Les péripéties de la crise sécuritaire qui sévit dans le cercle de Niono, depuis plus d’un trimestre maintenant, sont telles que la campagne agricole s’en trouve sérieusement perturbée, avec en filigrane un déficit, notamment dans la production rizicole. Rappelons que pour la résolution de cette crise sécuritaire, dont le point de départ fut le blocus imposé, le 6 octobre 2020, au village de Farabougou par des hommes armés se réclamant être des djihadistes, les autorités maliennes ont tenté différentes approches qui, malheureusement, sont restées vaines, jusque-là, et la crise en question persiste toujours en prenant diverses facettes.
On se souvient qu’à l’entame de cette crise, nombreux avaient été les citoyens maliens qui en avaient appelé à l’option militaire pure et simple pour briser le blocus. Mais les autorités n’ont pas jugé nécessaire de s’inscrire dans cette logique de la violence qui aurait certainement créé plus de problèmes qu’elle ne pourrait en résoudre. Dès lors, l’option du dialogue fut privilégiée par les autorités nationales pour résoudre cette crise sécuritaire. C’est dans cette prédisposition d’esprit que fut organisée une rencontre intercommunautaire qui s’est tenue les 5, 6 et 7 novembre à Niono sous la dénomination de ‘’Forum de Niono’’.
Le moins que l’on puisse dire est que la tenue de ce forum intercommunautaire avait vraiment suscité beaucoup d’espoir et les participants avaient été unanimes à faire part de leur optimisme pour la suite des choses.
Cet optimisme était d’autant légitime quand on sait qu’un accord avait même été conclu à Bamako et au regard des termes duquel accord, les belligérants s’étaient engagés à faire taire les armes pendant dix (10) jours à compter du lundi 30 novembre 2020. Cet arrêt des hostilités pour permettre aux agriculteurs et aux bergers de vaquer à leurs travaux. Mais malheureusement, après une courte trêve, les démons de la discorde ont fait leur réapparition et les groupes djihadistes qui écument les lieux ont repris du service et de très forte manière. Ainsi des actes de violence avaient été rapportés à la mi-décembre avec de nombreuses pertes en vies humaines et de dégâts matériels importants.
En effet le jeudi 16 décembre 2020, des hommes armés non identifiés se réclamant être des djihadistes avaient attaqué de paisibles riziculteurs qui étaient occupés à la moisson. Le bilan est assez lourd : 9 paysans tués ; de nombreux blessés et 3 batteuses incendiées. A vrai dire face à cette résurgence des attaques djihadistes dans le cercle de Niono, avec en filigrane des assassinats ciblés, les populations meurtries ont cédé à une effroyable anxiété. Etat d’âme qui, par ailleurs, se justifie parfaitement étant donné qu’au-delà de la crise sécuritaire, le spectre d’une mauvaise saison rizicole, avec pour corollaire une campagne agricole désastreuse, plane sur le cercle de Niono.
Est-il besoin de rappeler qu’en matière de politique d’autosuffisance alimentaire, la zone ‘’Office du Niger’’, qui englobe le cercle de Niono, constitue le point névralgique de la filière ouest-africaine de production de riz ?
S’il est vrai que ces derniers temps, l’Office du Niger a eu à essuyer les méfaits des inondations qui ont porté des impacts négatifs sur le rendement des espaces cultivés, il n’en demeure pas moins vrai aussi que les actions des groupes djihadistes ont été encore plus dommageables pour les riziculteurs dans les périmètres de l’Office du Niger. Après avoir tué de paisibles paysans dans leurs champs, après avoir entrepris la destruction systématique du matériel agricole appartenant aux riziculteurs, les groupes djihadistes ont opté pour un nouveau mode opératoire qui consiste à incendier les champs de riz. Ainsi, le 6 janvier 2021, des hommes armés, se réclamant être des djihadistes, ont nuitamment mis le feu à plusieurs champs dans la Commune de Dogofry.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako