Dans un communiqué, la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, demande aux responsables des Forces armées et de sécurité de « s’abstenir de tout acte ou propos qui pourrait compliquer davantage la situation au Burkina Faso.
Dans l’attente d’une réaction de François Hollande, attendu dimanche au Canada en visite officielle, Paris a observé un silence radio après la désignation, samedi par l’armée, du lieutenant-colonel Isaac Zida comme chef du régime de transition au Burkina Faso. Les bouleversements survenus dans l’ex-colonie française n’en sont pas moins suivis de très près.
À l’instar de François Hollande, qui s’en était ouvert dans une lettre à son homologue, Blaise Compaoré, «on avait vu venir le coup», souligne une source proche des services de renseignements. Celle-ci ramenait par ailleurs à six les victimes des violences de vendredi, au lieu des trente annoncées à Ouagadougou. La France a joué a minima une partition classique en facilitant l’exfiltration du président déchu. Si Paris est attentif, c’est aussi que le Burkina Faso est l’une des bases de l’opération «Barkhane» mise en place pour contrer les groupes islamistes au Mali et dans le reste de la bande sahélienne. Des forces spéciales y sont stationnées avec leurs hélicoptères. Dans l’entourage du ministre de la Défense, on écartait dimanche toute menace à ce stade sur la pérennité du dispositif français.
Conformément à la nouvelle posture franco-africaine, Paris s’en tient à la retenue, mettant en avant le rôle des forces démocratiques locales et régionales. «Nous soutenons l’Union africaine (UA), qui a condamné le type de réformes engagées par Blaise Compaoré (pour lui permettre de se maintenir au pouvoir, NDLR). Il faut que cet accord soit respecté», indiquait-on dimanche dans l’entourage de Laurent Fabius, où l’on soulignait la nécessité de l’apaisement. Vendredi, Paris avait salué la démission de Compaoré, «qui permet de trouver une issue à la crise», et appelé à la «tenue rapide d’élections démocratiques». Les États-Unis ont eux aussi appelé dimanche l’armée burkinabée à transférer «immédiatement» le pouvoir aux autorités civiles.
Dans le même ton, l’UA a réclamé samedi qu’une «transition civile et consensuelle» au Burkina Faso soit confiée à la société civile et a appelé l’armée, qui assure l’intérim depuis la démission du président Compaoré, à se mettre à la disposition des autorités civiles. Dans un communiqué, la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, demande aux responsables des Forces armées et de sécurité de «s’abstenir de tout acte ou propos qui pourrait compliquer davantage la situation au Burkina Faso et affecter négativement la sécurité et la stabilité régionales». Du côté de l’UA, qui tiendra une réunion lundi, on est bien conscient de la valeur de test que revêtent les événements du Burkina, alors que plusieurs chefs d’État africains, confrontés à des élections en 2015 et 2016, sont tentés de modifier ou de limiter la Constitution pour rester en place, notamment au Togo, au Congo-Brazzaville et en RDC. Sur le continent, «il y a au total une vingtaine de pays problématiques où l’on attend des relèves», calcule une bonne source.
Ainsi, pour l’UA, «une transition civile et consensuelle non seulement répondrait aux aspirations légitimes du peuple du Burkina Faso au changement, mais faciliterait également la mobilisation de l’appui international nécessaire pour permettre une sortie de crise réussie».
Sur le plan international, une médiation formée par l’ONU, l’UA et le groupe régional de la Cédéao s’est mise sur pied. Celle-ci a évoqué dimanche la menace de «sanctions», faute d’un régime de transition «conduit par un civil» et «conforme à l’ordre constitutionnel». «Sinon les conséquences sont assez claires. Nous voulons éviter pour le Burkina Faso la mise en place de sanctions», a déclaré l’émissaire de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas.
SOURCE / lefigaro