Plusieurs milliers de partisans de l’opposition ont une nouvelle fois manifesté lundi au Kenya pour réclamer des réformes en amont de l’élection présidentielle du 26 octobre, organisée après l’invalidation du scrutin du 8 août.
Le rassemblement le plus important a réuni, selon un journaliste de l’AFP, quelque 3.000 personnes à Kisumu, un des bastions du leader de l’opposition Raila Odinga dans l’Ouest du Kenya, qui a obtenu le 1er septembre l’annulation par la Cour suprême de la réélection du président Uhuru Kenyatta.
Le rassemblement s’est dans un premier temps déroulé dans le calme puis la police est intervenue, faisant usage de gaz lacrymogènes.
A Nairobi, environ 2.000 personnes se sont mobilisées dans un parc du centre-ville, où plusieurs leaders de la coalition d’opposition Nasa se sont relayés au micro pour réclamer de nouveau un remaniement en profondeur de la Commission électorale (IEBC).
A Machakos, à environ 60 km au sud-est de Nairobi, les forces de l’ordre ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes un groupe de manifestants de l’opposition.
A Mombasa (sud-est), le rassemblement a réuni quelques dizaines de personnes à peine, sans doute en raison de la présence dans la deuxième ville du pays du président Uhuru Kenyatta, en pleine campagne pour le scrutin du 26 octobre.
Depuis l’invalidation du scrutin par la Cour suprême, l’opposition ne fait quasiment pas campagne, estimant en substance qu’il est inutile d’organiser des meetings pour une élection qu’elle menace de boycotter si ses exigences ne sont pas satisfaites.
“Nous avons dit et nous continuons de dire que nous ne participerons pas à cette élection si l’environnement n’est pas propice à un scrutin libre et transparent”, a répété lundi Raila Odinga, 72 ans, lors d’une conférence de presse à Nairobi.
Ce dernier a dénoncé les manoeuvres du président Kenyatta et de son vice-président William Ruto visant à débaucher des responsables politiques de l’opposition. Dimanche, un ex-sénateur d’opposition, Hassan Omar, a ainsi officiellement fait allégeance au camp présidentiel, Raila Odinga accusant son rival de monnayer ces défections.
Les responsables de l’opposition ont également dénoncé un projet de modification de la loi électorale porté par des députés du parti au pouvoir. Le sénateur d’opposition James Orengo a prévenu que si le texte était adopté – ce qui pourrait être le cas dès mercredi – cela équivaudrait “à une déclaration de guerre”.
Le parti présidentiel fait pour le moment la sourde oreille aux protestations de l’opposition et d’une partie du corps diplomatique lui demandant de renoncer à ces amendements destinés, selon l’opposition, à couvrir de nouvelles fraudes.
(©AFP / 09 octobre 2017 15h38)