Au Mali, plusieurs écoles sont en manque d’enseignants. Surtout en milieu rural. C’est l’une des raisons qui ont poussé certaines communes à recruter des enseignants sous contrat. Ces enseignants communautaires, qui rêvent d’être intégrés à la fonction publique, sont inquiets pour leur avenir.
Des intégrations au sein de la fonction publique en attente et des problèmes de salaires sont les difficultés auxquelles les enseignants communautaires sont confrontés. Beaucoup d’entre eux, voulant mener une carrière professionnelle dans le domaine de l’éducation, ne sont plus certains que les autorités concrétiseront leur intégration avec un statut clair.
Un enseignant, qui émarge sur les fonds d’une mairie du cercle de Kayes, est très inquiet du sort des enseignants communautaires. Recruté en 2010, il attend toujours sa décision d’intégration qui n’est jamais venue. « J’ai introduit tous les documents demandés par les autorités scolaires depuis plus de quatre ans. Mon salaire provient de deux fonds : la subvention de l’État et les villageois. Le montant payé par les villageois vient le plus souvent en retard. Parfois, il n’arrive même pas » témoigne-t-il.
Incertitude
Plongé dans un doute depuis le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keita, les revendications des groupements syndicaux et le processus de recrutement des enseignants à la fonction publique ne bouge presque plus. Pour notre interlocuteur, les procès-verbaux sur leur situation sont toujours rangés dans les tiroirs.
Un autre enseignant communautaire, qui travaille dans la commune de Koursané, à quelques kilomètres de Kayes, affirme qu’il y a des écoles à quatre classes pour deux enseignants : le directeur et un enseignant. Il ajoute que le gouvernement de transition et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) avaient signé un procès-verbal de conciliation, le vendredi 5 février 2021.
Dans ce document, le gouvernement de transition s’était engagé à intégrer, dans la fonction publique, tous les enseignants des Écoles communautaires (ECOM) au plus tard, à l’ouverture prochaine des classes. « Nous sommes en attente et nous demandons aux autorités de transition de se pencher sur notre situation, car nous avons contribué et nous continuons à contribuer au développement du pays », plaide-t-il.
L’agacement des parents d’enseignants
Interroger sur les conditions de travail des enseignants communautaires, l’un des parents de ces enseignants, la soixantaine et vivant à Kayes, n’a pas tardé à réagir, pour, dit-il, ne pas compromettre la sécurité de son enfant. « Je ne comprends pas du tout la situation de mon fils. Après huit ans de service dans un village du cercle de Macina, il ne peut pas prétendre à une mutation nationale. Pire, il est obligé de rester parce qu’il est enseignant communautaire. Ce n’est pas du tout sérieux de la part du gouvernement », s’indigne-t-il
Il demande également une collaboration entre les acteurs de l’école, plus particulièrement les Comités de gestion scolaire (CGS), l’Association des parents d’élèves (APE) et les syndicats des enseignants qui sont plus proches de leurs collègues communautaires.
Au Mali, les écoles en milieu rural ont tendance à être fermées à cause du manque d’enseignants et leur intégration incertaine. Beaucoup de ces écoles fonctionnent à minima, faute d’un effectif suffisant d’enseignants relevant de la fonction publique et des enseignants communautaires. Vu que ces derniers ne sont pas dans de meilleures conditions de travail, ils abandonnent l’enseignement pour d’autres activités afin de faire face aux charges familiales.
Source: benbere