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Politique nationale Genre : des acquis et des défis à relever

Il y a plus de 20 ans, notre pays s’est engagé pour la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en adoptant la Politique nationale genre. Si des efforts ont été faits dans ce sens, force est de reconnaître que la gent féminine est toujours lésée dans certains de ses droits essentiels bien qu’elle constitue plus de la moitié de la population

 

Le Premier ministre Moctar Ouane a présidé hier lundi les travaux de la deuxième session du Conseil supérieur de la Politique nationale genre. La rencontre, tenue à la Primature, a réuni autour du chef du gouvernement, plusieurs ministres dont celle en charge de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, la représentante résidente de l’ONU-Femmes au Mali, Béatrice Eyong et des diplomates.
En trois ans d’existence, ce Conseil supérieur consacré à l’épanouissement et au progrès de la femme dans notre pays est le deuxième du genre (le premier a eu lieu en 2017).

Il faut rappeler que c’est en novembre 2010 que le Mali s’est résolument engagé pour la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en adoptant «La Politique nationale genre PNG/Mali». Elle a pour ambition de parvenir à court, moyen et long termes, à réaliser l’équité et l’égalité de genre par l’instauration d’un environnement socioculturel, juridique, économique et institutionnel favorable à l’institutionnalisation du genre dans les politiques et programmes de projets de développement.

À travers cette politique, notre pays entend concrétiser ses engagements, nationaux africains et internationaux au regard de l’édification d’une société juste et démocratique et d’un État de droit dans lequel l’égalité homme-femme constitue une valeur fondamentale conformément aux dispositions de la Constitution de février 1992. Partant de là, la représentante résidente de l’ONU-Femmes n’a pas passé sous silence les efforts consentis par les autorités du Mali dans le cadre de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Béarice Eyong a ainsi rappelé que 2010 a été une année remarquable dans l’engagement et la reconnaissance du Mali en matière de promotion de l’égalité homme/femme à travers l’adoption d’une Politique nationale genre.

Chose qui, de son point de vue, a marqué l’émergence de l’institutionnalisation du genre comme un principe de bonne gouvernance dans la conduite des politiques et programmes, dans les législations et enfin la réflexion et la transformation guidée par la réduction des inégalités entre garçons et filles et entre femmes et hommes. Trois ans après la tenue de la première rencontre, la représentante de l’ONU-Femmes a reconnu que la mise en œuvre de la Politique nationale genre a fait naitre l’ambition d’impulser une nouvelle génération de droits au Mali, notamment les droits à l’égalité réelle et concrète pour être tout autant un moteur puissant de l’autonomisation des femmes et des filles.

«Les partenaires techniques et financiers par ma voix félicitent l’État du Mali pour l’adoption de disposition législative visant à assurer un accès équitable aux terres agricoles aménagées par l’État et les collectivités. Cette loi favorise l’attribution d’au moins 15% des aménagements fonciers de l’État ou des collectivités territoriales aux groupements et associations de femmes et de jeunes situés dans la zone concernée», s’est-elle réjouie.

Toujours dans le cadre des progrès réalisés par notre pays en la matière, Béatrice Eyong a cité l’application de la loi 052. En témoignent, dit-elle, les résultats de la dernière élection législative avec 42 femmes députés (28,57%) contre 9,52% pour la législature 2013-2020. À cela s’ajoute la présence de 10 femmes sur 51 membres, soit environ 20% dans le conseil de suivi de l’Accord d’Alger.

En dépit de ces progrès relatif, d’autres réalités demeurent. Et la représentante de l’organisme onusien d’attirer l’attention des participants sur le fait que les femmes représentant plus de la moitié de la population malienne, ne bénéficient pas du plein exercice de tous leurs droits humains tant civils et politiques qu’économiques et sociaux, et continuent de subir des discriminations en raison de leur genre. « Ce qui veut dire que 50% du potentiel humain est mis à côté », a-t-elle regretté.

La ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a indiqué que cette session, en plus de l’opportunité qu’elle offre de mesurer le chemin parcouru, constitue aussi un moment d’engagement et de résolution, pour améliorer la condition de la femme, à travers la mise en œuvre de la politique nationale genre. «À l’instar de tous les autres secteurs importants pour le développement de notre pays, l’efficacité des interventions dans le domaine du genre, dépend largement de la compréhension du concept genre, et aussi de l’utilisation des outils de la gestion axée sur les résultats, et notamment de la planification stratégique», a-t-elle déclaré.

Bouaré Bintou Founé Samaké a également évoqué les défis qui jalonnent la mise en œuvre de la Politique nationale genre. Ce sont, entre autres, l’absence d’une analyse genre des politiques et programmes évoluant dans les ministères, l’insuffisance des ressources financières limitant les capacités du secrétariat permanent de suivi de la mise œuvre de la PNG, le fonctionnement irrégulier des comités sectoriels du genre tant au niveau des départements qu’au niveau régional, mais surtout l’insuffisance de concertation entre les acteurs (ministères-OSC-privés-PTF), etc.

Après un peu plus d’une heure de travaux à huis clos, le chef du gouvernement a fait part de sa satisfaction quant aux différentes contributions des participants. Moctar Ouane a également salué l’ensemble des partenaires techniques et financiers pour leur engagement auprès de notre pays dans le cadre de la mise en œuvre de cette politique. Il a assuré que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour offrir des opportunités de développement aux femmes dans notre pays.

Mohamed TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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