Le MNLA et le HCUA exigent le retrait de l’armée du Nord, la libération des prisonniers et le droit à l’autodétermination de l’ »Azawad ».
Un tonneau peint aux couleurs du MNLA à la frontiere du Mali et du Niger.
RFI
Les délégations du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) sont parvenues samedi à Ouagadougou à un rapprochement de leurs organisations et adopté une position commune sur la tenue de la présidentielle dans les trois régions du Nord, notamment à Kidal toujours sous leur contrôle.
Dans leur « accord-cadre », le MNLA et le HCUA, qui se rendront dorénavant « à la table des négociations comme un seul mouvement », selon Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, sont allés au-delà de la question de Kidal et de l’élection. Ils ont en effet appelé à un « cessez-le-feu » avec Bamako sous l’égide de la communauté internationale.
Ils réclament aussi une résolution de l’ONU leur garantissant le « retrait de l’armée malienne du territoire de l’Azawad » (nom qu’ils donnent à tout le Nord malien) et la reconnaissance d’un « statut juridique spécifique » à cette région. Ils plaident à terme pour le « droit à l’autodétermination du peuple de l’Azawad », sans évoquer l’indépendance, revendication à laquelle avait renoncé il y a plusieurs mois le MNLA, qui en était le fer de lance.
« L’armée malienne n’a pas de rôle à jouer dans le système électoral et dans les élections présidentielles », a déclaré samedi Attaher devant la presse, au nom des deux groupes.
Ces élections « doivent être sécurisées par les forces de la Minusma », la force onusienne de maintien de la paix censée se déployer en juillet, a-t-il poursuivi, affirmant que « les exactions continuent tous les jours contre les populations touareg et arabes dans les zones contrôlées par l’armée malienne ».
« Nous pensons que nous pouvons, avec la communauté internationale, avec la médiation, avec la Minusma, organiser l’élection présidentielle sans que l’armée malienne soit à Kidal », insiste Attaher. Les deux mouvements ont enfin souhaité la libération de « tous les Azawadiens détenus par les autorités maliennes ».
Avec ces conditions, le médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président burkinabé Blaise Compaoré qui a engagé la semaine dernier, la discussion avec les autorités maliennes et les mouvements touareg, aura du mal à amener les deux partis à un accord grâce au « dialogue direct » annoncé pour cette semaine.
Son ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, s’est réjoui du rapprochement entre le MNLA et le HCUA, auquel poussait Ouagadougou. Les prochaines négociations entre les mouvements touaregs et Bamako « vont bientôt aboutir à une normalisation et à la création des conditions favorables à la tenue des élections », a-t-il estimé, saluant une « bonne volonté de part et d’autre ». « Il faut bien sûr régler les modalités pratiques, en particulier la question relative au retour de l’armée à Kidal », a-t-il toutefois admis, sans se prononcer sur un calendrier.
Pour Bamako, la présence de l’armée est une exigence. Le gouvernement ne cesse de rappeler qu’ »il ne pouvait y avoir deux armées dans le pays » et que la présence de l’armée nationale, avant même le 1er tour de la présidentielle, le 28 juillet prochain, était un impératif. Cette position risque de ne point évoluer à cause de la pression populaire.
Jeudi dernier, la population est descendue dans la rue à Gao pour interpeller Français Hollande sur Kidal une semaine après les mises en garde des organisations de jeunes et surtout de nombreux candidats à la présidentielle qui menacent de boycotter si Kidal n’est pas dans le giron de Bamako.
Abdoulaye Diakité