De retour au Caire en août, Pacho apprit que la Société française de Géographie donnait un prix à celui qui visiterait la Cyrénaïque et en ferait une description précise. Cette offre fut faite en même temps à quiconque ferait le voyage à Tombouctou et en reviendrait.
Fort de ses études et de ses relations, Pacho n’eut aucun mal à trouver auprès des représentants de la France et de l’Angleterre «ce zèle empressé à favoriser les entreprises hasardeuses pour lesquelles ils pouvaient offrir, à la fois, l’exemple et d’utiles conseils». L’expédition quitta Alexandrie, le 3 novembre 1824.
Peu après les ruines anciennes d’Abousir qui lui parurent être l’ancienne Taposiris avec «son prétendu tombeau d’Orsiris», il mit le cap sur la Cyrénaïque et le Djebel Akhdar (la Montagne verte). Après les rivages désolés de la Marmarique, la Cyrénaïque lui fit l’effet d’un enchantement en raison de sa végétation et de ses sources.
C’est dans ce cadre propre à satisfaire l’imagination de celui qui voyage en compagnie d’Hérodote qu’il découvrit les vestiges de Cyrène, la cité fondée par les Grecs.
Il fut même tenté d’y situer un des jardins des Hespérides dont «l’existence dans cette contrée est prouvée par les témoignages de Scylax, Hérodote, Strabon, et autres». Il arpenta, explora, dessina les ruines de la cité, surtout les mausolées de son immense nécropole creusée à même la montagne.
Il s’enfonça au creux des tombeaux et reproduisit des peintures où des patriciennes blanches étaient secondées par des servantes noires. Civilisation oubliée dans un coin du désert ou surgissement inopiné d’une Atlantide saharienne ignorée ?
Bernard Nantet (extrait de Le Sahara)
Source : l’Inter de Bamako