Des travailleurs humanitaires, des militaires, mais aussi et de plus en plus des représentants de l’État, sont les cibles privilégiées des preneurs d’otages. Véritables monnaie d’échange pour les ravisseurs, ils connaissent des sorts différents. Si les autorités restent discrètes sur la question, les proches des victimes veulent se mobiliser pour inverser cette tendance.
Dans un communiqué, le 22 juin 2020, le Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC) et le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT) ont appelé leurs militants à se replier vers les zones sécurisées, face aux multiples attaques dont ils font l’objet.
Une demande légitime, selon eux, face au risque grandissant pour leurs membres dans l’exercice de leurs fonctions et surtout en l’absence de réponses adéquates.
« Depuis 2018, l’insécurité visant les représentants de l’État croît et se manifeste par diverses formes d’agressions, notamment des enlèvements, assassinats ciblés, saccages de bureaux et domiciles et même maintenant procès intempestifs à connotation politique », relève M. Christian Ousmane Diarra, Secrétaire général du SYNAC.
Ces menaces se sont multipliées à la faveur des élections législatives, en mars et avril 2020, « suite à la multiplication des candidatures d’éléments des groupes armés ».
« Lors des élections, nous avons recensé appels ou sms de menaces de mort. 5 tentatives d’enlèvement ont échoué et 3 cas ont réussi (Préfet de Gourma-Rharous, le 2 mai et le 15 juin les sous-préfets central de Diré et de Dangha).
Manque de considération ?
Déplorant l’absence de réaction de l’État, le SYNAC estime même qu’il y a un « manque de considération » de sa part.
Si le préfet de Tenenkou, M. Makan Doumbia, a été libéré après 9 mois de captivité « suite aux négociations de l’État », les sous-préfets de Hombori, Tilemsi et Diré ont été libérés grâce à l’intervention de collègues et celui de Dangha n’a eu la vie sauve que grâce à un mensonge sur son identité. Le préfet de Farako, depuis décembre 2019, et celui de Gourma-Rharous sont encore aux mains de leurs ravisseurs.
En dehors de ces agents de l’État, les travailleurs des ONG sont aussi les cibles de ces enlèvements. « Ce ne sont pas toujours des rançons qui sont exigées », mais des échanges de prisonniers, pour des groupes armés qui se sont professionnalisés dans le domaine, témoigne Oumar Cissé, membre du collectif qui avait œuvré pour la libération d’Amadou Ndjoum (agent de l’INPS), libéré en septembre 2017 après plus de 4 mois de captivité.
Des groupes armés et même du banditisme face auxquels l’État doit prendre ses responsabilités et garantir la sécurité de ses agents, condition du retour de ces derniers dans leurs postes respectifs.
Fatoumata Maguiraga