Il aura fallu onze jours à la délégation malienne et aux groupes combattants de Kidal pour se mettre d’ accord sur un texte qui va permettre la tenue de l’élection présidentielle, le 28 juillet, à Kidal. Onze jours d’âpres négociations avec, au final, un texte accepté ce mardi 18 juin par les deux parties et obtenu sous l’égide de la médiation burkinabè avec l’aide de la communauté internationale très impliquée dans cette affaire. Pierre Buyoya, chef de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) est l’un des protagonistes de la communauté internationale qui a participé à l’élaboration de cet accord. Il répond aux questions de RFI.
RFI : En quoi cet accord, signé entre les autorités de Bamako et les groupes armés touaregs de Kidal, est-il un bon accord ?
Pierre Buyoya : Je pense que c’est un bon accord, qui consacre les principes d’unité nationale, de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale. C’est un accord qui crée des conditions pour l’organisation des élections, un programme prioritaire de sortie de crise. Par ailleurs, c’est aussi un accord qui crée des conditions pour que les gens du nord, qui ont des revendications depuis longtemps, puissent avoir l’occasion de les exposer. C’est donc, à mon avis, un bon accord pour tout le monde.
Pourriez-vous nous dire, concrètement, ce que prévoit cet accord ? L’armée malienne va-t-elle pouvoir monter à Kidal ? Dans quelles conditions ?
Il y avait deux impératifs auxquels nous avons essayé de répondre. Le premier : que l’armée malienne puisse aller à Kidal, puisque Kidal est un territoire malien. Le deuxième : que ce déploiement à Kidal ne puisse pas créer des problèmes au niveau de la sécurité, notamment qu’il ne puisse pas y avoir des confrontations avec les groupes armés, ni des problèmes au niveau des populations.
Ce sont là les deux impératifs auxquels nous avons essayé de répondre et qui sont, d’ailleurs, la préoccupation des uns et des autres. Les techniciens des trois forces (gouvernement, MNLA et HCUA) vont se retrouver au sein de ce que nous appelons la Commission technique mixte de sécurité pour élaborer les modalités de ce retour afin que cela puisse se passer pacifiquement.
L’autre aspect concret de cet accord, c’est le cantonnement des groupes armés touaregs. Bamako souhaitait un désarment pur et simple de ces groupes.
La Commission technique mixte de sécurité va identifier des zones de cantonnement où les combattants de ces mouvements vont être regroupés, en attendant un désarmement qui suivra dans le temps. C’est un processus qui prendra un peu de temps mais qui commencera dès que la Commission technique mixte de sécurité aura convenu des modalités.
On a vu Bamako hésiter jusqu’au dernier moment. Qu’est-ce qui bloquait pour Bamako ?
Les accords négociés dans un contexte politique comme celui-là soulèvent toujours des passions, souvent liées à des incompréhensions, et le Mali ne fait pas exception.
Qu’est-ce que vous avez envie de dire à l’opinion publique de Bamako qui ne semble pas convaincue, dans sa majorité, par la signature d’un accord avec des groupes comme le MNLA ou le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad ?
Ce que j’ai envie de dire à l’opinion publique, à Bamako, c’est que l’accord qui vient d’être signé à Ouagadougou est un bon accord qui ne lèse, en rien, les intérêts vitaux de l’Etat malien et du peuple malien. Pour moi, c’est un pas important d’abord vers la paix et ensuite vers la réconciliation.
Bien entendu, signer un accord est une chose. Avoir le courage et la volonté politique de le mettre en application en est une autre. Je pense que c’est ici que tous les amis du Mali devraient se lever pour encourager les Maliens à avancer dans l’application de cet accord.
Source: RFI