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Opérations en Afrique : Paris veut faire payer ses partenaires européens

Engagée dans plusieurs opérations militaires coûteuses en Afrique, la France va tenter de convaincre ses partenaires de créer un fonds européen destiné à financer les interventions d’urgence dans les pays en crise, lors du Conseil européen des 19-20 décembre.

jean yves le drian militaire francais

Si elle ne devrait pas atteindre les 650 millions d’euros qu’a coûté Serval au Mali en 2013, l’opération Sangaris en Centrafrique pourrait à son tour faire exploser la facture. Et la France, condamnée à tailler dans les programmes militaires et à rogner les effectifs des armées en période de crise, ne veut plus assumer seule les dépenses.

“L’Europe fait beaucoup, mais elle le fait ponctuellement. Il faudrait un fonds européen permanent, pas un fonds par opération”, a plaidé jeudi depuis le Brésil où il était en déplacement, le président François Hollande, qui demandera lors de la réunion de Bruxelles aux Européens de partager les frais.

“Il ne s’agit pas qu’on soit la force armée et qu’on demande à être payé, on n’est pas les mercenaires, ni les gendarmes de l’Europe”, a affirmé François Hollande.

Dès l’intervention franco-britannique en Libye en 2011, les critiques se sont élevées en France pour dénoncer l’apathie des Européens, qui refusent de s’engager militairement pour défendre la sécurité commune.

Un fonds européen permanent permettrait de financer les interventions d’urgence jusqu’à ce qu’elles basculent sous statut d’opérations de maintien de paix des Nations unies, et bénéficient dès lors des crédits de l’ONU.

Si Paris aura du mal à convaincre ses partenaires dans un domaine, l’Europe de la défense, où les avancées sont souvent millimétriques, les Européens semblent disposés à accompagner financièrement les interventions militaires dès lors qu’on ne leur demande pas d’envoyer des troupes au sol.

Ainsi Berlin, Bruxelles et Londres ont promis une aide en transport aérien de troupes et matériels pour la Centrafrique, et l’UE a décidé de débloquer 50 millions d’euros supplémentaires pour appuyer la montée en puissance de la force africaine qui doit prendre à terme le relais des Français.

Bâtir une vraie Europe de la Défense

Pierre angulaire de cette Europe de la défense souvent qualifiée de “coquille vide”, Paris veut bousculer ses partenaires.

“S’il y a une réflexion à avoir d’urgence, c’est sur le concept de groupement tactique. Comment l’utiliser à bon escient dans le cadre d’une relation entre l’Europe et l’Afrique qu’il faut remettre à l’ordre du jour”, a estimé mercredi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Ebauche d’une force de réaction rapide européenne, les GTUE (Groupements tactiques de l’UE) existent sur le papier mais n’ont jamais été mobilisés pour répondre aux situations d’urgence. Faute à un manque de volonté politique commune et à un mécanisme lourd qui nécessite l’accord des 28 membres de l’UE avant toute action.

“Chacun a pu constater, y compris dans la situation en RCA, que les GTUE ne sont pas au rendez-vous”, s’agace Jean-Yves Le Drian.

Aucune décision ne devrait être prise les 19-20 décembre à Bruxelles, mais Paris pousse pour que le dossier “soit traité rapidement”.

La France espère en revanche des avancées, dans plusieurs domaines. En premier lieu, une plus grande implication des européens pour aider les pays du Sahel à contrôler leurs frontières. Il ne s’agit pas, fait-on valoir, uniquement d’une question militaire, mais de lutte contre tous les trafics et de contrôle des flux migratoires. Autre “point majeur”, la mise en oeuvre d’une stratégie européenne de sécurité maritime, pour lutter contre l’immigration clandestine et la piraterie au large de la Somalie ou dans le golfe de Guinée.

Sans oublier deux secteurs capacitaires dans lesquels les armées françaises ont montré leurs limites lors des opérations en Libye et au Mali : le transport militaire aérien et le ravitaillement en vol. La mise en oeuvre d’une flotte européenne d’avions ravitailleurs et l’extension du dispositif EATC (European air transport command), basé sur le partage des appareils de transport, seront au menu des discussions de Bruxelles.

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