Le parti traverse aujourd’hui de sérieuses difficultés consécutives aux discussions en cours dans le cadre du processus de désignation de son candidat à l’élection présidentielle de 2018. Depuis des mois, différents scénarii sont mis en œuvre et la situation tarde à se décanter. Finalement, le comité exécutif a été contraint de procéder à appel à candidature pour la candidature du parti. Déjà, six dossiers sont sur la table de la commission chargée du dépouillement des candidatures. Il s’agit, pour les plus sérieux, des dossiers de Dioncounda Traoré, de Dramane Dembélé, de KalfaSanogo, de Moustapha Dicko….
Si pour beaucoup de cadres et militants ADEMA, Dioncounda Traoré serait le seul à pouvoir maintenir la cohésion et l’unité au sein du parti, à travers sa candidature à la prochaine présidentielle, et compte tenu du caractère consensuel inclus dans les critères par le comité exécutif, d’autres persistent et signent : le jeu doit être ouvert pour donner la chance à tout le monde ! Or, il se trouve que Dioncounda lui-même n’a jamais fait mystère de sa position sur le sujet : il n’est pas disposé à suivre les chants de sirène, encore moins se présenter contre IBK ! Le lien avec IBK serait donc ce qui crée aujourd’hui un dilemme cornélien aux Adémistes. Certains, et pas des moindres, étant engagés pour soutenir le Président IBK dès le 1er tour de la présidentielle, tandis que d’autres tiennent mordicus à ce que le parti ait son propre candidat, parmi lesquels on retrouve le maire de Sikasso, KalfaSanogo, et l’ancien ministre Dramane Dembélé, qui se sont du reste, tous, deux déclarés candidat pour être le porte-étendard de l’ADEMA en juillet prochain ! A ceux-ci s’ajoutent désormais l’ancien ministre Moustapha Cissé, Abdoulaye Pona et Mahamadou Koné… L’honorable Yaya Sangaré, pionnier parmi ceux qui ont été les premiers à ouvrir la brèche contre la direction du parti pour l’ouverture du processus de désignation du candidat de l’ADEMA à la présidentielle de 2018, est depuis devenu un fervent défenseur de la candidature à l’interne. On se souvient aussi de sa sortie au vitriol laissant transparaitre le doute sur la bonne foi des premiers responsables du parti, lesquels, a-t-il laissé entendre, ne semblent aujourd’hui « rouler » que pour eux-mêmes ! « La pression est forte sur les responsables du parti pour éclaircir leur position quand on sait que le président et son 1er vice-président sont tous membres du gouvernement, que l’Adema accompagne le président IBK depuis son accession au pouvoir en 2013 et que les abeilles sont entièrement comptables du bilan actuel. Au regard du compagnonnage, le parti a des rapports de respect, d’amitié, et de loyauté avec le Président. Mais force est de constater qu’au cours de ce compagnonnage, les militants ont été sevrés, les cadres désabusés par le parti au pouvoir. Le choix des cadres à des postes de responsabilité a été fait sans consultation du parti, ce qui a parfois créé de profonds malaises au sein des militants », avait-il indiqué dans une tribune. Pour lui, l’ADÉMA doit prendre ses responsabilités historiques en toute conscience sur la base des aspirations de ses militants et dans l’intérêt du peuple souverain du Mali, et se préparer en conséquence au face-à-face avec le candidat du RPM qui, dans l’ordre normale des choses, ne peut-être que le Président IBK. « Et pourtant, si le parti s’y engage (Ndlr : la bataille présidentielle s’entend), ce sera pour gagner. Il faut oser tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps-à-corps le destin, affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête. Et les militants ne s’arrêteront pas en chemin. Ils vont renverser la table. Dans cette bataille qui débute peut-être, notre véritable adversaire pour ce combat sera l’indifférence et la nonchalance de nos premiers responsables… Malgré l’estime et le respect que nous avons pour IBK, un vrai homme d’Etat, le peuple malien vient de remettre entre nos mains tous les atouts pour être un parti avant-gardiste pour défendre ses intérêts spoliés par une cohorte d’hommes et de femmes parvenus au pouvoir, affamés… Nous avons maintenant le devoir de convaincre tout le pays pour entretenir cette flamme. Pour cela, il faut vaincre l’immobilisme, l’arrogance, le mépris et la démagogie. Sinon c’est la faillite. Nous avons des hommes de valeur… ». Dans tous les cas, on voit bien que le dossier Dioncounda Traoré est là. Est-il donc candidat ? En tout cas, ce n’est pas un fait du hasard si son dossier s’est retrouvé dans le lot des prétendants à la candidature de l’ADEMA-PASJ ! Qui va l’emporter ? On n’en saura un peu plus dans les jours à venir !
Salif Diallo
Par Le Matinal