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Oury Kamissoko : au Mali, « que chaque naissance soit un choix! »

Vice-présidente du Réseau des jeunes ambassadeurs pour la santé de la reproduction au Mali, responsable du sous-comité dissémination du Think Thank Jeune du Partenariat de Ouagadougou, la vingtaine révolue, Oury Kamissoko, est une fervente militante en faveur de la santé, les droits sexuels et reproductifs des adolescents et jeunes. Dans cette interview, elle livre sa vision de la SRAJ au Mali.

 

Benbere : D’où est parti votre engagement en faveur de la promotion de la SR/PF ?

Oury Kamissoko : J’ai commencé à militer en faveur de la santé de la reproduction après une formation suivie avec l’Association pour le développement des activités de population (ASDAP). Deux ans plus tard, j’ai commencé en tant que paire éducatrice au sein de l’ONG Marie Stopes Mali, d’où j’ai suivi des formations sur la Santé de la reproduction, la planification familiale et les droits des adolescents et jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive. C’est de là qu’est parti mon engagement. Je menais  des petites activités dans mon école, au sein de la communauté. C’est comme ça que je suis devenue  bénévole au sein du Réseau des jeunes ambassadeurs qui existe dans les 9 pays membres du Partenariat de Ouagadougou.

 Pourquoi vous militez pour la santé de la reproduction ?

Cela est dû à une expérience personnelle. Mais aussi  le fait de voir autour de moi beaucoup de jeunes filles abandonner l’école à cause des grossesses non désirées ; des enfants qui n’ont pas reçu l’affection maternelle due à la mortalité maternelle qui demeure très élevée au Mali. J’ai  également vu autour de moi beaucoup de jeunes  et femmes perdre la vie des suites d’avortements clandestins ; d’autres sont devenus stériles…

Quelles sont les difficultés auxquelles les jeunes sont confrontés en matière de santé de la reproduction au Mali ?

L’inaccessibilité des services de santé, les besoins non satisfaits, le coût élevé des méthodes contraceptives restent encore des préoccupations chez les adolescent(e)s et jeunes. Malgré des avancées, les adolescent(e)s et jeunes sont confrontés au poids de la tradition et des coutumes, car les sujets liés à la santé de la reproduction demeurent encore tabous au Mali.

Un autre obstacle auquel nous sommes confrontés, c’est la qualité des soins de SR / PF. Lorsque nous allons vers les centres de santé, nous ne sommes pas bien reçus par les prestataires et le plus souvent, nous sommes sujets à des jugements de leur part. Ce n’est pas encourageant. Ça pousse les jeunes à rester chez eux, à ne pas aller là où il faut, pour faire ce qu’il faut ou tout simplement pour savoir ce qu’il faut.

Enfin, ce qui constitue encore une grande difficulté pour nous jeunes, c’est le fait que nos parents ne parlent pas avec nous de la sexualité. Ces sujets sont encore tabous dans notre société. Et pourtant, c’est à cet âge que nous avons vraiment besoin d’être informés sur la santé sexuelle et reproductive, de prendre réellement connaissance des aspects y afférents.

Beaucoup de choses sont faites en ce sens, mais nous appelons tout de même les parties prenantes pour l’accès de la PF aux adolescents et jeunes à agir pour que les normes sociales soient surmontées. Qu’on arrive à plus de flexibilité de la part de la société et plus d’attention de la part des parents sur la nécessité d’échanger avec leur progéniture sur la santé sexuelle et reproductive.

Comment la société perçoit les jeunes comme vous, engagés dans la promotion de la SR/PF ?

Ce n’est  pas du tout facile pour nous, parce que nous sommes dans un pays à majorité musulmans. Parler de ces sujets, c’est un peu comme aller à l’encontre de nos cultures, traditions. Nous sommes pointés du doigt. Certains disent que ce sont les Blancs qui sont venus nous mettre ces choses-là dans la tête, qui veulent nous diminuer. Il y a beaucoup de jugements négatifs à notre encontre.

Votre dernier mot 

Mon souhait pour le Mali en matière de santé reproductive, c’est  qu’on puisse atteindre 0 grossesse non désirée, 0  grossesse précoce, 0 avortement clandestin, 0 mortalité infantile, néonatale  et maternelle. C’est vraiment cela ma vision. Que toutes les femmes du Mali puissent  accéder aux services de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale,  si elles  le désirent. Que toutes celles qui voudront espacer leurs naissances puissent accéder aux méthodes de planification familiale. Enfin, que chaque naissance soit un choix et non le fruit du hasard !

Source : Benbere

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