Paris-Match a comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris après une plainte en diffamation de Teodorin Obiang, le fils du président de Guinée équatoriale, pour un article qui l’impliquait dans une vieille affaire de drogue présumée aux États-Unis.
Intitulé “A fond les caisses”, cet article, paru début avril 2012, se penchait sur le train de vie parisien très fastueux de Teodorin Obiang, visé en juillet de la même année par un mandat d’arrêt européen dans l’affaire des “biens mal acquis”.
Les magistrats avaient saisi en juillet 2012 un immeuble de six étages d’une valeur de 100 à 150 millions d’euros, après une première perquisition spectaculaire, en février, où ils avaient déjà saisi 200 m3 de biens. L’enquête porte sur les conditions d’acquisition en France d’un important patrimoine immobilier par trois chefs d’État africains, Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang et le défunt président gabonais Omar Bongo.
Les journalistes de Paris-Match affirmaient qu’après son installation à Los Angeles en 2001 le fils du président Obiang avait été “mis en cause pour introduction illégale de drogue aux États-Unis” mais que “le scandale (avait été) vite étouffé”, un passage mis en exergue dans l’article.
Une affirmation basée sur une “rumeur”, a dénoncé à l’audience devant la 13e chambre correctionnelle l’avocat de M. Obiang, Me Emmanuel Marsigny. La représentante du parquet a également estimé que la phrase était diffamatoire. “Il ne me semble pas que Paris-Match vous fasse la preuve d’une enquête sérieuse” sur cette accusation, portée par des opposants en 2001, a-t-elle relevé.
L’avocate du magazine, Me Marie-Christine de Percin, y a vu au contraire une formulation “suffisamment prudente” pour mériter une relaxe.
Autre passage visé par la plainte, l’évocation d’enquêtes du Sénat américain puis de l’ONG anticorruption Global Witness qui “vont montrer que la famille Obiang siphonne entre 250 et 600 millions d’euros chaque année sur le dos de son pays”. Le parquet n’a pas estimé que la phrase était diffamatoire.
Enfin, le fils du président Teodoro Obiang attaquait l’avocat et président de l’ONG Sherpa, Me William Bourdon, à l’initiative des plaintes dans les affaires de “biens mal acquis”. Il affirmait dans Paris-Match qu'”avec l’appui du pouvoir politique français, les dirigeants de la Guinée équatoriale ont toujours cherché à échapper aux poursuites”.
“Où? Quand? Quoi? Comment?”, a demandé Me Marsigny, qui réclame au total 50. 000 euros de dommages et intérêts. En réponse, l’avocat de William Bourdon, Me Pierre-Emmanuel Blard, a réclamé 5. 000 euros pour abus de constitution de partie civile. Jugement le 19 mars.