Si dans la vie des nations, la Russie et la France ont des conceptions de politique nationale et étrangère diamétralement opposées et qui, même dans l’imaginaire des plus optimistes d’entre nous, ne vont jamais se retrouver, les Maliens, plus précisément la junte de Kati, tentent de les réconcilier au Mali en faveur de la transition malienne en marche depuis quelques jours.
Pour remettre le Mali sur le chemin des pays forts et justes entre ses fils, deux hommes, l’un d’une conception russe et l’autre d’une conception française, sont appelés à faire front commun.
Le président Bah N’Daw est le fruit des écoles russes où il a effectué un stage de pilote d’hélicoptère de guerre. Pendant son séjour long, il tombe amoureux du pays de Valdmir Poutine en apprenant à parler couramment le Russe.
Mieux, Bah N’Daw a aussi hérité du franc-parlé des Russes. Sans compter la rigueur des habitants de ce pays dans le travail.
Son impatience et son caractère peu diplomatiques font partie également de l’héritage russe qu’il a ramené au Mali après sa formation de pilote. Mais, il est appelé à composer et à former une bonne équipe et soudée avec son Premier ministre, Moctar Ouane qui est d’une formation française.
Ce dernier a été formé à Dakar, puis en France sur les bancs de l’École nationale d’Administration (ENA).
Originaire de la région de Mopti dans le centre du pays, il jouit à 64 ans d’une longue expérience dans la diplomatie contrairement à Bah N’Daw qui est un militaire, donc présumé à tort ou à raison dans l’imaginaire populaire comme quelqu’un qui agit par le cœur.
Ce préjugé suit tous les militaires.
Pendant sept ans, Moctar Ouane a représenté le Malien tant qu’ambassadeur aux Nations unies, avant d’être nommé en 2004 ministre des Affaires étrangères. Il y reste jusqu’en 2011 reconduit de gouvernement en gouvernement, sous la présidence d’Amadou Toumani Touré. C’est un fin connaisseur des institutions de la République.
Ce diplomate chevronné n’a pas fait que seulement les écoles françaises. Il est aussi un grand amoureux de la France à travers son ancien président François Mitterrand, dont il se glorifie d’avoir lu tous les livres de ce dernier.
Alors question : ces deux figures importantes de la transition, de qualités différentes, parviendront-elles à mettre ensemble leurs forces pour faire aboutir la cause commune qui les réunit ? En tout cas, pour paraphraser l’artiste Salif Kéita, la différence est jolie mais elle est aussi une force infaillible si elle est bien coordonnée. Vive le tandem russo-français pour que vive le Mali plus que jamais débout et fort dans le concert des grandes nations !
Le Grand Z.