseph Brunet Jailly, dans une importante contribution « La situation politique du Mali à quatre mois de l’élection présidentielle » publiée sur le blog de ‘’Mediapart’’. Lisez plutôt le morceau choisi de cette contribution de l’enseignant chercheur ayant longtemps séjourné au Mali. « C’est seulement en juillet 2017 que l’imam Dicko a été chargé d’aller, cette fois-ci, à Kidal pour y rencontrer tant les notables que les responsables des mouvements armés : là, il n’a pu que constater que la CMA ne voulait pas du GATIA pour administrer la ville. Mais il devait continuer sur Gao et rencontrer le Général Gamou. Et cette fois-ci, la presse a cru pouvoir annoncer, mais longtemps après, que la mission avait effectivement été suivie par un entretien, organisé à Alger par l’ancien premier ministre Abdelmalek Sellal, entre un envoyé d’IBK et Iyad Ag Ghaly lui-même. Toutefois, beaucoup d’observateurs ont été surpris, fin février 2018, de lire une interview du Président IBK dans laquelle il déclarait que Mahmoud Dicko avait reçu ce mandat de l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga (c’est-à-dire : pas du Chef de l’Etat) et poursuivait : « Je l’assume en tant que chef d’Etat, mais j’étais loin de l’approuver. Nous y avons mis fin. »
En réalité, il se pourrait que l’imam Dicko soit chargé de missions officielles pour lui faire oublier que, pour la préparation des prochaines élections présidentielles, c’est Chérif Madani Haïdara qui pourrait être l’allié d’IBK avec Cheick Harouna Sankaré, président du Mouvement pour l’Union des Maliens, récemment constitué (décembre 2016). Car le torchon brûle depuis des mois entre IBK et le chérif de Nioro, soutien du capitaine Sanogo depuis 2012 jusqu’à nos jours, mais rallié à la candidature d’IBK, qu’il a considérablement aidé en 2013. Or, l’imam Dicko a déclaré récemment qu’il suivrait le choix du chérif de Nioro quant au candidat que les autorités musulmanes recommanderont à leurs fidèles en juillet prochain. Cette nouvelle alliance pourra sans doute compter sur Aliou Boubacar Diallo, protégé du chérif de Nioro depuis des années, mais aussi PDG de la société minière Wassoul’Or, ce qui lui donne des moyens, et enfin premier président (2012-2015) du parti ADP-Maliba. Et ce même homme, qui a été un des tout-premiers soutiens d’IBK, au point de se retirer de la compétition pour lui laisser le champ libre et qui se targue aujourd’hui encore d’avoir convaincu le gouvernement de réviser les listes électorales, est désormais candidat aux élections présidentielles. Il vient d’organiser le congrès de son parti à Nioro et y a été notamment reçu par le chérif, comme d’ailleurs le général Sinko, quelques jours plus tard. Les imams et chérifs politiciens révisent donc leurs jeux, réorganisent leurs alliances et beaucoup d’hommes politiques se placent dans leur sillage », analyse Joseph Brunet Jailly.
Des mystères sur leurs positions
Pour le moment, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, n’a pas officiellement affiché son ambition de briguer un second mandat. Partira ou partira pas ? Le Président fondateur du Rassemblement pour le Mali (RPM) hésite à trancher cette épineuse interrogation. Si le Président IBK venait à s’engager dans la course pour sa propre succession, il pourrait compter sur le soutien de Ousmane Chérif Madani Haïdara et de Cheick Harouna Sankaré. En dépit de sa proximité avec IBK, un habitué de ses séances de prêche lors du Maouloud, le guide spirituel de l’association Ançardine, malin qu’il est, refuse de donner publiquement des consignes de vote. Cette fois-ci, Ousmane Chérif Madani Haïdara à qui le chef de l’Etat vient d’offrir 100 hectares, va-t-il franchir le rubicond en donnant publiquement des consignes de vote ?
Guide spirituel de l’association islamique Al-Iman Billah, le jeune maire de la commune rurale d’Ouenkoro depuis 2009 vient de lancer en grande pompe le Mouvement pour l’Union des Maliens (MUM). Cheick Harouna Sankaré surfe entre l’islam et la politique. Ce transfuge du Parti pour la solidarité et le progrès, PSP, ayant séjourné à l’Union pour la République et la Démocratie (URD) avant de prendre son indépendance va s’engager dans la course pour Koulouba. Jusque-là, il préfère faire mystère sur sa position.
Chiaka Doumbia
Le challenger