Le pool d’observation citoyenne du Mali (POCIM) a animé, hier lundi, une conférence de presse sur le scrutin de la présidentielle du 29 juillet 2018. C’était à l’hôtel Radisson Blue de Bamako devant plus d’une cinquantaine de journalistes nationaux et internationaux. Ladite conférence était animée par M. Mamadou Souleymane TRAORE, Président du POCIM, en présence de M. Ibrahim SANGHO, Coordinateur dudit pool et l’ensemble des acteurs d’observation qui y travaillent pour ce processus électoral.
Selon le conférencier, le taux participation à cette élection est estimé à environ 37 %.
En campant le décor, le président TRAORE a rappelé que le POCIM est mis en place par l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, le Groupe pivot/Droit et citoyenneté de la femme, le Conseil national de la jeunesse du Mali et les volontaires pour le Mali avec l’accompagnement de EISA dans le cadre de son ‘’Projet de renforcement du rôle de la société civile dans la promotion de la paix, la cohésion sociale et le processus électoral en République du Mali’’. Ce projet, explique-t-il, bénéficie du financement de l’Union européenne, qu’il a remercié d’être au chevet de notre pays pour cette élection combien sensible.
Pour rentrer dans le vif du sujet, M. SANGHO a révélé que le POCIM a fait un certain nombre de constats sur le déroulement de la présidentielle sur toute l’étendue du territoire, excepté les communes de la région de Kidal, notamment, Tinéssako, Tessalit et Abeibara et le cercle de Youwarou dans la région de Mopti, localités dans lesquelles leurs observateurs n’étaient pas présents, pour des raisons de sécurité.
Concernant l’ouverture des bureaux, M. Ibrahim SANGHO a confirmé qu’ils ont été ouverts à l’heure (8h). Il a cependant déploré quelques dysfonctionnements au niveau de certains centres.
« Dans l’ensemble, les bureaux de vote ont ouvert à l’heure. Quelques cas de retard ont été signalés. Par ailleurs, dans le cercle de Douentza et dans le village de Doum, le Chef de village a exigé la présence des Forces de l’ordre pour ouvrir les bureaux de vote. Ce qui a occasionné des incidents qui ont donné lieu au saccage de 11 bureaux et les membres du bureau de vote ont été molestés. À Kalaban-Coura ACI, dans le district de Bamako, au centre de vote St Joseph, dans les bureaux de vote n° 7, 10 et 13, il a été constaté l’absence des assesseurs de l’opposition. Ce qui a abouti à des disputes. En conséquence, les électeurs ont refusé de voter en exigeant leur présence dans lesdits Bureaux », a-t-il relaté, avant de signaler que des cartes d’électeurs non retirées n’ont pas été rendues disponibles dans les bureaux de vote de plusieurs centres du district de Bamako, notamment dans les Communes I, IV, V et VI et quelques communes du cercle de Kati.
Concernant les incidents, M. SANGHO a affirmé que 1004 incidents ont été signalés pour la journée électorale du 29 juillet. Il a, à cet effet, énuméré entre autres incidents, le saccage de 11 bureaux de vote à Gadamia dans le cercle de Douentza. Pire, les agents desdits bureaux ont été frappés et les matériels détruits.
« Des tentatives d’utilisation de plus de deux procurations par certains mandataires au niveau de certaines localités des régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti, Gao et le district de Bamako, le saccage des matériels électoraux à Youwarou et à Sahou Arassane dans le cercle de Youwarou ont été constatées par nos observateurs », a-t-il déploré.
Comme incident, les responsables du POCIM ont constaté la non-tenue du scrutin dans plusieurs localités dans les régions de Mopti, Taoudéni et de Tombouctou.
Le POCIM a également noté des perturbations sur l’Internet et les réseaux sociaux, affectant la qualité de la communication, selon M. SANGHO.
Le conférencier a tout de même salué une forte présence des forces armées et de sécurité du Mali dans plusieurs centres de vote. Ce qui a valu un climat apaisé et serein du déroulement des opérations de vote dans plusieurs localités du pays.
« Nous constatons aussi le respect du code de bonne conduite par les médias, une forte présence des missions d’observation électorale, tant nationales qu’internationales et une couverture appréciable des organes de la presse nationale et internationale qui ont montré un intérêt évident pour ce scrutin », s’est-il réjoui.
Selon le conférencier, le taux de participation est estimé à 37 %, sur la base des informations obtenues de leurs Observateurs sur place.
Il a par ailleurs remercié l’Institut Électoral pour le soutien de la démocratie en Afrique, pour son accompagnement technique et financier à la mise en œuvre des activités du POCIM et a salué la franche collaboration entretenue avec la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation et autres acteurs nationaux et internationaux impliqués dans ce processus électoral.
Pour finir, M.SANGHO a égrainé un chapelet de recommandations au gouvernement, en cas de 2e tour de l’élection présidentielle.
Il s’agit entre autres de l’amélioration du cadre organisationnel dans l’éventualité d’un second tour ; de la poursuite du dialogue politique inclusif et fécond pour la gestion consensuelle des insuffisances, constatées lors du déroulement du scrutin ; de l’animation des cadres de concertation avec les partis politiques et la société civile. Le POCIM a aussi recommandé la moralisation de la délivrance des procurations aux mandataires, etc.
Aux citoyens maliens, les responsables du POCIM ont recommandé l’acceptation des résultats du scrutin du premier tour et éventuellement une grande mobilisation en cas de second tour du scrutin présidentiel et surtout la culture de la paix et de la non-violence.
PAR CHRISTELLE KONE
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