Le Mali va mal, voire très mal. C’est une lapalissade que de le dire aujourd’hui. Face à la crise qui a suivi le coup d’Etat de mars 2012, à l’occupation djihadiste, à la perte de souveraineté sur une bonne partie du territoire, à la généralisation d’une insécurité galopante, à l’impression d’injustice et d’impunité qui caractérise la gouvernance des affaires publiques, etc. Le peuple est passé de l’espoir à l’angoisse et de l’angoisse à l’anxiété. Aujourd’hui, il n’est malheureusement pas exagéré de dire que nos compatriotes ont quasiment perdu le sommeil, tant les maux qui meublent leur quotidien sont accablants et à la limite asphyxiants. La situation est davantage aggravée par l’absence totale de perspectives et surtout d’espaces de débats contradictoires citoyens.
Alors, dès lors qu’ils en ont l’occasion, tel que le dimanche 28 août 2016 dernier, où le «Grin» des Kalifa Dienta et autres recevait l’ancien Premier ministre et président du parti FARE AN KA WULI, Modibo Sidibé, ils ne se privent point d’étaler leur amertume, leur déception et leur colère contre tous ceux qui incarnent à leurs yeux cet Etat incapable d’assumer ses prérogatives les plus élémentaires…
Ce dimanche, l’occasion était donc belle pour les participants à ce «Grin des FARE» de se «défouler», ne serait-ce qu’en l’espace d’une causerie à bâtons rompus avec quelqu’un qui incarne à leurs yeux l’Etat et la classe politique à l’égard desquels ils nourrissent beaucoup de griefs, à tort ou à raison. Des inquiétudes et une désespérance plus ou moins légitimes vis-à-vis du politique et de l’Etat… En un mot, il est apparu, au fil des échanges, que le citoyen malien, confus et désabusé, ne sait véritablement plus à quel Saint se vouer, tellement la désillusion est grande, tellement les difficultés quotidiennes sont devenues insupportables, tellement l’absence de perspective en rajoute à la gravité de la situation.
Nos compatriotes se posent mille et une questions auxquelles ils ne semblent pour l’instant avoir aucune réponse susceptible d’apaiser leur angoisse et leurs inquiétudes face à un lendemain de plus en plus incertain, malheureusement. À la faveur de la moindre opportunité, du moindre espace de liberté, de la plus infime lueur d’espoir qui soit, ils n’hésitent alors pas à se «défouler». Il en a encore été ainsi lors de ce «Grin» à Hamdallaye, le dimanche dernier, en présence et sous le regard impassible du Doyen et patriarche de quartier Dassé Mariko, mais visiblement très préoccupé par toute cette génération de citoyens plus victime que comptable des maux qui minent son existence.
La simple présence parmi eux, face à eux et prêt à se soumettre à leurs interrogations, d’un grand commis de l’Etat, ancien Premier ministre et de surcroît président d’un parti politique qui se veut de seconde génération, devenait une opportunité presqu’inespérée pour la quasi- majorité du public présent. Raison pour laquelle, à travers ses nombreuses questions, le public s’est délecté avec avidité et intérêt manifeste de la circonstance ainsi offerte. En effet, depuis son Manifeste publié en 2012, ce qui allait par la suite devenir les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE AN KA WULI), le parti aujourd’hui présidé par l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, s’est engagé à faire de la politique autrement. C’est pourquoi le parti innove en matière de relations avec le citoyen ordinaire au-delà de ses militants et sympathisants.
Parmi ces innovations, on peut notamment citer les «Grins» animés à la demande d’un groupe de citoyens donné un peu partout à Bamako et à l’intérieur du pays. C’est ainsi qu’à l’invitation du Chef de Grin, Alassane Mariko, et ses camarades, sis à la rue à l’opposé de celle de la maternité de Hamdallaye en Commune IV du District de Bamako, Modibo Sidibé a tenu en haleine le public composé essentiellement de sympathisants et aussi de simples curieux venus en nombre respectable vivre en direct cet événement «inédit» dans leur quartier, selon le Chef de «Grin».
Pendant donc plus de deux heures d’horloge, Modibo Sidibé s’est soumis au «rouleau compresseur» des questions de l’assistance. Auparavant, le porte-parole du «Grin», M. Arouna Diabaté, a exprimé toute la joie et le sentiment de fierté qui étaient les leurs en ces instants précis du fait de la présence parmi eux de Modibo Sidibé. En effet, dira-t-il, «cette présence en ces lieux, dans cette rue cabossée et délabrée de l’un des quartiers les plus populaires de la ville de Bamako, constitue incontestablement une véritable source de fierté pour les populations riveraines». Il planta ensuite le décor de la rencontre «dont l’objectif n’est autre que de permettre un échange franc et direct entre les participants et leur illustre hôte du jour».
Le décor ainsi campé, la dizaine d’intervenants, dont Dr. Moussa D. Mariko (cardiologue de son état) MM. Modibo Konaté, Ali Badra Diallo, Djélimory Diabaté, Soumaïla Boré, Hamsala Mahamadou Ouélé, Mamadou Lamine Kamissoko, Mme Mariko Goundo Diallo, Ousmane Diarra, Sadio Korkoss ainsi que le benjamin des intervenants Dassé Madou, entre autres, ont tour à tour pris la parole à travers des séries de questions pour porter les préoccupations des membres du «Grin». Sans esquive, dérobade ou faux-fuyant, Modibo Sidibé s’est prêté volontiers à cet exercice qu’il a librement initié afin de recueillir les avis et les sentiments de ses compatriotes sans aucune considération d’appartenance politique ou sociale.
Les sujets abordés ont essentiellement porté sur le parcours d’homme d’Etat et la motivation de son engagement en politique ; sur l’actualité nationale dominée par la crise du nord, l’insécurité, la situation de l’armée nationale, la cherté de la vie, la gouvernance actuelle, l’opération de déguerpissement dite «Ami Kane», l’arrestation de Ras Bath, les relations de Modibo avec l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré (ATT), Soumaïla Cissé, Chef de File de l’Opposition ainsi que celle des FARE AN KA WULI au sein de l’opposition démocratique et républicaine, l’Initiative Riz, le projet de société de Modibo Sidibé et du parti FARE pour un Mali meilleur, les allégations de «détournement» de l’uranium de Faléa, la place de la jeunesse et des femmes dans le projet de société du parti, l’emploi des jeunes et la lutte contre le chômage, les maux du système scolaire et universitaire, la formation de ressources humaines de qualité, etc.
Autant de questions et de sujets de préoccupations qui ont meublé les échanges de l’ancien Premier ministre avec ses hôtes du jour. Si la plupart de ces questions et sujets avaient déjà été évoqués à plusieurs reprises par le président des FARE, lors d’autres espaces, celui relatif aux rumeurs ayant entouré la concession, l’exploitation et la gestion de la mine d’uranium de Faléa, apparaît comme une nouveauté. À ce sujet, afin d’éclairer de la façon la plus simple et précise l’opinion publique, Modibo Sidibé répondra que ce sujet, à l’instar de bien d’autres allégations mensongères à la limite souvent diffamatoires que certaines personnes ou milieux, pour des motivations certainement inavouées, ont intentionnellement fait circuler à son endroit depuis son engagement sur la scène politique. Sans quoi, lorsqu’il arrivait à la Primature, le dossier de Faléa était déjà bouclé par son prédécesseur le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. Il en est de même du ministre Abou Bakar Traoré, qui n’était pas à l’époque ministre des Mines, mais plutôt celui des Finances. Comment aurait-il pu «détourner» quoi que ce soit dans un dossier qui n’a jamais passé par lui ? Voilà, selon Modibo Sidibé, ce qu’il en est réellement du dossier de la mine de Faléa. Il poursuit que «malheureusement notre société se spécialise de plus en plus dans la désinformation, l’intoxication et la médisance gratuite». Ce qu’il trouve déplorable. Car notre pays et notre nation se sont bâtis sur des valeurs de portées mondiales et admirées au-delà de nos frontières. Néanmoins, il rappelle que depuis la pré-campagne jusqu’à la campagne pour l’élection présidentielle de 2013, il a demandé à tous ses proches et compagnons de ne jamais s’attaquer à personne, encore moins à un quelconque concurrent politique et d’ignorer les attaques personnelles et autres allégations mensongères que certains seraient tentés de raconter à son endroit.
Aujourd’hui encore, il réitère le même message à l’adresse de tous ceux qui se reconnaissent ou adhèrent au projet de société des FARE. Pour lui, «les seuls débats qui vaillent dans une démocratie doivent être ceux qui portent sur les projets et programmes de société et non concentrer uniquement sur les individus». Il a donc invité ses compatriotes à davantage orienter leurs choix politiques sur les projets et programmes présentés par les uns et les autres et non plus sur les individus. Quant à l’opération de déguerpissement et «l’affaire Ras Bath », sans s’aventurer sur le fond des deux sujets, Modibo Sidibé trouve absolument nécessaire l’assainissement de la ville de Bamako. Mais, cependant, il déplore la manière avec laquelle l’opération a été menée et condamne les violences qui en ont découlées. Il a dit que c’est un mal nécessaire afin d’améliorer le cadre de vie des populations de Bamako. Mais, précisera-t-il, «cela doit se faire avec l’implication de tous et dans l’intérêt supérieur de la collectivité. Elle ne doit se faire au détriment de personne et encore davantage contre personne. Ce que le dialogue et la concertation permettent toujours d’obtenir comme résultat».
Malgré le soleil déclinant vers l’Ouest et la fine pluie qui arrosait la ville de Bamako en ce moment, Modibo Sidibé a eu de la peine (au propre comme au figuré) de prendre congé d’un public désormais édifié et tout acquis à sa cause, c’est-à-dire : celle d’un Mali fort, juste et solidaire. Assailli par tous ceux-là qui voulaient se prendre en photo avec lui ou pour poursuivre les échanges en aparté, il a fallu le concours des responsables du «Grin», pour «soustraire» le président des FARE «des mains» de ses nombreux sympathisants voulant profiter au mieux de ces instants mémorables et inédits. Néanmoins, il a fallu réitérer sa totale et entière disponibilité à revenir très prochainement pour d’autres espaces citoyens du genre dès sollicitation. Comme quoi, le parti FARE AN KA WULI, maintient, persiste et signe son engagement et à sa détermination à «faire de la politique autrement» en privilégiant et en plaçant le citoyen au cœur de son action. Oui, c’est possible !
B. SIDIBE
Source : Le Repère