La mythologie grecque raconte qu’Hercule, pour se sauver, et se réconcilier, s’est vu imposer 12 travaux. Seulement, Hercule était demi-dieu.
Le Dr. Boubou Cissé a planté le décor dès sa déclaration lors de la passation et de sa prise de la charge ; « je ne suis pas un messie ». C’est à peine s’il n’a pas prêché, dans le désert. Car, si tout le monde a apprécié l’humilité et la détermination qui transpiraient du message, on n’attend pour autant pas moins qu’il fasse du miracle.
La première difficulté qui attend le Premier ministre est la composition du gouvernement. Si les principes de la feuille de route et d’une charte ont été acceptés, il reste à ce que toute la classe politique malienne s’entende sur un minimum. Ce sera déjà une prouesse et un premier succès.
Les chantiers qui attendent le Premier ministre et son gouvernement sont tellement nombreux qu’il faut la recette du roi Guezo pour au moins que l’on y trouve une solution. Il faut que chacun joue son rôle et sa partition, que tout le monde soit, au moins de bonne foi et de bonne volonté.
Le premier à s’engager doit être le président IBK. A priori, il a eu la main heureuse dans le choix du Premier ministre. Son rôle à ce stade est de la protéger et de le soutenir. Il ne lui manquera pas d’adversaires, surtout ceux qui ont des agendas, mais, le soutien du président serait déterminant dans l’accalmie qui va entourer le premier ministre et dans la réussite de sa mission.
Pour ce qui concerne les chantiers, ils sont aussi nombreux et apparentés chacun aux 12 travaux d’Hercule, parmi lesquels, le 9ème, le nettoyage des écuries d’Augias, qui ne l’avaient pas été depuis 30 ans.
La paix et la réconciliation est à n’en pas douter le chantier le plus déterminent. Pour que réussissent tous les autres chantiers, pour que revienne l’unité du territoire et surtout que l’on soit débarrassé de la « communauté internationale », il faudrait bien qu’aboutisse le processus de paix. Notre situation s’est tellement gangrenée, il s’est développé une économie criminelle tellement liée à cette situation que les adversaires seront nombreux. L’atout majeur du nouveau Premier ministre est d’avoir été ministre des Finances pendant un bon moment. Le ministère des Finances étant central, il avait déjà une bonne vue sur la situation et sait déjà les points de blocage et les forces qui vivent de la crise, naturellement qui en parlent le plus, pour mieux faire en sorte que rien ne bouge.
En sus de la question de la paix et de la réconciliation, on peut ajouter la justice et la lutte contre la corruption. Le dossier « Tapily » est un cas d’école. Un magistrat de haut niveau, publiquement accusé, qui n’a jamais pris le soin de s’exprimer. Et ceux qui devraient lui demander des comptes pour l’honneur de la corporation, font chorus autour. A n’en pas douter, la question de la justice et de la lutte contre la pauvreté est un sujet épineux. Si tout le monde est d’avis qu’il faut y remédier, les premières attaques contre Boubou viendront de là, dès lors qu’il voudrait lutter contre cette hydre qui mine le pays. Personne ne voulant que la transparence passe par lui, il aura for à faire pour y parvenir. Sur ce dossier, il ne pourra compter que sur l’opinion et les masses laborieuses. La lutte contre la pauvreté et pour la justice au Mali est à mener. Ce sera Boubou, où il y aura à désespérer.
Les réformes institutionnelles. Nous avons beaucoup de problèmes aujourd’hui qui n’ont pas de réponses dans nos textes. Avec Boubou, le Mali aura la chance d’entrer dans la modernité, car, il part avec des préjugés favorables. Commis de l’Etat, ayant une haute idée de sa mission, dédié à sa réussite, il n’a aucun agenda, et par conséquent, est capable de travailler sans arrière-pensée.
Hercule, demi-dieu, mis 8 ans pour réaliser les 12 travaux que son cousin lui a imposés. Boubou Cissé n’a pas 8 ans, mais, il a pour lui sa foi, sa fougue, sa détermination, sa jeunesse et surtout son volontarisme !
Alexis Kalambry
Mali Tribune