À l’instar de plusieurs pays de Umma islamique, les fidèles musulmans de notre pays ont entamé ce samedi 1e mars 2025 le Ramadan, mois sacré de la religion majoritaire de notre pays qui coïncide, depuis plusieurs années, avec une vague de chaleur torride.
Aussi, en prélude au mois de ramadan, le gouvernement avait mis beaucoup de pressions sur l’EDM en vue de l’amélioration substantielle de la fourniture de l’électricité aux populations. C’est dans ce cadre que l’EDM, réitérant sa demande de mise à sa disposition du combustible (hydrocarbures) indispensable au fonctionnement de ses centrales, a présenté le 19 février son plan Ramadan bâti sur l’assurance de la fourniture de 19 heures d’électricité par jour aux populations si le gouvernement garantit le carburant, en attendant la fin des travaux de la ligne haute tension pour doubler l’acheminement de l’électricité de Manantali.
C’est à ce même moment que le gouvernement annonce des taxes, dont un fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social, dite taxe contributive de solidarité. À quel saint se vouer ? Les Maliens n’en savent pas. Solidarité pour quoi ? Envers qui ? L’incompréhension est totale, la cacophonie et une communication inaudible au tour de cette initiative qui fait polémique.
Le ministre de l’Énergie et de l’eau, Boubacar Diané, dans le rôle du porte-parole du gouvernement, explique aux Maliens que c’est la taxe qu’ils acquitteront qui servira à financer les 19 heures : ‘‘les sacrifices consentis par les Maliens qui ont accepté de s’acquitter des redevances sur les consommations téléphoniques et les transferts d’argent. Cet effort national constitue un défi à relever pour assurer en contrepartie une fourniture adéquate de l’électricité à la population’’.
Or, rien n’indique dans l’ordonnance N°2025-008/PT-RM du 07 février 2025 Portant création du Fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social que les ressources collectées pour le Fonds de Soutien aux Projets d’infrastructures de Base et de Développement social seront destinées à financer les 19 heures à plus forte raison domiciliés à Koulouba. Comme pour le désavouer, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sani à travers une correspondance aux entreprises de télécoms datée du 28 février 2025, décide d’un second report de la date de la mise en vigueur de la taxe. Et comme pour le faire mentir publiquement, le ministre Sanou dit textuellement aux entreprises de télécoms que ‘‘Il est impératif que les montants collectés soient versés mensuellement dans le compte bancaire ouvert dans les livres de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) sous le numéro ML043 01001 002001202882 78’’. Donc, l’argent ne sera pas logé à Koulouba.
C’est dans ce contexte communicationnel trouble que les Maliens ont entamé le Ramadan avec une promesse qui faisait jaser. Face à la réalité affligeante fait d’absence d’électricité et/ou de coupures persistantes et face au cafouillage et contradiction de la prise de parole publique, les populations avaient des raisons légitimes de douter de la parole du gouvernement, et le report annoncé de la taxe ne confortait pas les optimistes.
Alors que le Plan Ramadan d’EDM avait suscité l’espoir d’une amélioration, les Maliens abordaient donc ce premier jour de jeûne avec moins d’illusions sur la capacité d’EDM à leur fournir les 19 heures promises. Mais, ce fut une surprise pour beaucoup de fidèles musulmans. Dans beaucoup de quartiers de Bamako, le précieux sésame était au rendez-vous, plus que d’habitude, au point de susciter des inquiétudes. Plusieurs Bamakois annoncent leur satisfecit de la performance de samedi 1e mars, ‘‘chose qu’on n’avait jamais vu depuis deux ans’’. Nin fiŋe bora min fiŋe duman !
Selon nos observations, dans l’ensemble des six arrondissements du district de Bamako, à Kati ainsi que dans plusieurs capitales régionales, on ne peut dire avec certitude que les 19 heures ont été uniformément respectées partout. Toutefois, de l’avis de plusieurs personnes ici à Bamako et à l’intérieur du pays, ‘‘il y a plus qu’un léger mieux, il y a une amélioration très positive à consolider’’.
Cette prouesse de l’EDM prouve que le défi pour assurer un approvisionnement plus stable et durable de notre pays n’est pas au-dessus des capacités et des compétences de l’EDM à conditions de la mettre dans les conditions de production et de distribution en garantissant notamment le nerf de la guerre énergétique : le carburant.
En tout cas, à partir de ces deux premiers jours de Ramadan, chacun sait désormais que la balle n’est pas dans le camp de l’EDM, mais du gouvernement qui, avec ou sans, la taxe peut assurer de l’électricité aux populations. C’est un bon début, espérons que ça continue.
Affaire à suivre.
PAR ABDOULAYE OUATTARA