Agé à peine de 42 ans et vu aux cotés des ex-putschistes aux premières heures du coup d’Etat du 22 mars 2012, Moussa Sinko Coulibaly, voilà l’un des rares ministres sortis des « entrailles » de l’ex-junte et qui continue de jouir d’une certaine sympathie au niveau de la population. Il vient de conduire avec brio le processus électoral qui s’est soldé par l’élection démocratique d’un président de la République et des 147 députés à l’Assemblée nationale.
Serein, imperturbable et ayant la tête sur les épaules, ce jeune ministre a su imposer sa marque lors de la transition pendant laquelle, il occupait le portefeuille de ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire. Le département en charge de l’organisation des élections.
Ce jeune ministre a réussi, avec les structures chargées des élections (DGE, CENI…), à organiser avec succès l’élection présidentielle, alors que d’aucuns pronostiquaient sur l’impossibilité d’organiser une élection dans les conditions dans lesquelles le pays se trouvait : la guerre contre les narcotrafiquants, terroristes et djihadistes qui se déroulait au nord. Mais aussi, l’équation de la ville de Kidal où les rebelles touaregs règnent toujours en maitres pendant que l’armée est cantonnée dans un périmètre qu’elle est interdite de franchir.
Il a réussi à organiser cette élection qui a enregistré un taux de participation record au Mali. Même si un couac a failli embrumer tous les efforts qu’il a déployés dans l’organisation de cette élection.
En effet, lors de la proclamation des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle, devant les cameras des journalistes venus du monde entier, Moussa Sinko Coulibaly a malencontreusement laissé entendre que « si les tendances se confirmaient, il n’y aurait pas de second tour ». Une déclaration qui a été sujette à toutes sortes de critiques et de commentaires, surtout de la part du camp de Soumaïla Cissé, candidat de l’URD et donc, l’un des grands favoris de cette élection.
Ce qui avait d’ailleurs conduit certains à demander, purement et simplement, la démission du ministre Moussa Sinko Coulibaly dont la déclaration était perçue comme « la confirmation de son soutien à Ibrahim Boubacar Keita »pour qui les tendances étaient favorables.
Bien que critiqué vertement, le jeune ministre a gardé sa tête sur ses épaules et est resté imperturbable jusqu’au second tour de l’élection dont il a aussi réussi l’organisation. Tout compte fait, l’erreur est humaine, explique l’un de ses collaborateurs.
Cette élection qui s’est soldée par l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta a été saluée aussi bien par les observateurs nationaux qu’internationaux qui ont tous reconnu le bon déroulement de ses deux tours.
Fort de cette situation, Ibrahim Boubacar Keïta, après son investiture va lui renouveler sa confiance lors de la formation de son premier gouvernement en le reconduisant à son poste.
Donc, pour parachever le processus électoral qu’il conduit depuis la transition.
Et Moussa Sinko Coulibaly a réussi l’organisation du premier tour des élections législatives le 24 novembre et le second tour du 15 décembre qui se sont soldés par l’élection des 147 députés de l’Assemblée nationale du Mali.
Mais, par ces temps qui courent, et depuis l’arrestation de Amadou Haya Sanogo, l’ex-junte est dans la tourmente et nombreux sont ses membres qui ne dorment plus que d’un œil. Car le juge en charge du dossier entend conduire cette instruction jusqu’au bout afin que la lumière soit faite sur l’affaire dites des bérets rouges. Et que les responsables soient punis.
Moussa Sinko Coulibaly, ce jeune Colonel nommé à titre exceptionnel Général de Brigade doit beaucoup à son mentor Amadou Haya Sanogo. Mais, sera-t-il entendu aussi par le juge Yaya Karembé ? C’est la question qui taraude l’esprit des uns et des autres.
Mais pour l’un de ses proches qui a requis l’anonymat, ce « ministre, même s’il est issu de l’ex-CNRDRE a pris sa distance avec Kati depuis fort longtemps et consacré toute son énergie pour l’organisation de l’élection présidentielle et n’a rien à voir avec cette affaire dite des bérets rouges ».
Mieux, ajoute t-il « Moussa Sinko Coulibaly est serein et n’a rien à se reprocher. D’où la confiance placée en lui par le président de la République en le maintenant au poste qu’il occupait lors de la transition ».
Georges Diarra