Une comédie écrite par la communauté internationale, mise en scène par l’Algérie et dans laquelle l’Etat malien et les groupuscules armés ont eu un rôle qu’ils ont d’ailleurs bien interprété, pour reprendre K. Selim, l’éditorialiste vedette du Quotidien d’Oran, qui disait la même chose à propos des négociations Israélo-palestiniennes. Voilà ce qu’on pourrait dire des négociations entre le Mali et les groupes rebelles armés, qui, un temps reprises, viennent d’être encore une fois suspendues. Au régionalisme que le gouvernement malien a proposé et qui a d’ailleurs fait l’objet d’un massif rejet au sein de l’opposition politique, la coordination des groupes politico-armés de l’Azawad (MNLA, HCUA, MAA dissident), qui dans ses rangs compte « des activistes de l’indépendance de l’Azawad », oppose le Fédéralisme, conduisant ainsi à un blocage qui ne dit pas son nom, et qui est le signe manifeste que la machine de la médiation internationale dirigée par l’Algérie s’est grippée.
Autant dire que ceux qui avaient espoir que de cette 3ème phase des négociations de paix sortira un préaccord qui permettra au Mali de surgir des cendres de la crise vont rester sur leur faim. Il y a qu’au Nord du Mali, le temps n’est jamais un allié pour l’Etat malien qui y est remplacé pour le maintien de sécurité par les forces internationales, qui sont en train de payer le lourd tribut à cette guerre. Mais il y a surtout que la coordination des groupes politico-armés, le MNLA en tête, sont en train de jouer un jeu trouble. Les mouvements de cette coalition sont dans une démarche trouble.
On le sait, il y a presque deux mois, il était admis par tous ou presque que les signatures de l’accord préliminaire de Ouagadougou et de la feuille de route des pourparlers enterrent toute revendication ‘’ fédéraliste’’, ‘’autonomiste’’, ‘’indépendantiste’’. Ce qui, alors, avait généré un sentiment de déception chez les militants indépendantistes. « Après deux ans et demi de conflit, voilà donc le « gâchis », aux yeux de la majorité des Touaregs, au nom desquels la rébellion a été menée, comme l’affirmaient naguère les groupes armés du nord. La jeunesse touarègue, cette frange de la population connectée aux réseaux sociaux, parfois manipulée et instrumentalisée, à des fins de figuration sympathisante vis-à-vis des groupes armés, est désormais révoltée par la tournure que les négociations ont prise à Alger : au lendemain de la sortie de la feuille de route, ces jeunes se sont sentis « trahis », « vendus » « leurrés »… comme on a pu le lire sur leurs pages Facebook et autres Twitter », avait écrit le journaliste Intagrist El Ansari. Mais, faut-il le rappeler, cela n’a pas empêché la soi-disant société civile de l’Azawad de parler de « Fédéralisme » à Alger lors des auditions.
Voilà pourquoi il y a matière à sourire de colère et d’incompréhension à voir les groupuscules rebelles armés parler encore de « Fédéralisme ». Tout cela, cela appelle un constat. C’est-à-dire que la présence de Moussa Ag Assarid en Alger est tout sauf anodine et illustre de manière voyante que le MNLA, surtout, joue un jeu trouble. Il n’y a pas très longtemps, cet énergumène n’était plus en odeur de sainteté auprès du mouvement à cause de ses prises de position qui, parfois, frôlent l’extravagance. Au point qu’il avait été remplacé dans son rôle de porte-parole à l’étranger du mouvement par son compère Moussa Ag Attaher. Par ailleurs, le fait que le MNLA n’ait pas décrété déviants les agissements récents de Moussa Ag Assarid n’est pas neutre. On a aujourd’hui la preuve que les agissements de Assarid n’étaient pas individuels, et qu’ils révèlent le fond de la pensée du mouvement. De fait, Moussa Ag Assarid a réussi à provoquer le buzz avec cette pseudo ambassade de l’Etat de l’Azawad aux Pays-Bas, qui a suscité une levée de boucliers, donnant ainsi de l’importance à quelque chose qui n’en valait pas la peine.
Il n’y a eu aucune déclaration du MNLA pour prendre ses distances avec le comportement de Moussa. Et on dira ce qu’on voudra, mais Moussa Ag Assarid est l’initiateur de cette démarche maximaliste que les groupuscules rebelles ont adoptée. Un préaccord est prévu en début janvier 2015. Mais, déjà, on a comme le sentiment que, malgré les étapes franchies, Alger, c’est du vent ! L’expression est un peu forte, mais c’est comme cela.
Boubacar Sangaré