Malgré les Buffalo, SOUVIM 2 et autres brouilleurs embarqués, les IED restent l’ennemi numéro un des soldats français déployés au sein de l’opération Barkhane. C’est dans ce contexte d’urgence que la DGA vient de lancer un nouvel appel d’offres pour l’acquisition de systèmes de détection de fils conducteurs d’électricité « dans le cadre de la lutte contre les engins explosifs improvisés visant les forces françaises déployées en opérations », révélait la plateforme BOAMP le 24 février.
Mesure d’urgence ou hasard du calendrier, il est en tout cas difficile de ne pas relier cet appel d’offres et l’explosion, le 21 février, d’un IED au passage d’un VBL français dans la région de Menaka (Mali). L’attaque, revendiquée par le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), avait alors provoqué la mort d’un maréchal des logis-chef et d’un brigadier-chef du 1er régiment de Spahis de Valence. Cette nouvelle attaque, non seulement prouve à nouveau la sophistication croissante des moyens engagés par les GAT, mais confirme également la récurrence d’un mode opératoire privilégiant le ciblage de véhicules sanitaires ou de commandement.
Pour l’heure, l’appel d’offres ne mentionne qu’un seul chiffre : le besoin exprimé s’élève à 326 détecteurs, une quantité « donnée à titre indicatif » et donc susceptible d’évoluer à la hausse. Selon la DGA, les systèmes requis devront pouvoir être portés et mis en œuvre par un seul soldat, et permettront « la détection de fils conducteurs d’électricité potentiellement enterrés ».
Ces détecteurs devraient logiquement être confiés aux unités de génie, chargées de la lutte contre les IED au Mali. Ils permettront de déceler la présence de fils électriques, élément commun à la quasi-totalité des explosifs improvisés. De nombreux systèmes du genre existent déjà, certains étant capables de repérer un câble dans un rayon de 50 mètres et enterré à 20 cm. De quoi apporter une nouvelle corde à l’arc des troupes du génie qui, actuellement, misent principalement sur le duo détecteur de métaux-chien renifleur pour la détection débarquée.
Cet appel d’offres n’est qu’un exemple du « combat technologique » mené par la France et censé contribuer à remporter une véritable « guerre des nerfs ». La poursuite d’un ennemi imprévisible et invisible, susceptible de se cacher dans n’importe quel objet du quotidien, dans un environnement lui-même hostile est en effet synonyme d’angoisse permanente pour les soldats français. Cette blessure psychique, indétectable et insidieuse, s’installe lentement pour ensuite favoriser l’apparition d’un état de stress post-traumatique (ESPT). Ainsi, de 2009 à 2015, le nombre d’ESPT a augmenté de 26%, précise un rapport du Haut comité d’évaluation de la condition militaire publié en novembre 2017.
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