A 14 mois de la présidentielle prochaine, les loups commencent à sortir du bois. Cette fois-ci, c’est ’une louve féroce, qui mélange société civile et jeu politicien, qui a donné le ton à travers des contre-vérités et l’amalgame sciemment entretenu chez des citoyens moins avertis. On confond, pour les besoins de la cause, une recommandation avec une décision. La première, pour ceux qui ne le savent pas, n’a aucune force exécutoire. C’est un avis, une exhortation, un conseil insistant. Tandis que l’autre est un acte par lequel une autorité décide quelque chose après examen. En droit communautaire, c’est un acte juridique obligatoire pour les destinataires qu’il désigne (Etats ou particuliers).
Mme Sy Kadiatou Sow ne semble pas comprendre que la recommandation de la Conférence d’entente nationale appelant à négocier avec les terroristes ne soit pas actée. Ou le fait-elle sciemment ? Aussi, s’insurge t- elle avec maladresse contre la déclaration du président IBK, qui laisse entendre qu’il ne négociera pas avec les terroristes. La conférence d’entente nationale n’était pas souveraine et ses décisions n’ont aucune force exécutoire. Bamako est donc libre de choisir parmi les recommandations, celles qu’elle estime être bonnes pour la marche du pays.
En fait, la sortie ratée de Mme Sy n’était pas fortuite. Elle procède d’une stratégie de communication et de dénigrement du pouvoir dans la perspective de la présidentielle de 2018. C’est pourquoi, quelques jours après, son époux, est aussi sorti de son mutisme pour critiquer avec plus de rigueur la gouvernance IBK. Il y a, certes, des critiques à formuler, cela est incontestable. Mais, l’on ne peut pas participer à la préparation de la sauce, la boire à satiété, et ensuite venir cracher dedans.
Si un Soumana Sako dénonce, on le comprendrait aisément. Idem pour Modibo Sidibé ou Soumaïla Cissé ou encore le tonitruant Tiébilé Dramé. Ces derniers ont clairement choisi leur camp. Ils ont refusé le compromis et la compromission.
Ousmane Sy est disqualifié pour cette posture de donneur de leçons. On comprend bien qu’il n’ait pas quelque chose à mettre, en ce moment, sous la dent. Qu’il s’assume à l’instar des autres, lui et son épouse, pour militer dans l’opposition politique, puisqu’ils n’ont jamais partagé les décisions du PASJ, mais ils continuent à s’en accommoder. Qu’il suive l’exemple d’Iba N’Diaye, qui a su prendre ses responsabilités. Sinon, venir dire encore, qu’il s’est battu en 2002 pour que l’ADEMA aille à l’opposition contre ATT, et qu’il a été minoritaire, en sa qualité de secrétaire politique d’alors, n’est pas acceptable. Si l’on n’est pas d’accord, on se démet ou on se tait. Pas de demi-mesure. Seul le confort compte. C’est parce qu’aussi son épouse gérait durant l’ère ATT des milliards de FCFA, destinés aux indigents, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
Le couple multiplie les postures pour être, chaque fois, dans les bonnes grâces du futur prince. Sinon comment le ministre Sy s’est retrouvé dans l’équipe Moussa Mara? Lui et son épouse n’étaient-ils pas opposés au soutien de l’ADEMA à IBK ? C’est une longue histoire (nous y reviendrons).
Actuellement, le couple n’a aucune position dans la ruche pour participer à la prise de décision. Cependant, ils se donnent bonne conscience, en anticipant sur des débats et en essayant de jouer au faux héros pour dénoncer à l’avance, ce qui se dessine au niveau de l’instance dirigeante.
Si par extraordinaire, l’alternance se réalisait en 2018, ils sortiront la tête pour dire que : « nous avons aussi critiqué IBK… ». Que non ! Ce n’est pas comme ça. Le double jeu ne pourra plus prospérer pour des acteurs politiques, et ne sera pas toléré, dans l’opposition aussi bien que dans la majorité. Il faut s’assumer dès à présent, pleinement.
Voilà des cadres ADEMA qui hurlent avec les loups, en attendant que d’autres louves et louveteaux sortent du bois.
Chahana Takiou
22 Septembre