L’existence du Mali est menacée depuis des années par une crise multidimensionnelle. Pour sortir le pays de l’abîme, les pouvoirs publics ont lancé un processus de dialogue national inclusif qui réunira tous les acteurs de la vie publique autour d’une table afin de discuter des problèmes du Mali et envisager par la suite des solutions.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a procédé le mardi 25 juin à l’installation du triumvirat chargé de conduire le processus du dialogue national inclusif.
Mais voilà que le processus connaît déjà des ratés et suscite de nombreux doutes. Les plus sceptiques pensent qu’il est mort-né. D’abord, le caractère inclusif de ce dialogue est déjà mis à mal.
L’opposition et une partie de la société civile (à lire l’article sur Mme Sy Kadiatou Sow : la révision constitutionnelle est le principal motif de la prorogation du mandat des députés), qui ne sont surtout pas les moindres, n’ont été ni consultées sur le choix des membres du triumvirat, ni sur le contenu des termes à débattre lors du dialogue national inclusif.
Ensuite, la dernière sortie médiatique du président de la République. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, parue cette semaine, Ibrahim Boubacar Kéita tacle sévèrement Soumaïla Cissé, dont il ne cite jamais le nom.
«Il n’y a pas eu de crise postélectorale, mais la bouderie d’un seul homme, inconsolable de ne pas être entré au palais de Koulouba. Quelle que soit l’ampleur de son égo, il ne représente pas le sentiment des 20 millions de Maliens», a-t-il affirmé.
Des propos mal à propos et qui ne manqueront pas de faire réagir le chef de file de l’opposition. Ce qui pourrait entraîner une escalade verbale au moment où le pays a besoin d’une accalmie. Le président de la République devrait en tenir compte.
Abdrahamane Sissoko
Le Wagadu