De plus en plus, des voix s’élèvent contre la présence au Mali des soldats français de l’opération Barkhane. Plusieurs mouvements et activistes maliens, du continent et même d’ailleurs, prévoient une grande mobilisation, le 20 janvier prochain, au monument de l’Indépendance, à Bamako, pour réclamer le départ définitif des militaires français. Ils reprochent à la France d’aggraver la situation sécuritaire dans notre pays.
Parmi les mouvements qui appellent au départ des troupes françaises, il y a la Plateforme ‘’Yèrèwolo débout sur les remparts’’ avec, à sa tête, Adama Ben Diarra dit le cerveau, membre du CNT (organe législatif de la transition). Ce mouvement accuse la France d’être responsable des maux du Mali.
Selon Adama Ben Diarra : « cela fait 8 ans que l’Armée française fait de la promenade et du tourisme sur notre territoire et les choses n’ont fait qu’empirer depuis. La France ne cesse, depuis des années, d’envahir et d’occuper le Mali en violant les grands principes qui conditionnent les relations entre les États. Le Mali ne finit pas d’enterrer ses morts depuis l’intervention franco-britannique en Libye. Une intervention ayant changé la criminalité sur le territoire malien », assène Adama Ben Diarra.
Malgré la présence des troupes françaises au Mali, déplore Adama Ben Diarra, il y a la montée en puissance des ennemis du pays, l’incendie des villages, la recrudescence des déportations des populations et des violences partout au Mali. « Cette mascarade a duré trop longtemps ; il est temps que la France dégage », affirma-t-il.
Toujours, selon Adama Ben Diarra, les principales objectives de la venue de la France au Mali n’ont jamais été atteintes. À savoir la lutte contre le terrorisme, le maintien de la souveraineté et la protection des populations locales. De ce fait, il estime que la force Barkhane a été un échec pour le Mali.
Malick Diaw recadre !
En prélude à ce rassemblement et à la présence de nombreux membres du Conseil National de la Transition parmi les organiseurs, le Président de cette Institution, le Conseil national de transition (CNT), Colonel Malick Diaw qui donne de la voix pour affirmer le soutien officiel à la présence militaire française dans notre pays et contrer des expressions hostiles contre les forces étrangères. Ainsi, il a publié un communiqué dans lequel il relève avec “regret” des récentes déclarations contre la présence française, émanant, selon lui, de mouvements auxquels appartiennent des membres du CNT. Ces déclarations “n’engagent que leurs auteurs”, dit-il. Il “tient à réaffirmer le soutien et la disponibilité du CNT à l’endroit de tous les partenaires qui œuvrent aux côtés du Mali dans la lutte antiterroriste. « Le CNT comporte quelques opposants notoires à l’engagement militaire français au Mali. Parmi eux, Adama Diarra, alias Ben le Cerveau, est coauteur d’un appel à manifester, le 20 janvier, à Bamako, contre la présence française. La France, engagée militairement, depuis 2013, au Mali, y déploie ainsi qu’au Sahel 5100 soldats dans la force antijihadiste Barkhane. Cette présence suscite régulièrement des expressions d’animosité sur les réseaux sociaux, dans la bouche de certaines personnalités et lors des manifestations épisodiques à Bamako ».
Riposte du Dr Aboubacar S Fomba
Ce communiqué du Président du CNT a suscité une levée de bouclier de la part des membres du CNT et sur les réseaux sociaux. Aussi, Dr Aboubacar Sidiki Fomba, membre du CNT et Président du parti ADEPEM, a, dans un communiqué, dénoncé la position du Président du CNT : « Le parti ADEPM a appris avec une grande surprise un tel communiqué qui n’est pas du rôle du CNT et qui est attentatoire à la liberté d’expression. Le parti ADEPM rappelle au Président du CNT que, conformément à la Constitution et à la Charte de transition, les membres du CNT ont le même droit de demander et de voter des lois pour résilier ces Traités à fortiori dénoncer.
Le parti ADEPM rappelle aussi au Président du CNT que ce communiqué viole non seulement le Règlement intérieur du CNT mais aussi le Décret de nomination. Il viole également la Constitution de février 1992. Le parti ADEPM précise que les clauses de la légitime défense qui constituent la base juridique de la présence des forces françaises au Mali, autorisent les dénonciations et les protestations du Peuple malien qui paye ses impôts pour la prise en charge et du Gouvernement et de ces forces.
Pour le parti ADEPM, le Président du CNT pouvait faire économie de ce communiqué en laissant le soin au Gouvernement d’interdire la manifestation pour des motifs qui ne manquent pas. Le parti ADEPM est au regret de constater également que le Président du CNT est mal conseillé par ses Conseillers juridiques avec une intention de compromettre la liberté d’expression et la prise en otage du titre de Représentant du Peuple que confère comme rôle aux membres du CNT.
Enfin, le parti ADEPM rappelle que le Président du CNT est la seule personne morale et juridique d’engager le CNT et le titre de membre de CNT ne peut aucunement engager le CNT comme le titre de Député et ne peut aucunement engager l’Assemblée Nationale.
De partant, aucune disposition de la Charte ,de la Constitution et du Règlement intérieur du CNT n’interdit aux membres du CNT la liberté d’expression au sein du CNT et en dehors du CNT… ».
Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes font part de leur détermination à passer outre le communiqué du Président du CNT. Pour Allaye Bocoum du parti SADI : « le communiqué prouve que le CNT n’est pas une émanation du Peuple. Son alter ego, l’AN, n’a pas été consultée en 2013 pour l’invasion française, le Peuple est édifié ! ».
Mémé Sanogo
Source: Journal L’Aube- Mali