Un remaniement ministériel serait en préparation. C’est l’occasion rêvée pour certains membres de la mouvance présidentielle de lutter désespérément pour tenter de sauver leur poste. Pour cela ils ne reculent devant aucune vilenie et sont prêts à vendre leur âme au diable, à condition que celui-ci soit preneur, et de s’en prendre à certains de leurs collaborateurs.
Depuis quelques temps la rumeur est de plus en plus persistante et insistante : le président de la République serait enfin prêt à procéder à un remaniement salutaire de cette équipe qui ne gagne pas. Dans cette éventualité, des acteurs politiques se bousculent déjà au portillon du palais présidentiel (à Koulouba comme à Sébénicoro) en n’oubliant pas de lancer des peaux de banane sous les pieds de l’ennemi. Dans cet exercice où les coups bas, la calomnie et la diffamation pleuvent à profusion, des personnalités sont particulièrement visées. Ainsi, un ministre, sans aucun doute le plus travailleur de cette mauvaise équipe, a été accusé de recel d’un véhicule du parc présidentiel, volé par des membres de la junte à la suite des événements de mars 2012.
La fuite est partie du cercle du pouvoir et relayée par la presse. Vérification faite, il s’est avéré que ce ministre, Housseïni Amion Guindo, pour ne pas le nommer, est blanc comme neige. Cette affaire aux relents de fait-divers aurait pu s’arrêter là mais il se trouve qu’elle a soulevé un certain malaise. Ainsi, dans certains milieux, on ne comprend pas qu’alors que son ministre est accusé d’une telle forfaiture le chef du gouvernement ait décidé de garder le silence. Moussa Mara n’a rien dit, ne s’est pas opposé à la campagne de dénigrement de Poulo, il n’a pas haussé le ton pour défendre son ministre comme l’aurait fait n’importe quel Premier ministre responsable, honnête et soucieux de la solidarité gouvernementale. A croire qu’il est lui-même à la base de cette fuite, l’auteur de cette rumeur qui tente d’impliquer son ministre dans une fausse affaire de véhicule prétendument volé. On serait tenté de le croire si l’on se rappelle que c’est le même Poulo qui l’avait battu lorsqu’il voulait briguer l’investiture des PUR (Partis unis pour la République), un regroupement politique qui voulait peser sur la dernière élection présidentielle en proposant une candidature unique. Dans ce cas, Moussa Mara verrait toujours en Poulo un rival politique à abattre. Le président de la République est ce qu’il est, mais lui au moins a fait preuve de loyauté et de solidarité en soutenant devant témoins son ministre.
Laideur d’esprit et noirceur d’âme
Cette rumeur aurait également pu provenir ou avoir été relayée par une autre source. Il s’agit de ce conseiller spécial de la présidence qui garderait toujours une dent tenace à la fois contre Poulo et un vice-président du parti de ce dernier. En effet, c’est Poulo qui, tout nouveau ministre des sports a décidé de nettoyer les écuries de l’hippodrome en mettant sur la touche une clique de notabilités qui avaient décidé de faire du champ hippique un patrimoine de la fédération malienne de hippisme. Or, tout comme les stades du 26 mars ou Modibo Kéita, le champ hippique doit rester une infrastructure de l’Etat, gérée par le département des sports. Contre Souleymane Makamba Doumbia, vice-président de la Codem, la rancœur de ce conseiller spécial de la présidence remonte au temps où il rêvait de prendre les commandes du parti créé par son père. Mamadou Harry Tiéoulé Konaté, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait tout tenté, y compris la voie judiciaire, pour ravir la présidence du Bdia. Il a évidemment échoué.
La deuxième personnalité dans le collimateur de ces auteurs de coups bas, c’est Soumeylou Boubèye Maïga. On l’accuse d’avoir placé à des postes importants certains de ses parents lorsqu’il était ministre des affaires étrangères et de la coopération. Ainsi, deux conseillers en poste à l’ambassade du Mali aux Etats-Unis ont été relevés avant la fin de leur mission. Auparavant, ils avaient constitué la cheville ouvrière de l’ambassade alors que le Mali n’avait pas encore nommé d’ambassadeur. Sans aucun autre motif, on leur reproche d’être tous deux des Maïga comme Soumeylou Boubèye. Et depuis plusieurs semaines, ils attendent à Washington sans aucune nouvelle affectation.
Comme certains l’ont déjà compris, les coups bas ne proviennent pas de l’opposition. Tiébilé Dramé et ses camarades auraient pu profiter de toute cette agitation pour décocher quelques flèches assassines, mais ils observent profil bas, préférant éviter toute cette laideur d’esprit et noirceur d’âme dont sont capables certains membres de la mouvance présidentielle pour un poste.
Mais IBK sait à quoi s’en tenir et connait les causes de son impopularité grandissante. Reste pour lui à prendre les mesures qui s’imposent, en se débarrassant notamment de ceux qui ont les yeux rivés sur la prochaine présidentielle.
Cheick Tandina