Les démocraties africaines ont leur particularité. Parmi celles-ci se trouvent les alliances, les compromissions, les concessions et les consultations. Le Mali ne fait pas exception. Deux hommes incontournables de la scène politique circonscrivent en droit du titre de cette réflexion.
La main passe et repasse est une stratégie bien connue du milieu politique africaine. Car être un homme politique est un métier à plein temps mais devenir président de la République est un don d’efforts et de forces de mystico-divines. Tous les moyens sont employés pour créer les conditions nécessaires à ces forces mystiques : enlèvements d’enfants, pratiques occultes immondes et inhumaines, achats de parties des cadavres humains, etc.
En cas d’échec à l’élection, l’opposant ou le président sortant-perdant crée des faux problèmes pour empêcher le vainqueur de mettre en œuvre son plan d’action durant son mandat. Cette attitude destructrice est faite entre le perdant et les représentants de Lucifer (le démon de la violence, de la destruction et l’annonce de la fin des temps selon l’eschatologie).
Lorsque ce dernier échoue aussi dans cette manœuvre avec Lucifer, il opte pour une méthode de conciliabules dans laquelle il y a toujours un pacte de caméléon qui peut se résumer à la phrase suivante : « Tu me laisses gouverner durant le reste de mon mandat et je te prépare le terrain pour me succéder ».
Une succession qui ne sera pas facile car plusieurs proches de celui qui est au pouvoir lorgnent eux aussi le fauteuil présidentiel. Ils sont activement à la manœuvre pour y parvenir. D’abord l’opposant qui accepte ce marchandage trahit le principe de la démocratie et le droit du peuple. http://bamada.net/une-probable-transition-a-partir-du-30-juin-2019 Ensuite, les deux (opposant et président en exercice) trahissent les autres candidats qui croient en l’exercice de la démocratie et au principe de la légalité et de la légitimité par les urnes. Enfin, le président en exercice trahit ses potentiels successeurs qui lui ont tout donné pour qu’il soit président. Donc, la trahison devient profonde et fondamentale.
Le cas du Mali est probablement dans cette optique car tous ces tourbillons de visites, de consultations, de concessions d’entrevues ne sont pas fortuits et doivent être probablement des signes annonciateurs de quelque chose. Le président de la République et le chef de file de l’opposition se sont rencontrés au moins trois fois la semaine dernière. Trois rencontres entre les deux hommes en l’espace d’une semaine qui ne restent pas sans interrogations de tous ceux qui ont sens plus aiguisé et avertis de la chose politique.
Les informations de façade affirment que ces rencontres ont pour objectif de décrisper la situation entre les deux hommes d’une part et d’autre part permettre d’aborder les vrais problèmes auxquels le pays est confronté depuis bientôt sept mois. On ne fait rien pour rien telle est la logique de la politique partout au monde.
Surtout quand on sait que chacun ne vise que ces intérêts et tente tous les coups bas au moment opportun pour les atteindre. Soumaïla Cissé comme IBK a certainement une grande arrière-pensée derrière ces rencontres mais très tôt pour mettre à découvert. Donc pour le moment, les deux hommes préfèrent faire de la bonne façade et travaillent main dans la main pour apaiser le climat dans le pays.
Quand le calme va régner de manière définitive, il faut noter que la démocratie s’éteindre. Son véritable ennemi est la concession politique. Pierre Bourdieu (1930-2002) affirmait qu’ »il n’y a pas de démocratie sans vrai contre-pouvoir », ce contrepouvoir doit être joué par l’opposition qui représente la voix de ceux qui n’ont pas donné leur voix à l’élection du président au pouvoir.
Sans la contraction entre une majorité et une opposition, la démocratie n’existerait pas. Dans son ouvrage, « Discours, entretiens et autres sources », Adams Samuel, pamphlétaire et homme politique américain (1722-1803) disait qu’ »il n’y a jamais eu de démocratie qui ne se soit suicidée ». Il est donc clair que la réconciliation entre les deux figures marquantes de la classe politique est le signe de fin de la démocratie malienne acquise dans la douleur et le sang.
Cela ne signifie pas qu’il est indispensable de faire sans cesse des prises de becs mais il faut qu’il existe une opposition qui attire l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les incohérences et les pratiques néfastes qui peuvent constituer des violations des droits de l’Homme.
Boncane Maïga.
Source: Le Point