Soupçonné pendant longtemps de ne pas être candidat à sa propre succession, le Président Ibrahim Boubacar KEITA ne cesse d’envoyer de manière explicite des signes à ses détracteurs sur son intention de briguer de nouveau la magistrature suprême.
Après avoir été appelé par certains de ses adversaires à renoncer à un projet de nouvelle candidature en raison d’un bilan qu’ils jugent insatisfaisants, Ibrahim Boubacar KEITA semble avoir fait désormais le choix de contre-offensives politiques.
En début de mandat, le Président Ibrahim Boubacar KEITA était passé pour le grand incompris. Par ces attitudes, il avait été traité de plusieurs mauvais noms. Homme renfermé, abonné au sens unique, distant de son parti, préférant beaucoup voyager sur l’étranger qu’à l’intérieur de son pays, Ibrahim Boubacar KEITA aura étéété victime de sa vision dont il était le seul, semble t-il, à en avoir les orientations.
Se considérant porté à la tête de l’Etat grâce à de nombreux maliens qui ont placé leur confiance en son leadership et ne militant pas forcement dans son parti, Ibrahim Boubacar KEITA tentera de gérer les affaires en y tenant compte. Ce qui lui a valu la nomination de premiers ministres qui ne sortirent pas des rangs de son parti, le Rassemblement Pour le Mali (RPM).
Par ce modus operandi, IBK voulait donner une image de réconciliation de la nation qui ne réussirait pas, à son entendement, dans un élan de calculs d’égo. Donc, il s’agissait pour lui d’unir les maliens autour des défis qui les assiégeaient, par l’éveil d’un sentiment d’appartenance de tous et chacun au Mali.
Cette vision présidentielle qui impliqua, comme nous l’évoquions ci-dessus, l’arrivée de chefs de gouvernement non issus du RPM, a créé beaucoup de frustrations au sein de ce parti. En conséquence, ces chefs de gouvernement ne bénéficieront pas de soutiens politiques sincères et suffisants des tisserands qui n’avaient jamais caché leur convoitise pour prendre la tête de la troisième institution démocratique.La majorité étant déjà acquise à l’Assemblée nationale.
Il fallait attendre près d’un an avant l’élection présidentielle de 2018 pour voirle PrésidentIBK déciderde se réconcilier avec son parti qui est, quoi que l’on pense ou dise, cet appareil qui organisera la campagne pour son éventuelle réélection. Cela s’est traduit par la nomination d’un vice-président du RPM, Abdoulaye Idrissa MAIGA comme Premier ministre en avril 2017.
Vilipendé pour ses nombreux déplacements à l’étranger, IBK s’est progressivement résolu à se réajuster afin d’être en phase avec l’opinion publique nationale. Il va désormais à la rencontre de ses compatriotes à l’intérieur. Les régions du pays dont Mopti, Kayes, Ségou, Sikasso l’ont prioritairement reçu. Dorénavant, le Président IBK ne manque plus aucun évènement heureux ou malheureux de portée nationale pour se rapprocher de ses concitoyens.
A ce niveau, Il y a lieu de souligner que le choix des régions de Sikasso, Kayes et Mopti porte sans nul doute un caractère électoraliste. Elles sont réputées regorger les taux les plus importants de participation électorale. Lorsqu’il s’agit de baliser le terrain en prévision de l’élection présidentielle, nous comprenons ensemble que ces territoires ont tout le mérite d’être pris en priorité.
Par ailleurs, nul ne peut créer aujourd’hui de l’ambiguïté sur les effets positifs du programme d’urgences sociales pour l’accès des populations notamment des milieux ruraux à certains services de base comme l’eau et l’électricité. Les soulagements qu’il a engrangés sont inestimables au point que certains bénéficiaires sont venus massivement témoigner leur reconnaissance au Président de la République dans son palais.
Cependant, lorsque nous nous interrogeons sur le moment de la mise en œuvre de ce programme d’urgences présidentielles qui s’accélère de manière incroyable ces derniers temps comme s’il s’agissait d’une contre la montre, il est aisé de comprendre qu’il s’agit de compenser ni plus ni moins, les bilans mitigés et très discutables dans certains secteurs clés comme la sécurité, la défense, la justice,…par des succès sans équivoque réalisés par l’accès à l’eau et l’électricitéreprésentant encore de nos jours du luxe pour bon nombre de citoyens maliens.
Il faut inscrire dans la même logique,la reprise effective du trafic ferroviaire (Région de Kayes) qui a suscité à un enthousiasme et une ferveur populaires constituant des atouts politiques certainsdans une perspective de réélection du Président Ibrahim Boubacar KEITA.
Un autre signal fort du Président IBK est sa tentative de récupération des partisans d’ATT pour le retour duquel, il a bien voulu accorder toute sa faveur. Contrairement aux prétextes de réconciliation nationale ou de stabilité avancés, Amadou Toumani TOURE a regagné le bercail dans une atmosphère très politisée en vue de « ramasser » des militants en débandade du PDES (Parti pour le Développement Economique et Social) agonisant.
En outre, la démission des FAMAs et le courroux du Général Moussa Sinko Coulibaly contre IBK,auxquels il faut ajouter la récente libération de deux généraux du groupe des ex-putschistes enfermés dont l’un fut promis Général de brigade sont loin d’être anodins.
Il revient de comprendre qu’il s’agit de stratégies non seulement pour briser ou d’affaiblir autant que possible les élans d’opposition mais également flouer la lecture du malien lambda sur des faitsqui relèvent à la limite de l’arbitraire.
Ce qui est sûr, au jour d’aujourd’hui, le débat sur la candidature du Président Ibrahim est plus que caduque. Depuis longtemps, l’homme communique à travers des actes qui décrivent intelligemmentla recherched’un second mandat. Certains de ses adversaires ne semblent pas le comprendre jusqu’ici et s’évertuent dans les discussions de caniveau. Sans ambiguïté, leur réveil sera brutal.
En tous les cas, la récente sortie dans les medias de l’honorable Mamadou Diarassouba à Koulikoro n’a-t-elle pas mis clairement un terme définitif au suspens lorsqu’il déclarait qu’IBK est candidat à sa propre succession ?
Ousmane DAO
Midi-Info