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Trentenaire de la démocratie malienne : regards croisés des acteurs politiques et sociaux

À l’occasion de la célébration du 26 mars, la Maison de la presse en partenariat avec le groupe ‘’Renouveau’’ et la ‘’Plume du Mali’’ a organisé, vendredi dernier, une conférence-débat sur le processus démocratique au Mali. Cette rencontre, qui s’est tenue dans les locaux de la Maison de la presse, a enregistré la présence des acteurs politiques et de la société civile et une foule de personnes.

Le thème de la conférence qui s’inscrivait dans la commémoration du trentenaire de la démocratie malienne était : «Regards croisés des acteurs et témoins sur les acquis, défis et perspectives». Il s’agissait, pour les organisateurs, de recueillir l’avis des politiques, de la société civile et de la diaspora sur l’état de la démocratie malienne après 30 ans d’existence dans l’optique de produire un document scientifique et des synthèses. Mais aussi de suggérer «des pistes d’actions et des recommandations pratiques à l’endroit des décideurs pour une démocratie du peuple, par le peuple et pour le peuple».

Ainsi, au cours de cette rencontre, deux panels ont été exposés. Le thème phare de cette rencontre a été animé par des hommes politiques. Dans ce panel, les intervenants ont eu une lecture différente sur les causes qui ont sous-tendu la révolution du 26 mars. Tiébilé Dramé du Parena (Parti pour la renaissance nationale) et Moustaph Dicko de l’Adema-PASJ ont justifié les événements de mars 1991 par l’absence «des libertés d’expression, d’association, de constituer des partis politiques ainsi que d’aller et de venir». Ces valeurs qui constituent aujourd’hui, selon eux, des acquis de la démocratie.

De son côté, Dr Choguel Kokalla Maïga du MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau), a estimé qu’au moment du changement du régime de Moussa Traoré, les principales libertés étaient restaurées. «Il restait formellement à sortir l’unicité du parti de la Constitution», a confié le leader politique. Pour conforter sa thèse consistant à dire que tout le tableau n’était pas noir, le président du MPR a affirmé que le Mali avait une Armée digne de ce nom.

Au demeurant, les panelistes ont tous noté des insuffisances dans notre processus démocratique que «sont la mauvaise gouvernance, l’absence de bonne éducation, l’impunité et l’insécurité».
Sur ce registre, afin de combattre vigoureusement la corruption, Tiébilé Dramé a exhorté les forces politique et sociale à ne pas se contenter de dénoncer, mais de mettre le doigt sur des cas concrets.

Le responsable politique a, par ailleurs, demandé d’inclure aux missions de la Commission vérité, justice et réconciliation la possibilité de porter la lumière sur tous les crimes qui se sont produits dans notre pays. Il faisait allusion aux cas de Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko, l’ancien président Modibo Keita, Abdoul Karim Camara dit Cabral… Partant de ce constat, les intervenants ont souligné l’urgence de pallier ensemble les maux qui gangrènent notre pays. «Face à ces défis, aucun groupe de Maliens à part n’a de réponses appropriées. Il faut l’union nationale et la jonction des forces et énergies de toutes les filles et de tous les fils du pays. C’est de cela dont le pays a besoin à cette étape», a exhorté Tiébilé Dramé.

Maintenant que le diagnostic est fait, a préconisé Dr Choguel Kokalla Maïga, «il faut une union sacrée de l’ensemble des forces politiques et sociales pour reconstruire notre armée, les vertus de la justice, l’école et recoudre le tissu social». Pour lui, cela se fera à travers les assises de la refondation de l’État
Auparavant, l’autre panel avait regroupé les acteurs de la société civile, dont la présidente de la Coordination des associations et organisations féminines (Cafo), Oulématou Sow. Ils ont fait l’état des lieux de cette entité et proposé des pistes de solutions.

Il ressort des différentes interventions qu’aujourd’hui la société civile est «politisée» et «instrumentalisée». «Cela s’explique par le fait que chaque homme politique ou pouvoir politique veut avoir sa propre société civile qui travaille pour lui», a indiqué la directrice exécutive de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (Ajcad). Pour y remédier, les conférenciers ont demandé de mettre la lumière sur cette société civile consciente et responsable qui joue ce rôle de contre-pouvoir, d’alerte et d’orientation. Mais cela se fera, d’après eux, avec l’accompagnement des politiques qui doivent cesser d’instrumentaliser la société civile.

Bembablin DOUMBIA

Source : L’ESSOR

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