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Préservation de l’environnement : LE DANGER DES PESTICIDES

L’épandage d’importantes quantités sur l’écosystème fragilisé du sahel malien est nuisible pour l’homme et l’environnement

pesticide produit dangereux parasticide insecteLes pesticides restent toujours essentiels dans la production agricole. Dans le monde, plus de 02 millions de tonnes de pesticides dérivés de 900 substances actives sont pulvérisées chaque année. Les différents usages constituent des voies de contamination qui exposent l’homme, les espèces animales et végétales. Pour protéger les cultures, l’élevage contre les maladies et les ravageurs, les producteurs utilisent de plus en plus des produits chimiques, communément appelés pesticides. Des études récentes au Mali ont montré que les importations de pesticides ont plus que doublé en volume entre 1991 et 1999, passant de 1800 à 4100 tonnes par an, durant cette période. Ces importations sont chiffrées à plus de 12 milliards de francs CFA.

L’épandage chaque année d’aussi importantes quantités de pesticides sur l’écosystème fragilisé du sahel malien, a des inconvénients pour l’homme et l’environnement. Le recours à ces produits de synthèse s’est imposé avec le développement de l’agriculture (surtout de rente), de l’élevage, l’explosion démographique et la multiplication des nuisibles. Cette utilisation croissante s’est faite, le plus souvent, aux dépens des mesures préventives en refoulant ou en faisant disparaître certains procédés de lutte (méthodes mécaniques, biologiques, culturales, sélection et culture des variétés résistantes), surtout dans les zones cotonnières. Les pesticides ont joué un rôle important dans la réduction des pertes causées par les insectes, les maladies, les adventices et autres déprédateurs.
Ils ont permis à la filière des céréales et des cultures maraîchères de connaître un essor sans précédent. Celle du coton a placé le Mali au deuxième rang africain avec une production record de plus de 500 000 tonnes de coton graine en 1998, selon le rapport 1998 de la CMDT. Cependant l’utilisation des pesticides n’a pas que des avantages. Elle présente aussi beaucoup d’inconvénients.
En effet les pesticides sont des produits toxiques utilisés pour prévenir, contrôler ou détruire des plantes ou animaux indésirables. Toutefois, cet appui rapide et efficace, en cas de problème, a souvent pour conséquences comme l’élimination de certaines espèces non visées, la résistance croissante des ennemis des cultures, le besoin croissant de produits insecticides, l’accumulations de résidus de métaux lourds, les problèmes de santé humaine et animale (par inhalation, consommation d’aliments souillés, réutilisation courante des emballages de pesticides pour contenir des produits alimentaires, la pêche à l’aide de pesticides, etc.) et une dépendance économique des procédés hautement spécialisées.
Afin de minimiser les risques pour l’environnement et l’homme, des acteurs du développement rural (projets, programmes, services techniques, Institutions, etc.) ont proposé de nombreuses pistes pour la surveillance et la gestion des aspects sociaux et environnementaux. Des mesures d’atténuation des risques liés à l’utilisation des pesticides et d’autres intrants agricoles sur la santé et l’environnement sont en cours à plusieurs niveaux.
On note à cet effet, l’existence d’une législation règlementaire des pesticides, la formation des producteurs sur les risques liés à l’utilisation des pesticides, l’information et la sensibilisation des producteurs sur les risques liés à l’utilisation des pesticides, l’implantation et la gestion des parcelles «champs écoles producteurs» pour minimiser les quantités de pesticide à utiliser sur les cultures.
A ceci, s’ajoute la thèse de recherche de Malick Téssougué, doctorant à l’Institut supérieur de formation et de recherche appliquée (ISFRA), sur le thème de la gestion durable des ressources naturelles, soutenu le 27 avril 2015. Le Mali est un pays à vocation agropastorale, mais aussi un pays où l’on rencontre « toutes sortes de nuisibles » comme les mouches, les moustiques, les criquets, les oiseaux ravageurs, les animaux sauvages destructeurs des cultures, les mauvaises herbes, les champignons, etc. La présente recherche vise non seulement à attirer l’attention sur les dangers liés à l’utilisation des pesticides, mais de proposer des solutions et des alternatives à l’utilisation abusives des produits insecticides dans un souci de mieux protéger l’homme et son environnement.
Selon Malick Téssougué, il est important de connaître les textes législatifs autorisant et sanctionnant l’utilisation des pesticides, les différents acteurs intervenants dans le domaine des pesticides (approvisionnement, stockage, utilisation, protection, etc.). Il est important de connaître les pesticides utilisés au Mali et les propriétés physico-chimiques de quelques produits.

L’analyse des résultats des investigations auprès des populations, pour évaluer la perception des impacts des pesticides, indique que les produits pesticides utilisés dans les zones cotonnières du Mali ont des effets sanitaires sur la population. Les plus touchés par ces effets sont par ordre d’importance, les applicateurs des produits, les populations environnantes et les animaux domestiques et sauvages. Les effets sanitaires se manifestent par des vertiges, des maux de tête, des démangeaisons, le bourdonnement d’oreilles, des maux de ventre, des nausées, des vomissements, l’hyper-salivation, des transpirations excessives des troubles de la vue, et des morts d’hommes et d’animaux.
Les investigations sur des applicateurs utilisant les produits pesticides dans la zone cotonnière du Mali ont révélé que 92% des applicateurs enquêtés ont eu des mots de tête après l’application des produits, les insecticides en particulier. Concernant les cas de vertige, il est classé en première et deuxième position suivant les résultats des tableaux 46 et 62 respectivement 90 et 54%.
Le chercheur a constaté que ces problèmes d’intoxications sont, en grande partie , imputables aux populations elles-mêmes, à cause du manque de précaution dans la manipulation et l’application des produits pesticides. Les résultats des enquêtes menées à Sincina et à Ouélessébougou sur la possession des tenues de protection des applicateurs, revèlent que la majorité des applicateurs ne disposent pas de tenue de protection (53% à Sincina et 72% à Ouélessébougou). Les rares cas de protection des applications se réduisent aux ports des paires de lunettes, de gants, de bottes et/ ou de cache-nez. Les matériels de protection sont rarement complets. Ils sont souvent mal utilisés par les applicateurs pendant les séances de traitement.
Koutiala et Ouélessébougou, deux zones encadrées par la CMDT et l’OHVN dans le cadre de la culture de coton, sont constituées de populations ayant un certain niveau d’organisation en matière de production agricole, notamment la coton – culture . Aux termes des investigations réalisées dans le cadre de cette recherche, l’auteur affirme que l’analyse des résultats prouve que la production de coton est une activité difficilement indissociable du système de production agricole de ces zones. Le coton, en plus de l’argent qu’il procure aux producteurs, permet de revigorer le système de production. Grâce aux intrants apportés à la superficie de coton, l’après culture (maïs, sorgho ou mil) bénéficie des arrières effets de la fertilisation. Les unités de production agricole (UPA), grands producteurs de coton, sont les plus grands producteurs de céréales. Ils sont autosuffisants.La production de cet or blanc, compte tenu de son exigence en intrants, entraîne des effets sur l’homme et son milieu.
Il ressort de l’analyse des résultats de la recherche, que les pesticides utilisés sur le cotonnier sont divers et variés. Ils sont constitués, par ordre d’importance, d’insecticides, d’herbicides et de fongicides. Le cotonnier, compte tenu de ses nombreux ennemis, exige plusieurs traitements (3 à 5) par campagne. Lors des applications des produits pesticides, les producteurs ont affirmé être victimes de nombreux problèmes de santé. Les problèmes de santé les plus fréquents sont les maux de têtes, les vertiges, les maux de ventre, les vomissements, les tremblements, l’hyper-salivation, les maux d’yeux. Les démangeaisons sont provoquées surtout par la manipulation des engrais, les fongicides et les herbicides. Ces problèmes découlent de la mauvaise pratique d’utilisation des pesticides par les producteurs, surtout du non-respect des mesures de protection pendant le transport, la manipulation, l’application et après l’application.
Lors d’une séance d’interview sur des applicateurs de pesticides, enquêtés sur la non utilisation des équipements de protection (tenues de protection), on s’est rendu compte que le nombre à Ouélessébougou est de 72% contre à 53% Koutiala. Ces résultats confirment que la rigueur n’est pas à l’ordre du jour en milieu paysan pour la prise en compte des mesures de préventions contre les risques liés à l’utilisation des pesticides, comme le port des équipements de protection.
Les produits sont achetés auprès des fournisseurs et détaillants non spécialistes, incapables de prodiguer des conseils adéquats aux producteurs concernant les modes d’utilisation de ses produits. Par exemple sur un échantillon d’applicateurs enquêtés à Ouélessébougou, 63% se sont approvisionnés en pesticide auprès des détaillants et fournisseurs, autres que le service d’encadrement (OHVN). Par contre la CMDT et l’OHVN avec l’appui des organisations des producteurs et des firmes, offrent des services d’encadrement de qualité aux producteurs pour l’utilisation rationnelle des produits pesticides.
Au plan sanitaire, les résultats des enquêtes auprès des populations ont montré que l’usage des pesticides se traduit chez les applicateurs par le tremblement de mains, les maux de ventre, la transpiration excessive, l’hyper salivation, les maux de tête, les troubles de la vue, les vertiges, les démangeaisons, le bourdonnement d’oreilles, les nausées, les vomissements et même des cas de mortalité humaine. Des symptômes d’intoxications et de morts d’animaux domestiques et sauvages ont été signalés par les personnes enquêtées. La sensibilisation menée par la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT) et l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN) n’a pas permis d’empêcher les agriculteurs de s’exposer dangereusement aux pesticides, indique le chercheur. Les échantillons de sols, d’eaux et de plantes analysés ont montré que les eaux sont légèrement acides, limpides, peu minéralisées. Elles doivent subir de légers traitements avant toute consommation humaine.
Les eaux analysées sur les deux sites de recherche, sont toutes exemptes de composés organochlorés. Les sols analysés sont légèrement acides, pourvus en matière organique mais pauvres en phosphate. Un amendement de la plupart des sols en chaux agricoles est nécessaire pour augmenter les rendements des cultures. Les échantillons de céréales sont caractérisés par leur forte teneur en manganèse 24 à 51 particules par million (ppm), supérieures à la norme indiquée 27 ppm.
Tous les échantillons de céréales analysés affichent en général une teneur en plomb inférieure à 05 ppm, supérieure aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), inférieure ou égale 2 ppm. Il existe un risque de bioaccumulation de métaux lourds à long terme, selon le docteur Téssougué. Les paramètres physicochimiques des eaux et des sols mesurés durant les deux années successives (2012 et 2013) n’indiquent pas des écarts significatifs.
En terme de précaution, l’étude propose pour les années à venir, la vulgarisation des méthodes et techniques culturales appropriées, pour limiter l’agriculture extensive et à garantir une gestion durable des ressources naturelles. Les bonnes pratiques agricoles (BPA) doivent conduire à une utilisation durable des sols et à une augmentation des ressources ligneuses produites sur l’exploitation, ce qui se traduira par la réduction de la consommation d’espace aux dépens des formations végétales naturelles.

Synthèse : C.A.DIA

 

Source : Essor

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