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Mamadou Blaise Sangaré, président de la CDS-Mogotigiya : « Si j’étais devenu président de la République en 2007, j’allais enlever à ATT ses galons de général »

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Suite aux poursuites engagées contre l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, par le gouvernement pour ” haute trahison”, nous avons approché certains hommes politiques pour recueillir leurs réactions par rapport au sujet. Sur les trois présidents de partis politiques interrogés, deux (en l’occurrence Younouss Hameye Dicko du RDS et Mamadou Blaise Sangaré de la CDS-Mogotigiya) approuvent l’initiative du gouvernement, alors que le troisième (Amadou Koïta du Parti socialiste) estime que c’est l’occasion pour que la vérité éclate au grand jour. Nous vous proposons ici leurs réactions.

Younouss Hameye Dicko, président du RDS : « ATT a posé des actes de haute trahison »

« Traduire l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré pour haute trahison me parait légitime. J’ai personnellement dit dans mes interventions que les actes posés par le président ATT relèvent de la haute trahison. Ces actes sont connus. Certains ont été cités dans le communiqué du gouvernement, mais pas tous. Les Accords d’Alger, le Code de la famille dans sa première version, le projet de constitution, la loi inqualifiable de découpage administratif, sont des actes qu’un chef d’Etat ne doit pas poser. Ce sont des actes de haute trahison. Concernant le Code de la famille dans sa première version, c’était une tentative de destruction des mœurs de la société malienne.

Et ce sont des actes que moi j’ai eu à dénoncer, mais on ne nous entendait pas. Donc, je ne suis pas surpris par le communiqué du gouvernement. J’ai personnellement qualifié la gouvernance d’Amadou Toumani Touré d’être incompétente et peureuse. Cependant, il y a lieu de faire la part des choses. Aujourd’hui nous risquons de rentrer dans les cycles d’arrestations alors que la priorité du Mali, c’est la libération de Kidal. Les autres pourraient attendre. Il est dangereux d’embrasser plusieurs braises à la fois. Aujourd’hui, si je me réveille et qu’on me dise que Kidal est libéré, je serais libéré.

Au Mali, différents acteurs doivent présenter leurs excuses au peuple malien. Avant de passer devant un tribunal, le président ATT doit présenter ses excuses aux Maliens et ça pourrait même le dispenser d’un tribunal si c’est bien fait. Il peut se racheter moralement. Il y a aussi l’Etat qui doit présenter ses excuses au peuple et jurer de ne plus trahir les Maliens. L’Assemblée nationale n’a jamais contrôlé Amadou Toumani Touré. ATT l’a possédée et les députés n’ont jamais fait quoique ce soit.(bamada.net) ATT n’est pas le seul. Il y a les Premiers ministres et les ministres. Toutefois, ATT mérite de passer devant une cour de justice, je dirais même qu’il l’a cherché. IBK est-il aussi coupable ? Non. Il y a un seul responsable, c’est le chef. IBK en tant qu’individu n’est pas plus responsable dans la débâcle que le député de Yélimané ou de Douentza.

Il a dû voter des lois qu’il n’aurait pas dû voter, mais nommément, il n’est pas accusable. IBK est un patriote. IBK a dénoncé les Accords d’Alger et je ne crois pas qu’il soit plus responsable dans la débâcle que les autres présidents de l’Assemblée nationale. Pour les Accords d’Alger, on a vu que les organes de décision n’ont pas été saisis et c’est le département de l’Administration territoriale qui gérait tout. C’est à partir de 2006, c’est-à-dire après la signature des Accords d’Alger, qu’on a commencé à brader la souveraineté de l’Etat malien. Depuis 2006, l’Etat n’existait plus au-delà de Mopti. C’était l’insécurité généralisée.

Si ATT est convoqué devant les tribunaux, il y aura beaucoup de vagues qui vont être soulevées. Il y a les ministres qui étaient directement liés au président de la République et qui sautaient même le Premier ministre. Il y avait des départements clés et des hommes clés. Par contre, il y a beaucoup de ministres d’ATT auxquels on peut difficilement reprocher quelque chose comme Tréta, PPR etc. Ils ont eu à gérer des ministères techniques. Ils n’avaient rien à voir avec les turpitudes du régime. Les ministres des départements techniques ne sont même au courant de certaines décisions que lors du conseil des ministres sinon le reste, ils ne sont pas au courant.

Les ministres qui ont fait le plus de mal au Mali, nous les avons balayés par le mouvement du changement. On a tout fait pour qu’ils ne soient même pas députés et ils sont actuellement en errance dans la sous-région. ATT avait un système autocratique, un indépendant est un autocrate. Pendant son premier mandat, il a travaillé pour le Mali et on l’a aidé, mais au second mandat, on a constaté qu’il était en train de casser le même Mali. Tous les Maliens ne sont pas responsables de la débâcle du régime ATT. Ceux qui disent que tout le monde est coupable, sont intellectuellement malhonnêtes. Ce sont des gens qui cherchent à sauver les responsables du désastre. J’ai été ministre pendant 3 mois en 2002, c’était juste pour organiser des élections législatives dans le gouvernement de mission.

Mais même si j’étais resté pendant un an, je ne serais pas comptable des turpitudes du régime parce que avec moi si je ne suis pas d’accord, je démissionne. Après le coup d’Etat, on était en train de dénoncer, mais le FDR avait la main mise sur la presse, c’est pourquoi on ne nous entendait pas. Le FDR voulait faire disparaitre le Mali avec le concours de la Cédéao, mais c’est Dieu qui nous a sauvés. Depuis Modibo on n’a pas eu un président qui a bien géré le pays. Le problème du Nord, c’est à Koulouba. Ce sont des peureux. Des rebelles tuent nos militaires, au lieu de les tuer, on vient négocier ».

 

Mamadou Blaise Sangaré, président de la CDS-Mogotigiya : « Si j’étais devenu président de la République en 2007, j’allais enlever à ATT ses galons de général »

 

« Mon opinion est que je consens sur la question. En 2007, Africable (chaine de télévision privée au Mali) a eu à me poser la question sur la gestion de défense. On m’avait demandé mes impressions sur une déclaration d’un candidat à la présidentielle, en l’occurrence Amadou Toumani Touré, selon laquelle “un bon général ne fait pas la guerre, mais préserve la paix”. J’ai répondu que cela est inadmissible parce qu’il s’agit de construire et consolider un Etat fort et républicain. Si un Etat n’est pas fort, il ne peut ni garantir la paix et préserver la sécurité et de ce fait ne peut pas promouvoir le développement.

J’ai dit que si c’est un général qui dit ça, si je deviens président de la République, je lui enlève ses galons parce que les galons sont un titre de consécration dans l’art de la guerre et qu’il n’y a jamais eu de paix durable dans l’histoire de l’humanité sans guerre préalable. C’était pour introduire la grave question de la déliquescence des moyens de défense de l’Etat à l’époque. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que le Mali est en suspension parce que ne se reposant sur rien, qu’il n’y a pas un Etat voisin qui ne pourrait menacer le Mali et le conquérir.

Posons-nous la question : Qu’est-ce que nos dirigeants entendent par exercice de la souveraineté ? Parce que l’exercice de la souveraineté, c’est pouvoir se constituer et se défendre. Pour cultiver, il faut la terre. Pour l’ancien pionnier que je suis, je constate que depuis les 30 dernières années, nos dirigeants n’ont pas eu une option étatique véritable. Qu’est-ce qu’on avait voulu faire ? Un Etat démocratique, c’est d’abord un Etat sécurisé et armé.(bamada.net) Je suis absolument pour que des responsabilités soient situées parce que le chef de l’Etat est le chef suprême des armées et c’est lui qui répond de la sécurité de son peuple et de son territoire. Et comme l’Etat de droit a ses exigences et qu’il y a un organe institutionnellement organisé pour cela, à savoir la Haute cour de justice, qui elle aussi doit fonctionner un jour, que cet exercice du droit républicain soit fait.

C’est pour moi d’ailleurs une condition sine qua non pour un nouveau départ, plus même pour une refondation réelle de la République du Mali, afin que cessent les appels au secours et que nous puissions nous assumer à l’intérieur de notre pays. Les lois d’amnistie de l’Assemblée nationale sur la gestion publique qui ont souvent couvert les plus grands dérapages de nos économies financières des régimes sortants, sont de conséquences équivalentes à une autre amnistie qui pourrait couvrir les bavures de défense et de sécurité dont nous sommes tristement victimes ».

 

Amadou Koïta, président du Parti socialiste : « ATT n’a pas géré seul et chacun devra assumer sa part de responsabilité »

« Nous pensons que depuis le 22 mars 2012, Amadou Toumani Touré a été traité de tous les maux. Il n’a jamais pris la parole. Si aujourd’hui on lui donne l’occasion de s’exprimer, je crois que nous qui sommes les soutiens du président ATT, nous ne craignons absolument rien. Parce que nous savons que l’homme a donné le meilleur de lui-même pour que le Mali puisse prendre toute sa place dans le concert des nations. Il a géré le pays avec l’ensemble de la classe politique et l’actuel président de la République était chef d’institution. Sachant bien que le rôle de l’Assemblée nationale, c’est le contrôle de l’action gouvernementale, les Maliens n’ont jamais vu le gouvernement interpellé sur la question du Nord. Et quand il (IBK) était simple député, il n’a jamais interpellé le gouvernement. Nous pensons que force doit rester à la loi.

La Haute cour de justice sera composée des membres de la nouvelle Assemblée nationale qui a en son sein ceux qui ont été à l’origine de tous les malheurs de notre pays, qui ont pris les armes contre le Mali et qui avaient des mandats d’arrêt nationaux et internationaux, mais qui ont été blanchis par le pouvoir actuel et élus députés du parti présidentiel. De quelle justice parlons-nous ? Est-ce pour se venger d’un homme ou pour réellement rendre justice ? En tout cas si c’est la vraie justice qui est faite pour tout le monde, ces honorables députés rebelles devraient aussi être au banc des accusés. Malheureusement, on n’en fait pas cas. Toutes choses qui nous laissent perplexes.

Nous sommes tous pressés que ce procès ait lieu pour qu’enfin la vérité éclate au grand jour. Cette traduction du président Amadou Toumani Touré devant la justice ne doit pas aujourd’hui nous faire détourner des vraies préoccupations pour lesquelles le président Ibrahim Boubacar Kéita a été élu : libérer totalement Kidal, relever l’économie malienne et créer des emplois pour les jeunes. Malheureusement, ça fait plus de 100 jours que nous assistons qu’à une gestion de coups d’éclat pour divertir le peuple malien.(bamada.net) Je regrette surtout que certains ne retiennent des 10 ans du président Amadou Toumani Touré que la gestion de la crise du Nord, et qui ont participé à son gouvernement, après toutes les belles réalisations : construction de routes, logements sociaux, la nouvelle université du Mali, le barrage de Félou. Le temps est le meilleur juge.

Sachant bien qu’ATT gérait mal le dossier du Nord, par probité morale, il devrait dire à son ministre (Tréta) de démissionner. Mais ils sont restés au gouvernement jusqu’au 22 mars et certains de ces ministres ont même été reconduits par IBK. Il doit assumer la gestion du pouvoir, mais on est étonné que ce soit ATT seul qui est appelé à la barre. ATT a toujours dit qu’aucun sacrifice n’est de trop quand il s’agit du Mali et puisqu’aujourd’hui, il s’agit du Mali, ATT sera là et donnera sa version des faits. Nous osons espérer que tous ceux qui ont participé à la gestion des 10 ans assumeront leur part de responsabilité et c’est en cela qu’ils contribueront à l’avènement d’un nouveau Mali ».

Propos recueillis par Abdoulaye Diakité 

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