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Présidentielle 2022 : Le leurre des milliardaires

Le puissantissime président directeur général de la société ‘’Cira’’, Seydou Mamadou Coulibaly est en train de se laisser aller à une véritable théorie de leurre. La fortune qu’il a réussie à amasser ne lui ayant pas suffi, il lorgne Koulouba. C’est un merveilleux projet, mais la richesse est une chose et le pouvoir en est une autre. Savoir la nuance entre ces deux vocables aidera le fortuné Seydou Coulibaly à se ressaisir afin d’éviter des surprises désagréables.

 

Bien avant la publication des dates de prochaines joutes électorales, les hommes politiques avaient déjà entamé la pré-campagne. Les conférences régionales du Rassemblement pour le Mali (RPM) ont défrayé la chronique dans ces derniers temps.

Le président de l’Alliance pour la solidarité et la démocratie- Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP), Soumeylou Boubèye Maïga avait, lors d’une grande rencontre de la jeunesse du parti, engagé les militants à aller vers les électeurs. Le président de Yelema, Moussa Mara ne partage pas ses mosquées avec un autre leader politique au Mali.

« Jigiya Kura » dont le peloton de tête est tenu par Housseini Amion Guindo envoie un signal fort d’une réelle volonté de mobilisation de monde. Aussi l’Union pour la république et la démocratie (URD) vient de se manifester à travers sa jeunesse.  Des mouvements naissent pour soutenir des candidatures. C’est dire déjà que le vin électoral est tiré il y a longtemps et les politiques sont en train d’en boire.

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point », disait Jean de la Fontaine. Pour se conformer à cette idée du fabuliste français, Seydou Coulibaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, organise un show à Mopti pour lancer son mouvement politique « Benkan » après la poudre aux yeux avec « Maliens tout court » à Tombouctou sous la coupe du PDG des usines Stones, Ibrahima Diawara.

« Benkan », trop mince à côté de vieux partis costauds

Le mouvement « Benkan » est très frais dans le landernau politique malien pour batailler contre les grandes formations politiques dont les leaders sont plus coriaces. Car l’expérience a montré que pour accéder à Koulouba de façon démocratique, il faut avoir un parti bien implanté ou avoir une popularité historique irréprochable. Seydou Coulibaly doit savoir que lancer un mouvement tout de suite et accéder au pouvoir est comme prendre un chiot et l’envoyer à la chasse le même jour. C’est l’échec consommé !

« Benkan » n’est nullement comparable aux partis politiques d’une longévité incontestable. Il s’agit de l’Adema-Pasj et ses ‘’enfants fâchés ‘’.  L’Adema qui a porté Alpha Oumar Konaré au pouvoir a vu le jour en 1991 à la chute de l’ancien président Moussa Traoré. Le RPM fut porté sur les fonts baptismaux en 2001 par Bocari Tréta. Soumeylou Boubèye Maïga a lancé l’Asma-CFP le 14 juin 2013. En juin 2003, Soumaïla Cissé crée l’URD.

La Codem de Poulo a fait son apparition sur la scène politique le 24 mai 2008 et Yelema de Moussa Mara a été créé en juillet 2010. En comparaison à ces formations politiques, le mouvement « Benkan » qui vient de naître le 14 avril dernier n’a pas la carrure « d’écrire une nouvelle page de l’histoire du Mali », comme Seydou Coulibaly a prétendu faire devant ses sympathisants massés en violation des mesures barrières contre le Covid-19. C’est ainsi que le patron de Cira veut servir le Mali à travers « un nouveau pacte citoyen ».

Le pouvoir n’a pas de prix

Revenons à l’argent qui fait vibrer plus d’un car c’est le nerf de la guerre. Dans un pays pauvre comme le Mali, ‘’un capitaine ‘’ de l’économie malienne et du rang de Seydou Coulibaly doit-il attendre son accession au pouvoir pour servir sa nation ? Seydou doit savoir que les Maliens ont assez des slogans creux après l’expérience qu’ils ont vécue avec IBK. Ce dernier ne cachait pas que les Maliens l’ont mis sur orbite. Et le ‘’Mali d’abord’’ aurait fait place à ‘’ma famille d’abord’’.

Dans l’histoire des présidents du Mali, aucun n’a accédé à la colline du pouvoir avec le milliard. En tout cas, aucune déclaration de biens ne l’a révélé. L’ancien président de Côte d’Ivoire, Laurent Bagbo, a été on ne peut plus clair là-dessus. Pour ce dernier, celui qui veut être président, ne doit pas chercher de l’argent pour le devenir. Il ne s’agit même pas d’avoir des milliards pour être un bon président. Pour exemple récent, Aux Etats-Unis, Donald Trump a perdu son second mandat à cause de ses attitudes contraires à la démocratie. Ce qui sous-entend que le pouvoir n’est pas milliardaire.

Si l’exemple d’ATT l’inspire, que Seydou se désillusionne rapidement et cherche à changer de fusil d’épaule. ATT était un soldat qui a brigué la magistrature suprême à la faveur d’un coup d’Etat. Et quand il revenait en 2002, sa popularité avait atteint son paroxysme. Or c’est à vérifier si les 5 % des Maliens connaissent Seydou Coulibaly. En outre, il a fallu le coup d’Etat de mars 2012 pour frayer la voie à l’élection d’IBK comme président. Le président de la transition, Bah N’Daw revient au boulot comme président après sa retraite. Toutes choses qui suggèrent que le pouvoir est exclusivement divin c’est-à-dire la Providence le donne à qui il veut. Nul besoin de milliard à ce sujet. Sauf faire la campagne avec flûte et trompette en prenant la foule pour le peuple.

Pour que Seydou Coulibaly devienne président au Mali, il faut qu’il bénéficie de la bénédiction d’anciens leaders politiques. Même s’il arrive à se l’octroyer avec sa bourse, cela est assimilable à la haute trahison dont les bases des partis seront victimes. Un nœud gordien politique qu’il faut dénouer. Sinon le chemin qui mène à Koulouba paraît broussailleux. Si tout chemin mène à Rome, tout mouvement politique ne mène pas à Koulouba. La colline du pouvoir a l’air d’être le manioc de l’au-delà pour ce descendant de Biton Coulibaly.

Bazoumana KANE

Source : L’Alerte

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