La refondation d’un État, qui est à réinventer, aussi bien que son peuple comme le Mali, est un processus qui se fait progressivement. Le rôle de la transition n’est nullement de conduire les réformes constitutionnelles, administratives, économiques, sociales, éducatives, sécuritaires, mais de mettre en place les bases de la refondation de l’État. Car, on ne peut pas changer un État, ses structures sociales, politiques, ses institutions, son appareil de défense en quelques mois. Après les élections, le Président élu aura toute la légitimité constitutionnelle de conduire les différentes réformes. Pour ce faire, le gouvernement créera les conditions pour avoir un large consensus autour des réformes et définira les conditions de participation des autres acteurs sociaux et politiques aux différents cadres de concertation pour la réussite du processus de réformes.
Cette transition ne pourrait relever que quelques défis :
-travailler à la stabilisation socio-politique du pays;
-travailler à la reconquête du territoire national;
-créer un Organe Unique de Gestion des Élections ;
-réviser le Code pénal, pour permettre à la justice de poursuivre les anciens ministres mouillés dans les scandales financiers.
Et pour réussir ce pari de la bonne gestion de la Transition, les militaires doivent travailler à avoir un large consensus avec les forces vives de la nation autour des priorités et urgences du moment. Ce d’autant plus que quand un pouvoir étatique n’a pas de légitimité constitutionnelle, il doit beaucoup œuvrer pour le dialogue, plutôt que de s’inscrire dans des rapports de force défavorables à l’apaisement du climat socio-politique.
Tout porte à croire que la Transition a échoué dès le départ, mais le Mali est un pays résilient. Si les militaires sortaient de leur posture du déni de la réalité et de l’exclusion des autres acteurs de la gestion de la transition, on pourrait créer des chaînes de solidarité pour une transition apaisée et réussie.
Si cette transition échoue, nous sommes encore partis pour trente (30 ans) de mauvaise gouvernance, de désordre institutionnel, d’instabilité socio-politique, d’organisation d’élections non transparentes et crédibles au Mali, parce qu’on pourrait difficilement bâtir des institutions fortes après les élections.
En somme, nous devons mutualiser les efforts et homogénéiser les initiatives pour sortir le pays de l’impasse.
Patrice Émery Lumumba
Source : INFO-MATIN