Le premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet dernier, marqué par des insuffisances au plan organisationnel et sécuritaire, ne semble pas crédible et transparent comme promis, selon plusieurs candidats. Les résultats provisoires rendus publics, le jeudi dernier, par le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation ont été suivis par une série de mise en cause, voire de contestations par plusieurs candidats.
Trucage, bourrages d’urnes, fraudes massives et achats de consciences ; bref, voilà quelques motifs soulignés par plusieurs candidats qui contestent les résultats issus du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet dernier sur une bonne partie du territoire national. Comme annoncé lors de la conférence de presse de la coalition des 17 candidats, le mercredi dernier, à la maison de la presse, des candidats dont Soumaïla Cissé, le principal rival du Président sortant ont catégoriquement rejeté les résultats du premier tour de cette élection présidentielle. Cela, pour « irrégularités et bourrages d’urnes ». Des requêtes ont été déposées au niveau de la Cour Constitutionnelle ; conformément aux dispositions légales prévues par la loi électorale en vigueur par
Soumaïla Cissé, candidat de la Plateforme Ensemble Restaurons l’Espoir :
Le vendredi matin, vers 11h, le principal rival du Président sortant, arrivé à la deuxième position avec 573.111 voix (soit 17,80% des résultats), n’a pas voulu tourner avec le dos de la cuillère : « Ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliennes et des Maliens ! Ils ne sont ni sincères ni crédibles. Ce sont des résultats de la fraude, d’un bourrage honteux des urnes en faveur du Président de la République sortant. Ils sont les fruits de grosses irrégularités et de violations délibérées de la loi électorale. Ce sont des résultats manipulés. Nous ne les accepterons pas », s’est-il insurgé devant le QG de sa campagne, sis à l’ACI 2000, face à ses militants et Hommes des médias. Le Chef de file de l’opposition a ensuite appelé les autres candidats à la constitution d’un large front démocratique contre la fraude, pour la transparence électorale, pour l’alternance, le changement et la rupture avec la mauvaise gouvernance.
Aliou Diallo, candidat de la Nouvelle Indépendance
«…Notre victoire nous a été volée du fait d’un très grand nombre d’irrégularités flagrantes et de pratiques politiques d’un autre temps. Ces faits visibles de tous mettent sérieusement en doute la sincérité et la transparence de ce scrutin. Chacun a pu constater le bourrage des urnes dans certaines localités, leur enlèvement illégal ailleurs, la violation de la procédure de dépouillement dans de nombreux bureaux de vote, l’achat massif des consciences ou encore les plus de 200.000 bulletins déclarés nuls. J’estime pour ma part que ces irrégularités et ces faits graves ont largement contribué à positionner certains candidats dans des rangs qui ne leur reviennent pas». C’est en ces termes que les contestateurs dans un communiqué rendu public le jeudi soir que le candidat de la Nouvelle Indépendance Aliou Boubacar Diallo a lui aussi mis en cause la sincérité des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle du dimanche 29 juillet dernier. Arrivé à la troisième position avec 250.167 voix (soit 7,95%), le richissime du Wassoul’Or se voit pas dans ses droits : «J’ai invité mes conseillers juridiques à introduire des recours auprès des autorités compétentes afin de nous rétablir dans nos droits », ajouta-t-il.
Modibo Sidibé, candidat du Nouveau Pole politique (NPP)
C’est dans la nuit du vendredi dernier que l’ancien Premier Ministre de l’ex Président ATT a annoncé son désaccord face aux résultats provisoires proclamés par le MATD, le mercredi dernier, qui lui attribuait 1,43% des suffrages valablement exprimés. Selon Modibo Sidibé, ces résultats sont loin d’être l’expression du Peuple malien : « Ces résultats ne reflètent pas les efforts déployés sur le terrain par nos militants, nos sympathisants et le Peuple malien qui expriment depuis plusieurs années maintenant leur soif d’alternance et de renouveau. Nous avons affirmé notre volonté d’aller à cette élection présidentielle tout en sachant qu’elle ne serait pas parfaite au regard de la situation sécuritaire, mais le souci de préserver la République et la Démocratie et la nécessité d’une sortie de crise endogène et durable, nous ont amené à exiger une élection à la date et acceptable, devant traduire la volonté authentique exprimée par le Peuple malien. Les innombrables irrégularités qui ont émaillé cette élection ne peuvent être acceptées dans une démocratie et traduisent un manque de respect pour notre Peuple, une volonté délibérée de déposséder le Peuple de son choix. Quel outrage que de spolier le Peuple son vote? », s’est-il questionné.
Mountaga Tall, candidat du CNID-Fasso Yiriwaton:
«Élection ou haute couture ? On découpe et distribue les suffrages comme on veut. Puni pour une vidéo avec la volonté de blesser et casser le moral des soutiens ? Refusons jusqu’à la publication des résultats de Bureau de vote par Bureau de vote ». C’est par une série de questionnements que l’ancien ami, actuel ennemi de l’actuel Président candidat, a mis en doute la crédibilité et la sincérité des résultats provisoires rendus publics par le MATD qui lui ont réservé 0,63% des voix. Il s’agit là d’un partage fantasque des suffrages sur fond de favoritisme.
Moussa Sinko Coulibaly, candidat de la Plateforme pour le Changement :
Dans une vidéo de 4mn 21 secondes rendue publique le 4 août dernier, l’ancien Ministre de l’Administration Territoriale, le Général démissionnaire Moussa Sinko Coulibaly, avec 0,92%, a contesté les résultats provisoires proclamés par le Ministre de l’Administration Territoriale : « Nous considérons ces chiffres publiés comme fantaisistes, très loin des votes exprimés par les Maliens. Cette élection est une honte pour ceux qui l’ont organisée. Ces élections ont été entachées de beaucoup d’irrégularités et de fraudes, irrégularités reconnues par le Ministère chargé des élections. Ces irrégularités ne permettent pas de dire que le vote a été juste, équilibré ou sincère .Ces élections bâclées, truquées, frauduleuses et illégitimes démontrent encore une fois l’incapacité du régime actuel à diriger le Mali. Nous ne pouvons pas nous reconnaitre dans un processus qui ne reflète pas la volonté du Peuple malien. Nous avons décidé de rejeter l’ensemble des résultats de l’élection présidentielle », a-t-il déclaré avant d’appeler tous les Maliens à la constitution d’une force de résistance contre « la fraude ».
Seydou Konaté : Le Combat