La nomination de ce diplomate chevronné à la Primature a surpris nombreux observateurs de la scène politique locale. Puisque les regards étaient plutôt tournés vers le mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP). Le principal mouvement de contestation qui a poussé à bout le régime sortant.
Le Comité stratégique du mouvement de contestation continue de revendiquer une place à la hauteur de son engagement dans les instances de la transition. Ainsi, un moment, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé avait été pressenti pour conduire le gouvernement de transition. C’est l’une des rares figures du M5 qui ne soit pas comptable du bilan de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita.
En effet, Moctar Ouane jouit d’une bonne réputation à l’international. Il a été ministre des affaires étrangères et représentant permanent du Mali aux Nations unies.
Aussi, il maitrise parfaitement la diplomatie sous régionale et les arcanes de l’Union africaine. Des atouts qui seront utiles pour mettre le pays sur la voie, après des mois de paralysie sociopolitique et les conséquences de la pandémie du coronavirus qui menace la fragile croissance du Mali.
Le Mali traverse une période difficile de son histoire, rythmée par l’insécurité et l’instabilité politique, qui s’est soldée le 18 aout dernier par le renversement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita. Pour beaucoup, la nomination de ce technocrate, l’ancien chef de la diplomatie malienne n’est pas mauvaise car l’homme n’est d’aucun parti politique.
A y observer de près, les premiers piliers de la transition, le président Bah Ndaw, le vice-président Assimi Goita et le Premier ministre Ouane, symbolisent le discrédit de la classe politique actuelle.
Ce natif de Bidi, dans le cercle de Bankass, actuellement la zone la plus touchée par les violences communautaires, aura la lourde tâche de le conduire jusqu’à des élections pour rendre le pouvoir aux civils dans les 18 prochains mois.
La nomination d’un civil à ce poste était attendue depuis l’investiture, vendredi dernier, du président de transition de Bah Ndaw, un colonel à la retraite et ancien ministre de la Défense.
Les chefs d’Etat de la CEDEAO en ont fait leur principale condition à la levée des sanctions imposées au Mali à la suite du putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Après des études à Dakar, où il obtient une Licence de Droit public puis une maîtrise en Relations internationales et administration publique, Moctar Ouane entre en 1982 dans la fonction publique malienne.
Il occupe plusieurs postes de responsabilité au sein du gouvernement et devient au début des années 1990 conseiller diplomatique du chef de l’Etat.
Après de nouvelles études à l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris, il part à New York de 1995 à 2002, en tant que représentant du Mali auprès des Nations unies.
En 2004, sous la présidence d’Amadou Toumani Touré, Moctar Ouane est nommé ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Ousmane Issoufi Maïga, des fonctions qu’il exercera jusqu’en 2011, dans les gouvernements de Modibo Sidibé.
Depuis 2016, Moctar Ouane était délégué général à la paix et à la sécurité de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), après avoir rejoint l’organisation régionale en 2014 en tant que conseiller diplomatique.
Marié et père de trois enfants, il parle couramment le Français, l’Anglais, le Bambara, et le Peul.
Aly BOCOUM
Source: bamakonews