La Cour d’Assises de Bamako a débuté ses travaux, lundi, à la Cour d’Appel de Bamako. La première affaire inscrite au rôle concernait Ibrahima Guèye, né en 1999, accusé de » pédophilie » sur deux fillettes de 10 à 11 ans. A l’issue du jugement, il s’en est sorti avec 7 ans de réclusion criminelle et le payement de 500.000 FCFA.
C’est le premier dossier tranché par les jurés après l’ouverture de la session ordinaire de la Cour d’Assises de Bamako. Il ressort de l’arrêt de renvoi de l’affaire de la Cour qu’au mois de juin 2019, les nommés N.C et D.D, âgées respectivement de 10 et 11 ans, sont parties de leurs domiciles pour se rendre à Magnambougou, en Commune VI du District de Bamako, à la recherche de travail d’aide-ménagères. N’ayant pas eu de travail, elles se sont rendues sur la berge du fleuve, où il y avait beaucoup de monde. Sur cette berge, elles ont fait la connaissance de F.B, âgée de 16 ans. Cette demoiselle leur a offert son hospitalité en les hébergeant chez elle, une maison inachevée sur la berge. Pour souper la nuit, F.B a demandé d’aller arracher des pieds de la salade dans le jardin situé à proximité de leur logement moins non loin de leur dortoir. Au moment de préparer la salade, les deux fillettes ont demandé à F.B la permission d’aller chercher de la viande avec le nommé Ibrahima Guèye, à qui elles avaient été auparavant présentées par leur logeuse comme étant ses sœurs. En contrepartie de la viande demandée, ce dernier les a déshabillées pour ensuite exercer sur elles des actes de pénétration sexuelle et des attouchements sexuels, voire de pénétration anale sur N.C. Après ces actes, il leur a promis la somme de 2.000 F CFA pour la nuit suivante, une stratégie pour les avoir une seconde fois. En effet, le lendemain, il a, à nouveau, assouvi ses ardeurs sexuelles sur les fillettes. Mais, au lieu des 2. 000 FCFA promis, il ne leur a donné que 500 F CFA comme prix de la passe. Ibrahim Guèye, après cette ignominie, a été interpellé par le Commissariat du 7è Arrondissement pour répondre des faits à lui reprochés. Son dossier a été ensuite transféré à la Brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance.
A la barre, l’accusé Ibrahim Guèye a nié les faits de pédophilie sur les fillettes, malgré l’établissement d’un certificat médical versé dans le dossier attestant des blessures chez N.C et D.D. Face à la dénégation, le président de la Cour a demandé à l’accusé s’il ne prenait pas de la drogue. Question à laquelle il a répondu par l’affirmative, en expliquant qu’il prenait juste sa dose.
Le Procureur général par intérim de la Cour d’Appel, Ladji Sara, a interrogé l’accusé sur les raisons de sa dénégation, alors qu’il a reconnu les faits chez le juge d’instruction. Ainsi, il a rappelé à la Cour qu’elle a face de lui, un accusé très intelligent, » Magistrat professionnel que vous êtes, les faits sont constants et clairs « , a-t-il dit. En demandant de le retenir dans les liens de l’accusation.
De son côté, l’avocat des victimes a exprimé son étonnement face aux propos de l’accusé. Ajoutant qu’elle a été outrée par la gravité des violences faites aux fillettes, lors de leur première rencontre, accompagnées de leurs parents. La fillette NC, qui a subi une sodomisation, est actuellement prise en charge par Marie Stopes International.
Pour sa part, l’avocat de la défense, Me Konaré, a observé, » Je n’ai pas d’acte de naissance des victimes dans mon dossier. Mon client a insisté qu’il a fait la connaissance des fillettes par le biais de Fatoumata Ballo », a-t-il précisé. Avant de déplorer l’absence de la partie civile ou des témoins pour apporter des démentis aux propos de l’accusé, » Il est facile d’accuser quelqu’un. Il y a trop de zones d’ombre dans le dossier. On devrait approfondir l’enquête. Nous estimons que le doute profite à l’accusé « , a-t-il fait remarquer. Avant d’exprimer qu’il a de la peine pour les victimes. » Je requiers d’accorder des circonstances atténuantes à mon client « , a dit l’avocat de la défense.
La Cour dans sa sagacité a retenu Ibrahim Guèye dans les liens de l’accusation, en le condamnant à 7 ans et à 500.000 francs d’amende pour » pédophilie « .
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant