En attendant le quitus officiel de la compétition pour l’élection du président de la république, les potentiels candidats s’adonnent déjà à des campagnes de désintoxication à travers des discours aussi populistes que démagogiques. Pourtant, nul n’ignore que le pays sort difficilement le nez d’une crise multidimensionnelle sans précédente, qui impose à chaque candidat conscient du devenir de la nation malade, rigueur et retenue.
« La démagogie est en la démocratie ce que la prostitution représente dans l’amour », disait Georges ELGOZY. En cette veille d’échéances électorales importantes, dans notre pays, cette assertion semble bien illustrer la posture de certains prétendants au fauteuil présidentiel qui ne se privent d’aucune contre-vérité, au cours de leurs sorties, dans le seul dessein de ratisser large dans les milieux populaires. Peu importe ce qui adviendra après. C’est la démagogie politique.
Selon le dictionnaire Wikipédia, « la démagogie est une notion politique et rhétorique désignant l’état politique dans lequel les dirigeants mènent le peuple en le manipulant pour s’attirer ses faveurs, notamment en utilisant un discours flatteur ou appelant aux passions ». Pour cela, le démagogue utilise des discours délibérément simplistes, sans nuances, dénaturant la vérité et faisant preuve d’une complaisance excessive. Ainsi, le discours du démagogue sort du champ du rationnel pour s’adresser aux pulsions, aux frustrations du peuple. Il recourt en outre à la satisfaction immédiate des souhaits ou des attentes du public ciblé, sans rechercher l’intérêt général, mais dans le but de s’attirer la sympathie et de gagner le soutien.
Que de critiques stériles, depuis quelques semaines contre le régime. Même ceux qui étaient aux affaires et qui ont dû être remerciés par le locataire de Koulouba pour « ’insuffisance de travail »’ ont perdu tout sens de la dignité. De la démagogie en passant parfois par des injures, tous les moyens sont visiblement bons pour nos candidats afin d’attirer de potentiels électeurs.
En écoutant des propos de candidats, l’on a l’impression que nous sommes dans un autre Mali. Selon certains, il n’y a « ’pas de route au Mali »’, « ’des Maliens ont été vendus comme des esclaves en Libye »’, « ’les gens n’ont pas accès à l’eau, à l’éducation, à la santé, que l’autosuffisance alimentaire est loin d’être une réalité au Mali »’, etc. Pour d’autres, le Mali de 2018 est plus en proie à l’insécurité qu’en 2013, avec son cortège de morts. Il y en a qui, à force de décomptes macabres des attaques terroristes, sont devenus d’excellents nécrologues. Ils espèrent ainsi fonder leur notoriété et leur popularité sur le cadavre des Maliens. Si toutes ces critiques sont plus ou moins fondées, rares sont-ils, ces potentiels candidats, capables de proposer des projets viables aux Maliens, différents de ce qui se fait actuellement. Où est alors la probité, le moral politique ?
L’épine dorsale du Mal malien aujourd’hui, c’est bien la question sécuritaire, c’est bien l’intégrité territoriale du pays. Qui propose mieux que l’Accord pour la paix en cours d’application ? Qui propose mieux que la présence de troupes étrangères ? À quelques exceptions près, tous saluent la présence de troupes étrangères, l’armée française et la MINUSMA, dont on loue à longueur de journée les mérites. Et pourtant, ils veulent faire endormir les Maliens debout.
Par Abdoulaye OUATTARA
Info-Matin