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PIQURE DE RAPPEL : Soumaïla Cissé En 1996: «20% D’augmentation De Salaire, C’est Trop Pour Les Maliens»

« Kolo Té Nin na », dit l’adage bambara (Il n’y a pas dos dans la langue). Les Maliens s’apprêtent à élire leur futur président de la République. Nous avons décidé de faire une petite piqûre de rappel de 1996, des propos mémorables d’un candidat, Soumaïla Cissé, alors ministre des Finances et du Commerce. Il estimait que les travailleurs maliens gagnaient suffisamment pour prétendre à une augmentation salariale.

 Dans le torrent discours sans lendemain et des promesses mirobolantes, une petite piqûre de rappel s’impose. «La parole s’envole, mais l’écriture reste», affirme un adage célèbre. Dans un entretien accordé au journal L’Observateur dans sa parution du 29 janvier 1996, Soumaïla Cissé, alors ministre des Finances et du Commerce, affirmait que les fonctionnaires maliens ne méritaient pas 20% d’augmentation de salaire.

Nous sommes en 1996, une époque où le Mali engageait une nouvelle facilité d’ajustement structurel renforcé de 3 ans avec les institutions de Bretton Woods.  Le Mali était considéré comme un bon élève du FMI et de la Banque mondiale.

Cependant, les travailleurs demandaient 20% d’augmentation de salaire. En réponse à cette requête, le ministre des Finances et du Commerce d’alors, Soumaïla Cissé, affirmait que cela était trop pour les fonctionnaires maliens.

« Très sincèrement, je pense que 20% c’est trop. Il ne faut pas qu’on oublie que l’on vient de loin. On avait d’énormes difficultés à payer les salaires…», a répondu le ministre des Finances et du Commerce d’Alpha Oumar Konaré.

Plus loin, il avait déclaré: « Une augmentation des salaires est aussi un indicateur d’augmentation des charges. C’est toujours un élément qui peut décourager les investisseurs. Or, il faut que notre pays reste compétitif. N’oublier jamais aussi que dès qu’on ajoute sur les salaires, les prix augmentent. Or, nous sommes dans un pays où le gouvernement ne contrôle pas les prix. Les prix sont ceux du marché. Donc, le travailleur perd très vite ce qu’il gagne en augmentation des salaires», a-t-il argumenté.

Cette déclaration du socialiste à l’époque pourrait bien voir le jour aujourd’hui qu’il s’est mué en un libéral radicalisé avec son parti, l’URD. On doit peut-être comprendre que cette idéologie l’anime toujours.

Depuis, le discours a changé, même s’il cadre parfaitement avec l’idéologie que défend son parti. Alors, des interrogations s’invitent. Entre le discours d’hier et celui d’aujourd’hui que faut-il retenir.

Peut-on accorder de crédit à un homme politique qui s’est moqué hier des conditions de vie des travailleurs et qui, aujourd’hui, défend le contraire contre l’idéologie de son parti ? Que peut-on attendre de Soumaïla Cissé qui refusait une augmentation des salaires à une époque où  le contexte politico-économique était meilleur qu’aujourd’hui ? N’avait-il pas semé les germes du libéralisme du marché malien ?

Pour sûr, il faudrait voir clair dans le discours de l’homme et tenter de le tenir aux mots. Un bon choix pour la présidentielle passe par là.

A suivre.

Mariétou DOUCOURE

 

Source: Azalaï Express

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