Il y a comme une manifestation de boulimie de pouvoir dans le microcosme politique malien. N’importe qui peut se lever, matin de bonne heure, et songer à diriger le pays. Au regard d’un paysage institutionnel, combien bafoué par la mauvaise pratique politicienne devenue coutumière, n’importequel citoyen malien peut dorénavant rêver d’accéder à une portion du pouvoir public et jouir, selon son bon vouloir, des avantages s’y rattachant. Alors que tous, en réalité, ne sont portés que vers leurs plus bas instincts.
Délinquants financiers, combattants de guerre aux mains entachées de sang, opportunistes, imposteurs, affairistes, ignares, ivrognes,narcotrafiquants, renégat et apatrides de la pire espèce, jouisseurs.., tous peuvent rêver de devenir Président de la République au Mali, ou, à la rigueur, accéder facilement à une parcelle de la gestion publique. Le pouvoir d’Etat au Mali, est désormais comparable à un no-man’s-land où chacun semble pleinement disposer du droit de s’y servir autant voulu. La gestion publique, au Mali, n’a plus strictement aucun sens.
Et, même, sur le plan de l’administration civile, militaire, politique, judiciaire, parlementaire et institutionnelle, différents secteurs fonctionnels de l’Etat sont essentiellement remplis de cadres pourris ainsi qu’autres agents corrompus et opportunistes dont la « mafia criminelle » s’oppose à toute forme de progrès de la vie publique. Aucune enquête de moralité digne de ce nom, n’est disponible au Mali pour investiguer sur le comportement de futurs hauts responsables de l’Etat. Aucun contrôle sérieux n’est presque jamais effectué sur les services de l’Etat ainsi que sur ceux qui les gèrent afin de jalousement protéger le patrimoine public.
A l’heure des élections au Mali, il est courant de voir toutes sortes d’individus prêts à briguer le mandat public. Si les uns y vont pour s’en mettre pleines les poches, les autres n’y vont que pour échapper aux poursuites judiciaires.Ce sont, en général, de pires mafiosos dont la seule vraie place, dans la société, ne devrait être que les égouts, tant ces pestiférés ont causé de mal au peuple, lequel, en temps normal, ne saurait mieux se venger de leur forfait qu’à travers un vote-sanction.
Qui eût cru que le Mali tomberait aussi bas ? Combien parmi nous, des années en arrière, eurent l’intelligence de prédire que le Mali deviendrait un pays aussi difficile à comprendre ? En clair, nous sommes visiblement loin de sortir de l’auberge avec des prétendants tous azimuts aux plus bas instincts qui soient.
Moulaye Diop
Le Point