Au XIXe siècle, la dynastie des Qing, régnante de Chine avait interdit le commerce de l’opium sur son territoire. Estimant que cette mesure contrariait ses intérêts commerciaux, la Grande Bretagne, lui déclara la guerre, dite première guerre de l’opium. Victorieuse, elle a exigé et obtenu de la Chine la session d’une partie de son territoire qui sera exclusivement sous son contrôle.
La première concession territoriale, l’île Hong –Kong était créée : c’était en 1842.
Alors, comme des vautours autour d’un cadavre, profitant de la brèche ouverte par la Grande Bretagne, le Japon et toutes les nations occidentales : France, Portugal, Belgique, Hollande, Etats-Unis … s’y engouffrèrent et l’Empire du milieu décadent vit son territoire truffé de concessions territoriales sur lesquelles il n’avait aucun contrôle. Il a fallu l’instauration de la république en 1912 et surtout, le triomphe de sa révolution, conduite par Mao Zedong en 1949 pour que la Chine retrouve sa dignité et partant, son intégrité territoriale. Hong-Kong n’a été rétrocédée à la Chine on s’en souvient qu’en 1999, après plus de 150 ans !
Sans vouloir comparer notre pays à La Chine du XIXe siècle, à l’observation de ce qui se passe sur notre territoire national, force est de reconnaître que nous n’avons aucune maîtrise de la plupart des attributs d’un état souverain. Dans le domaine de la sécurité, prétextant de lutter contre le terrorisme, nos « amis français » n’ont-ils pas transformé la région de Kidal en concession territoriale ?
D’importantes zones des régions de Gao, Tombouctou et de Mopti et même de Ségou, échappent aujourd’hui à l’autorité de l’état et obéissent plutôt aux injonctions de chefs de guerre qui essaiment les lieux. N’avons-nous pas là des concessions territoriales qui ne disent pas leurs noms ? Si on ne prend garde, à ce rythme, la république du Mali se réduira au District de Bamako. Dans le domaine social et économique, il n’existe aucun secteur d’activité qui ne soit tributaire d’un projet piloté par une ONG.
La plupart du temps, ce sont les ONG qui viennent avec leurs projets montés et au mieux les soumettent pour ne pas dire les imposent au gouvernement. Elles choisissent leurs lieux d’intervention et là, elles agissent comme en pays conquis. Elles ne sont pas astreintes à des évaluations. Si elles le sont, ce n’est certainement pas par les institutions maliennes mais par celles de leurs de leurs pays d’origine.
A propos, d’immixtion des ONG dans la gouvernance du pays, lire l’article, Le Mali sous tutelle de la « communauté internationale » du professeur Joseph Brunet JAILLY publié dans Mediapart que nous avons repris dans Delta News N° 113 ,114 et 115. Il est assez édifiant.
On nous révèle concernant la gouvernance que même les documents présentés à Bruxelles en mai 2013 ont été rédigés par les bailleurs de fonds eux-mêmes. « Cinquante ans après son indépendance, le Mali ne possèdent pas de hauts cadres compétents clairement engagés dans la conception, la défense, l’exécution et l’évaluation de stratégies nationales. » (cf. l’article précité : Les ministères). Ce jugement n’est-il pas excessif ?
Exagéré ou pas, force est de reconnaître que nous sommes – pour utiliser le vocable onusien – un état failli. C’est pourquoi, nous pensons qu’il est temps que le Président de la République dans un élan patriotique batte le Tabale ou le Tinde de regroupement pour débattre du devenir de la nation. Cet échange franc, engendrera un sursaut national patriotique autour de lui. Une chanson de geste du Mande ne proclame-t-elle pas : « kélè de mande jo, kèlè de mande ci » ? Autrement : « ce sont les guerres qui ont bâti le Mali, ce sont les guerres qui ont détruit le Mali. »
Connaissant l’attachement passionnel et viscéral à sa patrie du « mande mansa » actuel, nous sommes persuadés qu’il ne permettra pas que l’histoire retienne que c’est sous sa gouvernance que s’est réalisée la deuxième stance de cette chanson.
…sans rancune
Wamseru A. Asama