La peine de mort n’est plus appliquée au Mali depuis 1980. Si le pays n’a pas encore franchi le pas vers l’abolition de la peine capitale, appelée de leurs vœux par les organisations de défense des droits humains, le débat refait surface et abolitionnistes et défenseurs de la peine de mort sont plus que jamais divisés.
« Avant, il y avait des crimes dont on entendait parler, mais cela se passait ailleurs. On peut dire que cela a commencé au nord du Mali, pour gagner le centre et maintenant Bamako. Et, dernièrement, c’est vers un imam que cela s’est tourné », déplore M. Mohamed Kimbiri, Président du Collectif des associations musulmanes du Mali et organisateur de la manifestation de protestation du 26 janvier dernier, qui réclamait l’application de la peine de mort au Mali.
Si la peine de mort existe encore dans la législation, son application fait l’objet d’un moratoire, renouvelé tous les 5 ans depuis 1980, « sous la pression des Occidentaux », estime M. Kimbiri. Et, pendant ce temps, les crimes ont pris de l’ampleur et leurs auteurs, « même s’ils sont arrêtés, sont relâchés ou s’échappent en commettant d’autres crimes », ce qui représente un risque de « règlements de comptes », soutient M. Kimbiri.
Favorable à l’abolition de la peine de mort, pour laquelle elle organise chaque année des activités, Amnesty International dénonce pour sa part une demande inopportune de levée du moratoire. « Cette demande ne devrait pas être faite maintenant. À longueur de journée les gens se font tuer et cela n’a pas commencé aujourd’hui », note Madame Ramata Guissé, Directrice exécutive de l’organisation au Mali. Ce n’est pas en « rétablissant la peine de peine que l’on mettra fin à ces crimes ». « Il faut que l’État joue son rôle régalien de protection des individus », suggère Madame Guissé.
Se défendant de demander l’application de la charia (loi islamique), le Président du Collectif des associations musulmanes reconnaît toutefois que le meeting était aussi l’occasion de « réaffirmer la position de l’Islam sur la question. On a diabolisé l’Islam pour faire peur aux gens ».
Cette manifestation n’est qu’une première, à l’en croire. Déterminé à faire triompher « nos valeurs sociétales », qui ne sont pas contraires aux droits de l’Homme selon lui, le Collectif prévoit d’autres actions, qu’il « ne dévoilera pas maintenant », mais qui ont pour but d’adresser un message aux autorités. De son côté, Amnesty International, qui entend poursuivre son combat pour l’abolition, souhaite continuer à défendre toutes les vies.
Journal du mali