Le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, en dépit de la décision sans équivoque d’opter pour une candidature à l’interne, n’a toujours pas fini de résoudre ses équations de la présidentielle et de sa propre survie. Les modalités d’application de ce choix sont en passe de déclencher une autre polémique, au risque de déboucher sur un effondrement de la Ruche.
En effet, après une longue et rude bataille entre partisans à un soutien à IBK et adeptes d’une candidature à l’interne, la question fut tranchée par le Comité exécutif par une écrasante majorité. Le directoire des Abeilles a validé la lettre d’appel à la candidature adressée aux différentes structures, en mettant l’accent sur des critères restrictifs du genre «rassembleur et consensuel», en plus des autres conditions statutaires d’éligibilité comme l’appartenance réelle au parti, le degré de loyauté, l’âge constitutionnellement prescrit, la jouissance des droits civiques, etc. Y figure en outre la prise en compte par la commission de dépouillement de la caution des structures de base telle qu’édictée dans les textes du parti. Il s’agissait pour chaque prétendant aux couleurs de l’Adema d’être investi successivement par son Comité, sa sous-section, sa section, la majorité des sections de sa région, puis une section du parti sur deux-tiers des régions administratives du pays.
Autant d’exigences que seul l’ancien président de la transition, le Pr Dioncounda Traoré, est capable réunir. Et, manque de bol peut-être pour le PASJ, l’intéressé semble farouchement opposé au choix porté sur sa personne, laissant par ailleurs libre cours aux commentaires. D’aucuns soutiennent par exemple qu’il évite tout simplement de confronter un ami candidat à sa propre succession, thèse battue en brèche par Dioncounda lui-même en invitant des camarades de Ségou à s’interroger plutôt si l’ami en question irait contre lui.
Et il aura peut-être suffi de cette insinuation pour inciter la grande famille de la Ruche à réclamer sa candidature jusqu’au dernier virage. Avec le parrainage de nombreuses autres sections à travers le pays, le dossier de candidature du Pr Dioncounda Traoré a été constitué par sa section de Nara et acheminé au CE alors qu’il était en déplacement à l’extérieur.
Tout laissait croire que le sauveur désigné d’une Ruche en perdition allait finalement promettre une des plus belle bataille de la démocratie malienne, surtout qu’il n’avait jamais été aussi actif politiquement. Et qu’il n’a jamais découragés les soutiens multiples à sa candidature. D’ailleurs, même le candidat, Dramane Dembélé, se disait disposé à reconsidérer ses ambitions au cas où son professeur et mentor se résolvait à briguer la magistrature suprême sous la couleur de l’Adema. Cependant, malgré qu’il n’a jamais accepté d’être candidat, il n’a aussi jamais fait une déclaration officielle pour éclairer les uns et autres sur sa position. Un dilemme cornélien qui aura poussé les candidats Dramane Dembélé, Kalfa Sanogo et Moustapha Dicko, entre autres, à matérialiser leurs ambitions d’être porte-drapeau des Abeilles en 2018. En dépit du délai court et des difficultés à réunir les conditions annoncées, certains n’ont pas hésité à affronter un défi que seul le candidat Dramane Dembelé est près de relever. Les autres n’ont en effet réussi à réunirez conformer aux conditions les plus élémentaires de validation de leurs dossiers et seront sans doute écartés d’office de la course. C’est dire que Dramane Dembélé est bien parti pour perdre, non pas contre Dioncounda Traoré mais au profit de la tendance Ademiste acquise à sa non-candidature d’autant que les sources convergent de plus en plus sur un renoncement de l’ancien président des Abeilles à la course. Pour le plus grand bonheur des partisans d’IBK désireux de ramener la question de la candidature au goût du jour et de rebattre les cartes à la faveur de l’avortement quasi certain du processus de désignation du porte-étendard par appel à candidature. Et renouveler ledit processus implique non seulement le lancement d’un nouvel appel mais également une dérogation aux dispositions statutaires avec la plausibilité d’ouvrir une véritable boite de Pandore sur fond de démultiplication artificielle des ambitions.
Autant de lourdeurs qui corroborent nos informations selon lesquelles une bataille acharnée est en cours dans les coulisses pour ramener la carte IBK revenir sur la table des discussions. Tout laisse croire, en définitive, que les prophéties quant au soutien de l’accompagnement du second mandat d’IBK sont sur le point de se réaliser.
Amidou Kéita
Source: Le Témoin