Le mardi 5 février dernier, les éléments de la BSI, dans le cadre de l’opération coup-de-poing déclenchée depuis environ deux semaines suite à la série d’assassinats et de braquages dans la capitale, ont fait une descente musclée à la «Gare de Guinée», sise à Sebenikoro, dans la Commune IV du District de Bamako. Cependant, rien ne justifie cette manière par laquelle des policiers en mission officielle se sont permis de filmer puis poster les images des mêmes bêtises sur les réseaux sociaux. Ces images humiliantes, qui n’honorent aucun chef de famille n’honorent pas non plus l’image de marque de la police malienne. À vrai dire, nos policiers n’y ont pas su agir avec professionnalisme. Toutefois, faut-il noter, certains commerçants du coin se sont réjouis de l’opération.
Connu, pour certains comme un milieu de gangs et de bandits dans presque toutes les gares de nos centres-ville, ce lieu ne cesse d’être le théâtre d’opérations quotidiennes de délinquants et drogués en provenance de tous les horizons contre les honnêtes citoyens. Il s’agit de l’Auto-gare de Guinée autrement appelée «Guinée Place», sise à Djicoroni-Para, légèrement dans la zone AC2000 qui a été envahie, le mardi 5 février dernier, par les agents de la BSI. L’objectif était connu et partagé. Car, ce serait pour nettoyer ledit lieu des personnes malintentionnées. «On a été informé que c’est contre les malfaiteurs et les bandits qui rendent la vie d’ici très dure. J’étais ici. On a fait les fouilles devant mes yeux et moi-même j’ai été fouillé. L’opération était vraiment opportune, car les malfaiteurs nous fatiguent ces derniers temps», a apprécié un commerçant dudit lieu. Cette intervention, selon nos informations, a permis l’interpellation d’une dizaine d’individus mal intentionnés en possession de médicaments illicites, des cigarettes de contre façon, de chanvre indien, de tramadoles et de drogues. «L’opération est à saluer. Qu’ils continuent ainsi afin que les braquages se cessent. Nous saluons vraiment nos autorités pour la lancée de ces interventions», renchérit un autre commerçant de ladite gare.
Par ailleurs, même si après le contrôle tous ceux qui avaient des pièces (carte d’identité, passeport, carte NINA) ont été libérés, c’est une tendance propagandiste. Car, rien ne justifie la mise de la vidéo de l’opération sur les réseaux sociaux. C’est surtout ce qui n’a pas été jugé professionnel par les internautes et également par les commerçants dudit lieu questionnés sur le sujet. «Ce n’est pas du fait qu’il y a eu des fouilles ou de l’opération. J’ai été fouillé comme les autres. Mais c’est le fait de publier ces images sur le net qui ne m’a pas plu. Je n’ai pas vraiment apprécié çà. C’est une humiliation », a déploré un vendeur du lieu.
Sur la toile, la vidéo de la scène fait de vifs débats. On y entend une voix qui dit: « Je suis en opération avec la police». Toute chose qui prouve à suffisance que la publication de ladite vidéo sur les réseaux sociaux est loin d’un fait hasard. Ce n’est non plus tombé du ciel. Elle semble bien planifiée et ordonnée. Par qui alors ? La réponse est à vous !
En tout état de cause, ce qui s’est passé est loin d’être professionnel ni dans un cadre légal. Le seul objectif est de se faire du renom surtout en ces temps où le spectre d’un remaniement ministériel profile à l’horizon.
Les musulmans, eux aussi, projettent un grand meeting pour faire le point des choses. Cela ne veut-il pas dire tout ce que ça veut dire ? Alors pour notre cher régime, le temps n’est plus à perdre. On se rachète et on s’en fout même si cela portait atteinte à la dignité des pauvres citoyens. «Je déplore le caractère propagandiste, ignoble et illégal, de cette opération qui montre en face du monde des chefs de famille présumés innocents maltraités et humiliés comme des vulgaires bandits et crapules. Le Ministre Salif Traoré a-t-il une idée du calvaire, de la déception, du sentiment d’humiliation qui animeront les membres de ces familles qui verront leurs pères et mères innocents, violentés de la sorte ? », s’est emporté un internaute avant d’inviter les autorités maliennes en général et celles en charge de la sécurité en particulier d’arrêter avec ces débâcles qui humilient le Droit au profit de l’ambition personnelle. «C’est incroyable ! Qu’ils aillent faire pareil à Dioungani, à Baye, à Dangaténé, à Alata, à Douentza, à Kidal et dans d’autres localités du pays où les bandits armés règnent en maître absolu depuis plusieurs années. Ils ne savent pas qu’avec ce rythme ils vont finir par faire révolter nos amis et voisins qui nous soutiennent dans cette phase difficile pour notre pays ? Faire sortir quelqu’un de sa boutique en pleine journée, le mettre à terre sans rien lui reprocher, le filmer et ensuite publier la vidéo sur les réseaux sociaux, ensuite exiger une somme de 10000 FCFA pour l’autoriser à se relever du sol. C’est quel système de sécurisation ? C’est quelle police ou quelle hiérarchie ?», s’est indigné un autre internaute avant de rajouter que la présomption d’innocence doit être la règle d’or pour toutes opérations de sécurisation.
Pour un effectif de 1025 éléments de la police nationale, de la gendarmerie nationale et de la garde nationale, l’opération Commando autrement appelée l’Opération Coup-de-poing ne saurait signifier humilier les innocents citoyens. L’opération de la police doit rester dans le cadre de la sécurisation avec respect du droit à la présomption d’innocence. Depuis son lancement, ladite opération a permis, selon un communiqué du Département en charge de la Sécurité, l’interpellation de 1312 personnes dont 62 étaient déjà recherchées par la justice. 471 engins à deux roues pour vérification, 38engins à quatre roues pour vérification, 57 PA, 26 fusils de chasse et des quantités importantes d’armes blanches et de munitions ont été saisis et qui s’ajoutent à plus de 500 briques de chanvre indien, des comprimés de tramadol et de la cocaïne. D’autres infractions, selon toujours le même communiqué, ont été également constatées telles qu’usurpation d’identité et de fonctions, détention illégale d’armes, vente et consommation de stupéfiants, vols et braquages à main armée et vagabondage sexuel à visages découverts.
Seydou Konaté : LE COMBAT