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Pour résister à toute domination, les populations noires du nord forment une vaste coalition

Face à la nouvelle carte sociopolitique qui se dessine au nord du Mali, la communauté shonghoï, qui représente 70% de la population locale, se mobilise.

Soldat militaire arme mali enfant nord mali

Elle veut sauver son territoire ancestral et affirmer les droits des populations noires, ultra-majoritaires au nord. Cette décision des Songhoi est prise en concertation et en alliance avec les autres populations noires du nord: Peulhs, Bambaras, Somonos, Bozos, Belhas, Arabes, Dogons, Zarmas, Soninkés, Kourtèyes, Gourmantiés, Mossis, Chérifs, etc. L’annonce de cette évolution majeure a été faite, le samedi 14 mai 2016, à la Maison des Aînés de Bamako, lors d’une Assemblée Générale du bureau des cadres des communautés de culture songhoï. La rencontre était présidée par l’ex-Premier Ministre Ousmane Issoufi Maïga, en présence d’Adam Diallo, de Baba Sandy Haïdara, de Boubacar Diallo, de Mme Doucouré Kadidia Traoré et d’Allassane Hamadou Maïga, tous membres du groupe de travail.

Héritiers d’un puissant empire

Dans une déclaration liminaire, les organisateurs de la rencontre ont rappelé que les communautés Sonay (appelées aussi Sonrhaï, Songhay ou Songhoï), très diverses dans leurs origines, leurs cultures et leurs civilisations, sont issues d’un grand ensemble, l’Empire Sonay, qui fut le grand empire ouest-africains médiéval. Il s’étendait de la Gambie au Lac Tchad, du sud de l’Algérie au nord de la Guinée-Conakry. La grandeur de l’Empire résidait dans un long processus de brassage culturel qui a commencé 400 ans avant Jésus Christ. L’empire Songhoi fut une puissance à la fois militaire, économique et scientifique comme en témoignent les grands travaux d’infrastructures réalisés, l’exploitation des salines de  Taoudéni, la construction et l’animation des universités de Gao, de Tombouctou et de Djenné, etc. Ses premières capitales  furent successivement Koukia (Gungiya), Saney et Gao en 1010. Les populations Songoy, appelées également « Kaïra-Boro » (« hommes de la Cité »), pratiquaient depuis la nuit des temps et pratiquent encore aujourd’hui, des activités économiques comme l’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse et le commerce. Ils ont toujours vécu en harmonie avec les  Gorongobous, Sorkos, Zarmas, Kourteyes, Gourmanthié, Mossi et autres communautés. Les communautés de culture Songhoi constituent la population majoritaire du septentrion malien (plus de 70%); elles se sont toujours battues pour la construction de l’unité nationale et le respect des valeurs républicaines, sans jamais se prévaloir d’un traitement de faveur.

Unité nationale malmenée

La déclaration rappelle que les grandes sécheresses des années 1972-1975 ont fortement déstructuré les communautés du nord et que les différentes rébellions touarègues ont singulièrement impacté la cohésion sociale multi-séculaire dans cette partie du territoire national. Malheureusement, dans le processus de règlement de ces crises, les populations majoritaires n’ont pas été suffisamment associées, ni au niveau des diagnostics, ni  au niveau de la recherche de solutions, ni dans leur mise en œuvre des accords de paix. La situation actuelle du Mali a donc exacerbé le communautarisme dans le pays et les communautés de culture Songay ont intérêt à s’organiser pour faire prévaloir leurs intérêts. La déclaration souligne que ces que quelles que soient les difficultés, ces communautés ont toujours privilégié le dialogue inter et intra-communautaire, et préféré les solutions globales aux solutions individuelles ou ethniques. La déclaration poursuit:

« Nous, cadres des communautés de culture Songay, tenant compte des conséquences des incertitudes géopolitiques et géostratégiques et face aux menaces permanentes et programmées contre l’existence même de notre terroir et de nos populations, décidons de:

– défendre notre patrimoine historique, nos intérêts moraux, socioculturels et économiques;

– jouer notre partition dans un Mali unique, laïc, républicain et démocratique ;

– mettre en place une instance dédiée à la mise en œuvre des solutions répondant aux attentes et aspirations profondes de communautés ».

Contre la partition

Prenant la parole après la lecture de la déclaration liminaire, Mohamed Lamine Touré, principal initiateur de la rencontre, a souligné que les populations noires du nord  assistent chaque à la « partition continue du pays ». A ses dires, « chaque jour, une nouvelle portion du territoire national est coupée et cédée à certains groupes; à la fin, nous autres n’aurons ni champs ni domicile; c’est donc notre survie qui existe en cause ».

Profession de foi de Maiga

Pour l’ex-premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, il est important que les Sonrhaï se donnent la main pour sécuriser leur terroir car, de nos jours, la situation est triste; les populations, dans leur majorité, ne vivent que de dons; les fonctionnaires et autres cadres publics ne vivent que des séminaires. L’orateur pense que c’est la misère qui se trouve à la base des conflits qui sévissent au nord.  « Les fils du terroir, loin de se décourager, doivent se battre pour leur survie », exhorte Ousmane Issoufi Maiga. Il prévient qu’il n’est pas du tout un va-t-en guerre mais qu’il lui importe, ainsi qu’à tous les autres Songhoi du Mali, de lutter pour la sauvegarde de leurs terres et de leurs populations menacées. « Nous n’accepterons pas que nos populations soient dépouillées ou spoliées par qui que ce soit », gronde l’ancien chef du gouvernement. Il a appelé toutes les communautés Shonghoï et toutes les communautés de culture Songhoi, qu’ils aient adhéré aux groupes armés ou non, à dépasser leur égo et à œuvrer  à la sauvegarde des intérêts de cette communauté menacée de disparition.Il leur demande aide et assistance. L’ancien Premier Ministre annonce que dans les jours à venir, un bureau du mouvement  sera mis en place: il se dotera de commissions, définira son programme et entamera ses actions en vue d’atteindre les objectifs évoqués. « Faisons vite car chaque minute qui passe renforce les menaces », conclut Maiga.

Abdoulaye Koné

Source: Proces verbal

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