Parti de rien, ce jeune congolo- américain, Omékongo, puisque c’est de lui qu’il s’agit s’est débrouillé pour réussir à atteindre son objectif à savoir celui de devenir grand rappeur et un célèbre poète. Cela à travers la motivation qui est selon lui, tirée de quatre mots clés que sont donner, libérer, vaincre la peur et réussir. Aujourd’hui, il s’est engagé à inculquer cette notion de motivation à la jeunesse africaine. Après avoir visité dix pays d’Afrique, l’artiste a mis le cap sur le Mali où il est arrivé à Bamako depuis le 09 juin dernier pour partager ses idées et ses valeurs. Marié et père de deux fillettes, ce jeune de la trentaine bien sonné, rêve de se produire en duo avec les artistes de renom comme le rossignole de la musique mandingue, Salif Kéïta, le couple Amadou et Mariam ou encore Master Soumi.
Bamako Hebdo : Merci de l’honneur que vous faites au magasine hebdomadaire, Bamako Hebdo, pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteur
Omékongo : Je m’appelle Omékongo, né aux Etats-Unis, de parents congolais. Ce qui fait de moi, un congolo-américain. Je fais du hip hop et de la poésie en français, anglais et souahili. Avec ce style, je voyage partout dans le monde pour inspirer les gens qui veulent vivre dans une vie meilleure.
Parlez-moi de votre parcours musical ?
La musique, je l’ai commencé très jeune. Actuellement, j’ai à mon actif six livres de poésie et sept albums de hip hop. C’est très important d’écrire des chansons qui véhiculent des messages forts tels que la guerre, l’éducation…. En un mot, des sujets que les jeunes ne débattent pas trop. C’est ma contribution en tant que personne soucieuse de ses semblables.
Pourquoi le rap, est-ce pour exprimer un sentiment ou c’est juste par passion ?
Les deux, parce qu’au-delà de la passion, je me dis que le hip hop est le meilleur moyen de se faire entendre. Ce genre musical est connu et pratiqué partout dans le monde plus particulièrement dans le milieu des jeunes. Alors, le fait d’emprunter ce style et aussi écrire quelques poèmes n’est que formidable pour se faire entendre.
Le début de votre carrière a-t-elle été facile ?
Pas du tout. Je me suis révélé au grand public à la même année que le mouvement rap faisait un boum aux Etats-Unis. Au tout début, ce n’était pas facile car j’ai rencontré beaucoup de problèmes notamment avec les langues et aussi pour comprendre les maux qui gangrènent nos sociétés. Armé de courage, je travaillais jour et nuit pour pouvoir surmonter ces épreuves dont le couronnement a été les sept albums et les livres de poésie que j’ai réalisés.
Qu’est-ce qui nous vaut l’honneur de cette visite au Mali ?
Je suis là pour une semaine au compte du département américain, c’est-à-dire l’ambassade. Au cours de cette semaine, je vais rencontrer les jeunes pendant la journée pour leur donner des cours sur la motivation pour qu’ils réussissent dans ce qu’ils entreprennent. Quel que soit le domaine dans lequel ils évoluent, qu’ils se disent qu’ils peuvent réussir et qu’il le faut nécessairement.
Pour ce faire, je fonde mon combat sur quatre mots essentiels que sont donner, libérer, vaincre la peur et réussir. Chaque soir, je travaille avec les promoteurs d’ONG et les associations pour les aider à réussir dans leur travail de développement.
Quelle sera la suite logique de cette semaine bien chargée au Mali ?
Je vais si tout va bien essayer de revenir encore au Mali pour suivre la suite logique de ces travaux entrepris avec les organisations et ONG partenaires de l’Etat américain à travers l’ambassade.
Est-ce que c’est votre première visite au Mali ?
Oui, mais c’est quand même le 11e pays africain que je visite. Et partout où je suis allé, j’ai été émerveillé par la richesse des cultures rencontrées. Au Mali, j’ai eu de bonnes impressions, les gens sont accueillants et simples. Malgré la pauvreté qui frappe certains, ils arrivent néanmoins à garder le sourire. Je pense que je reviendrais volontiers dans ce pays un jour.
Vous n’êtes pas sans savoir que ce pays est plongé dans une crise qui s’est imposée à lui depuis l’année dernière. Alors, que vous inspire cette situation et quelle note d’espoir pouvez-vous adresser au peuple malien ?
C’est triste et déplorable. Mais il faut que ce soit le peuple qui dirige le pays. J’ai remarqué que les maliens ont un sens de patriotisme très élevé, ce qui est un bon outil de bonne gestion. Je voudrais dire à mes frères et sœurs de garder l’espoir car cette situation prendra fin mais avant il faut que chacun y joue sa partition. Ce pays a une grande histoire, raison pour laquelle cette situation ne peut durer éternellement. J’en suis convaincu.
Depuis quand remonte votre première visite dans votre pays d’origine et c’était à quelle occasion ?
Oh, c’était il y a bien longtemps et je n’avais que 22 ans lorsque j’ai visité la RDC pour la première fois. Je suis allée comme volontaire sur initiative de mon université au camp de réfugiés et blessés de guerre pour les porter secours.
Selon vous, que faut-il faire pour développer l’Afrique ?
Les Africains doivent se remettre en cause et essayer de développer ce continent en partant sur de bonnes bases.
Que pensez-vous de la musique aujourd’hui, si nous voyons qu’elle est sur le chemin de perdre ses lettres de noblesse, surtout le hip hop qui ne traite que des sujets liés au sexe, la drogue ou l’argent. Pourquoi cette tendance ?
La musique est très importante. Cependant, elle souffre aujourd’hui de ce qu’on appelle la mode que beaucoup n’ont pas compris.
Nombreux sont ceux qui font de la musique uniquement pour gagner de l’argent, ils n’en font pas leur cheval de bataille pour faire passer des messages. Ce qui est déplorable, parce que pour faire la musique, il faut d’abord être un passionné de cet art. D’ailleurs, on ne peut attirer l’attention de l’opinion si on ne dénonce pas les mauvaises choses. Mais si tout le monde tourne son clip avec des femmes, ne parlant que d’argent et de drogue, sans dénoncer les maux dont souffrent nos sociétés, la situation n’est prête de changer pour bientôt.
Si on vous demandait, avec quel artiste malien, voudriez-vous vous produire en duo, que répondrez-vous?
Sans hésitation avec Salif Kéita, qui est l’un des premiers musiciens africains que j’ai connu. Ensuite Amadou et Mariam avec qui, on a nos voix sur une cassette même si on ne l’a pas fait ensemble et enfin le rappeur Master Soumi que j’ai trouvé génial dans un style propre à lui.
Allez-vous animer un concert lors de votre séjour ?
Avec la situation actuelle du pays, non. Mais avec Master Soumi, je vais jouer samedi prochain dans la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis. Déjà, je vois ce que ce mélange de style peut donner. Ce serait tout simplement génial, je pense.
Quel est votre plat préféré
Du poulet avec du riz
Quel plat malien vous a le plus plu ?
Je n’ai pas encore eu l’occasion de goutter aux délices maliens, mais je pense que ça va venir d’ici mon départ. Déjà, je pense que je vais adorer.
Réalisée par Fatoumata Mah Thiam Koné