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Pour l’Allemagne, l’Afrique reste un enjeu de second plan

 Angela Merkel chancelière allemande président malien Ibrahim Boubacar Keïta berlin

Absente aux obsèques de Nelson Mandela mardi 10 décembre, Angela Merkel a en revanche reçu mercredi à la chancellerie le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Difficile de ne pas y voir un symbole. L’Allemagne ne joue qu’un rôle secondaire en Afrique, mais ne s’en désintéresse pas. L’entourage de la chancelière justifie l’absence de celle-ci en Afrique du Sud par la présence du président, Joachim Gauck.

Mais les déplacements de Mme Merkel confirment son intérêt limité pour l’Afrique. Alors qu’elle a effectué soixante voyages en Asie depuis 2007, on ne compte que dix déplacements en Afrique. Quatre en 2007 : en Egypte, en Ethiopie, en Afrique du Sud et au Liberia. Un seul en 2008 : en Algérie. Un en 2009 : en Egypte (avant d’aller en Israël). Un en 2010 : en Afrique du Sud, à l’occasion de la Coupe du monde de football. Trois en 2011 : au Kenya, en Angola et au Nigeria, parcourus en soixante-douze heures. Depuis, plus rien.

Les raisons en sont assez simples. Economiquement, l’Afrique représente à peine 2 % des exportations allemandes (20 milliards d’euros sur 1 100 milliards en 2012). Le premier client de l’Allemagne sur ce continent, l’Afrique du Sud, n’est que le 28e partenaire commercial de Berlin. De plus, l’Allemagne n’a pas le même rapport à l’Afrique que la France.

SOUTIEN POLITIQUE À L’INTERVENTION EN CENTRAFRIQUE

« La France a une situation historique qui, par exemple, a amené de très nombreux Français à vivre en Afrique, de la Côte d’Ivoire au Mali et en Centrafrique, ce qui naturellement génère de tout autres fonctions de protection », a expliqué, mercredi, Angela Merkel. Celle-ci n’a pas émis de critique à l’encontre du rôle de « gendarme de l’Afrique » que joue encore la France. Elle « soutient politiquement » l’intervention en Centrafrique. En revanche, pour ce qui est d’y contribuer, au moins financièrement, « on devra en parler en Europe. C’est encore l’objet de discussions », a-t-elle indiqué.

De manière significative, dans son rapport « Nouveau pouvoir, nouvelle responsabilité » paru en octobre, l’influente Stiftung Wissenschaft und Politik (Fondation science et politique), un cercle de réflexion, ne classe que deux pays africains parmi les 29 (l’Union européenne ne compte que pour un) qui joueront à l’avenir un rôle stratégique pour l’Allemagne : l’Afrique du Sud et le Nigeria. Et encore, leur importance est jugée « secondaire ».

Pourtant, l’Allemagne ne saurait se désintéresser de l’Afrique. Parce que c’est de là qu’elle importe une partie de son pétrole ; parce qu’une part considérable de son commerce transite par le détroit d’Ormuz, et se trouve donc sous la menace des rebelles somaliens ; parce que la France l’entraîne, bon gré mal gré, dans ses expéditions, comme au Mali où elle apporte une aide logistique.

En 2011, le ministère des affaires étrangères a publié un document intitulé « Allemagne et Afrique : le programme du gouvernement fédéral ». On y lit notamment que « l’Allemagne considère que sont les premiers responsables pour leur continent ».

SIX DOMAINES-CLÉS POUR SA COOPÉRATION AVEC L’AFRIQUE

L’Allemagne a par ailleurs choisi « six domaines-clés » pour sa coopération avec l’Afrique : « la paix et la sécurité ; la bonne gouvernance, l’Etat de droit, la démocratie et les droits de l’homme ; l’économie ; le climat et l’environnement ; l’énergie et les matières premières ; le développement, la formation et la recherche ». Des thèmes consensuels, mais qui recouvrent parfois des initiatives ambitieuses comme le projet Desertec mené par des industriels allemands en Afrique du Nord pour y développer les énergies renouvelables.

Par ailleurs, les riches fondations, comme la Fondation Friedrich-Ebert (proche du Parti social-démocrate) ou la Fondation Konrad-Adenauer (proche de la CDU), jouent un rôle non négligeable auprès de la société civile et des élites politiques.

L’Allemagne doit également s’intéresser à l’Afrique parce que l’Afrique le demande. Ces derniers mois, Angela Merkel a ainsi reçu à Berlin le président égyptien, Mohamed Morsi (avant sa destitution), le premier ministre tunisien, Ali Larayedh, ainsi que le président ivoirien, Alassane Ouattara, venus parler à celle qui, à leurs yeux, incarne le pouvoir en Europe et leur permet de sortir du tête-à-tête avec la France.

Mercredi, devant une Angela Merkel surprise, le président malien a d’ailleurs révélé : « L’Allemagne au Mali dispose du code diplomatique 001. Cela signifie (…) qu’elle est notre principal partenaire sur la scène internationale. L’Allemagne est le principal partenaire et le restera. »

 

Source : le monde

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