Ils étaient plus d’un millier de jeunes issus de divers horizons au rendez-vous du CICB pour dire « non » à toute forme de partition de notre pays
La paix n’a pas de prix, dit-on. Sans la paix, peut-on ajouter, rien (ou presque) n’est possible en matière de développement. Malheureusement, on n’y pense que lorsqu’on la perd. La crise sécuritaire du Septentrion mobilise tout le pays et ses amis à travers le monde. Notre jeunesse ne pouvait rester les bras croisés.
Ils ont ainsi été plus d’un millier, issus de divers horizons, à s’être donnés rendez-vous dimanche au Centre international de conférences de Bamako (CICB) pour dire « non » à toute forme de partition de notre pays. Répondant à l’appel de la « Plateforme des jeunes du Mali, An té sôn », la jeunesse entend peser de tout son poids pour sauver notre pays qui traverse une période éprouvante.
Partis de la majorité présidentielle, comme ceux de l’opposition ainsi que la société civile ont été représentés par leurs jeunes. Au cours de ce regroupement d’appel à la mobilisation, le président de la commission Communication de cette plateforme, Amadou Koita, a remis une Déclaration au ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, porte-parole du gouvernement, Mahamane Baby. « Déclaration par laquelle, la jeunesse du Mali, comme un seul homme, vous engage à ne négocier que l’unité du Mali, que la paix entre les Maliens, que l’intégrité du territoire malien, que la justice au Mali, que la laïcité du Mali », a-t-il annoncé avant de remettre le document au ministre.
Mahamane Baby a promis que la déclaration sera transmise à qui de droit et cela, dans les meilleurs délais. Il a, à ce propos, prôné la mobilisation générale à tous les niveaux derrière les autorités pour aboutir à une paix durable.
Le porte-parole de la plateforme, le député Moussa Timbiné, a pour sa part estimé que « la jeunesse est la relève et l’éternité du Mali ». « Ce jour, a-t-il assuré, est un jour où les ennemis du Mali tremblent ». Pourquoi ? Parce qu’ils voient « que notre jeunesse, debout comme un seul homme sans distinction – jeunes de Kayes à Kidal, jeunesse de la diaspora, des partis politiques, des religions – est unie derrière son intégrité et sa laïcité ».
Pour le député, il s’agit « d’un appel au bon sens, au patriotisme, au réalisme pour la paix, pour l’unité et la fraternité entre toutes les communautés de notre cher et beau pays ». Et Moussa Timbiné de poursuivre : « notre force en tant que nation réside dans son unité, dans notre laïcité et dans notre capacité à transcender nos divergences conjoncturelles, pour faire face ensemble à l’essentiel. Tous les Maliens sont frères et tous les Maliens ont leur place au Mali, au milieu de leurs frères ».
Dans un documentaire intitulé « Kidal respire le Mali », réalisé par Sidi El Mehidi ElBarka, un jeune Touareg de Kidal, les habitants du Septentrion rejettent en bloc toute complicité avec les mouvements armés qui prétendent lutter en leur nom. « Nous n’avons mandaté personne à prendre les armes en notre nom », dit dans la vidéo projetée, un vieux Touareg interviewé dans son hameau. On y voit des notables, des femmes et des jeunes qui appellent en choeur à l’unité et à la laïcité de notre pays.
Le réalisateur du documentaire qui a ému plus d’un, n’a pas pris de gants pour dénoncer « le gros mensonge de Kidal » en estimant que personne ne devait avoir peur de dire la vérité. « Quelques personnes ont détruit l’image d’une ethnie digne et patriote. Tous les Touaregs ne sont pas MNLA, sachez-le », a indiqué le jeune réalisateur qui s’est dit prêt a parcourir le monde pour dire la vérité à ceux qui refusent encore de la croire.
Autre moment marquant de la soirée : la présentation d’un mouvement de jeunes du Nord baptisé « Ne négociez pas à mon nom ». Ce sont des jeunes Maliens (Touaregs, Songhaïs, Arabes) qui refusent de bénir le mensonge et le crime. Ils refusent que « quelques bandits négocient en leur nom ». Ce réseau déjà populaire sur les réseaux (Facebook et Tweeter) a invité tous les patriotes à s’investir pour rétablir la vérité sur la crise au Nord.
Celui qui est présenté comme l’un des initiateurs de la rencontre, Abba Maiga, a lui aussi pris la parole. « Nous disons non à tout amalgame compromettant la paix et la stabilité de notre pays », a-t-il déclaré au pupitre. Selon les organisateurs, au moins 150 associations et partis politiques ont signé la déclaration qui a été remise au gouvernement.
A. M. CISSE
SOURCE / ESSOR